Plateforme pétrolière offshore de Peregrino au Brésil. (©Equinor-Ole Jørgen Bratland)
Les producteurs de pétrole réunis au sein de l’OPEP+ sont parvenus à un accord « historique » mais la baisse annoncée de leur offre reste loin de compenser la chute de la demande au niveau mondial. État des lieux.
Un effondrement de la demande de pétrole en période de confinement
Au mois d’avril 2020, la consommation mondiale de pétrole pourrait être inférieure de 29 millions de barils par jour (Mb/j) au niveau d’avril 2019 selon l’AIE. Dans son Oil Market Report publié le 15 avril(1), l’Agence envisage « une reprise progressive » mais lente de la demande au cours du 2e semestre 2020 (avec une consommation en décembre 2020 toutefois encore inférieure de 2,7 Mb/j à celle de décembre 2019 selon les prévisions de l’AIE).
Sur l’ensemble de l’année 2020, l’AIE estime que la consommation de pétrole pourrait être inférieure de 9,3 Mb/j au niveau de 2019.
Une baisse de la production de l'OPEP+ insuffisante
Les pays réunis au sein de l’OPEP+ se sont entendus le 12 avril pour réduire de 9,7 Mb/j leur production cumulée entre le 1er mai et le 30 juin 2020 par rapport au niveau d'octobre 2018 (sauf pour l'Arabie saoudite et la Russie, pays pour lesquels la production « de référence » est fixée à 11 millions de barils par jour). Dans son tableau de bord pétrolier publié le 16 février(2), IFP Énergies nouvelles note toutefois que cet engagement « correspond à une baisse réelle de 7,5 Mb/j (hors Iran, Libye, Venezuela) » par rapport au niveau de février 2020, un effort « notoirement insuffisant » face à la chute de la demande(3).
L’OPEP+ prend comme valeur de référence une production de 43,85 Mb/j pour les 20 pays engagés par l’accord (en excluant l’Iran, la Libye et le Venezuela qui sont exemptés de toute réduction). L’AIE évalue la production cumulée de ces 20 acteurs à 42,21 Mb/j au mois de mars 2020 (elle pourrait même monter à 44,84 Mb/j en avril 2020 avec la hausse prévue de l'offre saoudienne, qui pourrait atteindre 12 Mb/j ce mois-ci avant de chuter à près de 8,5 Mb/j pour se conformer à l’accord de l’OPEP+).
Un recours massif au stockage
Au niveau mondial, l’AIE estime que la production de pétrole pourrait chuter de 12 Mb/j entre les mois d’avril et mai 2020, suite à l’accord de l’OPEP+ et compte tenu de la situation compliquée d’autres producteurs, aux premiers rangs desquels les États-Unis(4) et le Canada (l’AIE envisage une chute de la production de ces pays hors OPEP+ d’« environ 3,5 Mb/j dans les prochains mois »)(5).
IFP Énergies nouvelles estime que les excédents cumulés de pétrole entre avril et juin 2020 pourraient avoisiner 1,4 milliard de barils (Gb) au niveau mondial. « Cela signifie que les capacités de stockage disponibles, estimées entre 0,9 et 1,8 Gb, seraient soit insuffisantes, soit saturées », précise l’organisme dans sa note du 16 avril. Face à cette situation, l’AIE indique que « 4 pays (Chine, Corée du Sud, États-Unis, Inde) ont mis leurs capacités de stockages stratégiques à disposition de l’industrie pour stocker temporairement les barils indésirables ou envisagent d’augmenter ces stocks stratégiques pour profiter des prix bas ».
L’AIE estime que le marché pourrait « commencer à réduire l’important excédent » de pétrole à partir du 3e trimestre 2020(6).