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Face à l’effondrement des cours du brut dans le contexte de l’épidémie de Covid-19, les grands exportateurs de pétrole se sont réunis pour s’accorder sur une baisse de leur production. Qu’en ressort-il ?
9 avril 2020 : accord de réduction de l’OPEP+... suspendu au Mexique
Les 13 pays membres de l’OPEP et 10 autres producteurs dont la Russie (groupe communément qualifié d’« OPEP+ ») se sont réunis par vidéoconférence le 9 avril. Selon le communiqué publié à l’issue de cette rencontre(1), ces pays s’accordent pour réduire leur production cumulée de pétrole brut, par rapport au niveau de production d’octobre 2018 (sauf pour l’Arabie saoudite et la Russie, pays pour lesquels la production « de référence » est fixée à 11 millions de barils par jour), dans les conditions suivantes :
- une baisse de 10 Mb/j entre le 1er mai et le 30 juin 2020 (mise en oeuvre pour moitié par l'Arabie soudite et la Russie et pour moitié par les autres producteurs de l'OPEP+) ;
- puis une remontée progressive de la production équivalant, par rapport au niveau de référence, à une baisse de 8 Mb/j au second semestre 2020 et à une baisse de 6 Mb/j au cours des 16 mois suivants, soit entre le 1er janvier 2021 et le 30 avril 2022.
Cet engagement de l’OPEP+ est toutefois « conditionné à l’acceptation du Mexique » qui a refusé lors de la réunion du 9 avril de s’engager à une forte réduction de sa propre production(2).
10 avril 2020 : soutien des États-Unis à l'effort mexicain et réunion du G20 Énergie
Bien que qualifié par certains de baisse « historique », l'engagement de l'OPEP+ n'est pas en mesure de compenser la baisse actuelle de la demande mondiale. Une « réduction de la production mondiale entre 10 et 15 Mb/j […] semble totalement insuffisante face à une baisse de la demande estimée entre 15 et 25 Mb/j, alors que les États-Unis commencent à être durement touchés par la pandémie », souligne IFP Énergies nouvelles (qui publie chaque lundi une analyse sur la situation des marchés pétroliers(3)).
La réunion des ministres de l'énergie du G20 ce 10 avril était à ce titre attendue avec impatience par les marchés. Au cours de la vidéoconférence, le Secrétaire d’État américain à l’Énergie, Dan Brouillette, a indiqué que la production américaine de pétrole, particulièrement affectée par la faiblesse des cours, pourrait chuter de « presque 2 Mb/j » cette année, certaines projections faisant état d’une chute bien plus drastique « supérieure à 3 Mb/j »(4).
Donald Trump a en parallèle confirmé(5) l'annonce mexicaine selon laquelle les États-Unis allaient aider le Mexique à respecter leur quota de production fixé au sein de l'OPEP+ (le président mexicain, Andrés Manuel Lopez Obrador, avait indiqué que son pays pourrait réduire de 100 000 b/j sa production pétrolière, avec une réduction supplémentaire des États-Unis de 250 000 - 300 000 b/j).
Le communiqué final du G20 Énergie publié le 11 avril(6) ne mentionne toutefois aucune baisse de réduction de la production pétrolière. « Nous nous engageons à prendre toutes les mesures nécessaires et immédiates pour assurer la stabilité du marché de l'énergie », y indiquent entre autres les ministres du G20.
12 avril 2020 : accord de l'OPEP+ entériné
L'OPEP+ a tenu une nouvelle vidéoconférence le dimanche 12 avril, suite à la réunion du G20 Énergie. Le communiqué final fait état d'un accord(7), les producteurs acceptant que le Mexique réduise son effort par rapport à la demande initiale.
La baisse de réduction globale est ainsi réajustée à :
- 9,7 Mb/j entre le 1er mai et le 30 juin 2020 (par rapport au niveau d'octobre 2018 sauf pour l'Arabie saoudite et la Russie) ;
- 7,7 Mb/j au second semestre 2020 par rapport au niveau de référence ;
- 5,8 Mb/j au cours des 16 mois suivants, soit entre le 1er janvier 2021 et le 30 avril 2022.
Une prochaine réunion de l'OPEP+ est prévue le 10 juin 2020.