- Source : Ifri
Le 1er mars 2016 aura lieu aux États-Unis le « Super Tuesday » durant lequel une dizaine d'États voteront aux primaires des partis républicain et démocrate en vue de l’élection présidentielle américaine (qui aura lieu le 8 novembre 2016). Jusqu’ici, la campagne a davantage porté sur les problématiques de pouvoir d’achat et d’immigration que d’énergie. Les États-Unis ont pourtant connu ces dernières années une révolution énergétique avec l’exploitation de leurs hydrocarbures non conventionnels.
Dans cette étude publiée par le Centre Énergie de l’Ifri, Sophie Méritet et Stéphanie Monjon rappellent l’évolution de la situation énergétique américaine et les politiques mises en œuvre lors des deux mandats de Barack Obama. Le Président a notamment souhaité jouer un rôle central dans la lutte contre le changement climatique dès le Sommet de Copenhague en 2009 peu de temps après son élection (alors que le Protocole de Kyoto n’avait jamais été ratifié par le pays) et davantage encore lors de la dernière Conférence Climat à Paris (COP21).
Les hydrocarbures non conventionnels, « game changer »
Pour rappel, plus de 86% de la consommation primaire d’énergie aux États-Unis est encore satisfaite par les énergies fossiles en 2014. Ce pays compte pour près de 18% de la consommation mondiale d’énergie alors qu’il ne constitue que 4,3% de la population mondiale. Pour satisfaire ses besoins, les États-Unis ont compté de manière croissante sur les importations durant la 2e partie du XXe siècle : leur « dépendance énergétique » est ainsi passée de 5% en 1960 à 30% en 2009 (et 60% pour le seul pétrole).
Les hydrocarbures non conventionnels (en particulier le gaz et le pétrole de schiste) ont changé cette donne et les États-Unis sont, grâce à leur exploitation, devenus les premiers producteurs mondiaux de gaz naturel en 2009 ainsi que de pétrole et autres hydrocarbures liquides en 2014. En décembre 2015, les États-Unis ont en outre levé l’interdiction d’exporter du pétrole brut, mettant fin à cet embargo de plus de 40 ans.
Les politiques de réduction des émissions de gaz à effet de serre
L’utilisation accrue du gaz naturel en substitution au charbon et le renforcement progressif des normes en matière de consommation de carburant dans les transports ont permis aux États-Unis de réduire leurs émissions de gaz à effet de serre lors des dernières années. La promotion de l’efficacité énergétique (par exemple, via des normes sur les appareils électroménagers ou dans les bâtiments) et le soutien du développement des énergies renouvelables (crédits d’impôt à l’investissement et à la production) ont également tenu une place importante dans la politique de Barack Obama.
Les politiques énergétique et climatique varient toutefois encore beaucoup d’un État américain à un autre. Citons parmi d’autres l’action de la Californie, deuxième État le plus émetteur de gaz à effet de serre (un peu moins de 7% des émissions nationales) après le Texas (13%), qui ambitionne de réduire ses émissions de 80% en 2050 par rapport au niveau de 1990 et qui a déjà réduit ses émissions de 8,3% entre 2007 et 2013.
Quelles politiques fédérales après l’élection de novembre 2016 ?
Le « Clean Power Plan », finalisé en août 2015, offre un bon exemple de politique fédérale aux applications différentes selon les États : dans ce Plan, l’administration américaine a pour objectif de réduire les émissions nationales de CO2 des centrales électriques existantes de 26% en 2020 et de 30% en 2030 par rapport à leur niveau de 2005. Les objectifs diffèrent toutefois d’un État à un autre et ces derniers sont libres de mener les actions qu’ils souhaitent pour les atteindre : utiliser des sources d’énergie moins émissives, améliorer l’efficacité des centrales, réduire la demande d’électricité, etc.
En définitive, les mandats de Barack Obama auront été marqués par la recherche d'une réduction de l’empreinte carbone du pays mais aussi d’une plus grande indépendance énergétique grâce à la révolution des hydrocarbures non conventionnels. Les auteurs rappellent que la question climatique constitue un point de divergence important entre Républicains et Démocrates et que l’issue de l’élection présidentielle de 2016 sera « déterminante pour pérenniser l’action amorcée par l’administration Obama ».