Parmi les véhicules devant être rappelés par Volkswagen figurent des Golf, des Audi A3 ou encore des Passat. (©Volkswagen)
Le constructeur automobile a été accusé d'avoir délibérément nui à ses clients en installant à leur insu un logiciel faisant paraître leurs véhicules diesel moins polluants qu'ils ne l'étaient en réalité. Le scandale remonte à septembre 2015, quand le géant automobile allemand a avoué avoir équipé 11 millions de véhicules de ces logiciels. Le "dieselgate" a depuis coûté à Volkswagen plus de 30 milliards d'euros en frais juridiques, amendes et dédommagements, principalement aux États-Unis.
Retour sur l'affaire du Dieselgate
En septembre 2015, l’agence américaine de protection de l’environnement (EPA) a constaté que Volkswagen avait inséré un logiciel permettant de contourner les standards d’émissions en vigueur(1) sur près de 500 000 véhicules Diesel vendus aux États-Unis. Le groupe Volkswagen a depuis indiqué qu’environ 11 millions de voitures dans le monde étaient équipées dudit logiciel.
Conséquences pour les véhicules incriminés
Les véhicules incriminés devraient être rappelés par le groupe afin qu’ils soient « mis aux normes » (aux États-Unis, leurs émissions d’oxydes d’azote sont 10 à 40 fois supérieures aux normes en vigueur). Volkswagen a indiqué que la qualité de ces véhicules n’était « nullement remise en cause » par le logiciel. En revanche, elle sera affectée par la mise aux normes.
Les voitures concernées devraient en effet voir leurs performances baisser : leur consommation moyenne devrait augmenter(2), leur temps de réponse en cas d’accélération forte être allongé(3) et la durée de vie de leurs moteurs être potentiellement réduite. A ce jour, aucune donnée officielle n’a été communiquée à ce sujet mais les tests de revues spécialisées confirment cette diminution des performances.
L’implantation sur les véhicules concernés d’un dispositif de réduction catalytique sélective (RCS) permettant de réduire les émissions d’oxydes d’azote semble quasiment impossible(4). Il existe déjà sur ces véhicules d’autres systèmes de dépollution des NOX mais leur utilisation plus systématique devrait entraîner une surconsommation et un problème potentiel de durabilité comme indiqué précédemment.
Au-delà du front judiciaire, le scandale a accéléré le déclin du diesel et les voitures diesel risquent d'être bannies de plusieurs villes allemandes en raison de leur niveau de pollution en oxydes d'azote (NOx).
Dans ces conditions, quels conducteurs accepteront de ramener leurs véhicules pour qu’ils soient « mis aux normes » ? Aux États-Unis, des conducteurs refusant de voir leurs voitures « bridées » ont déjà fait part de leur intention de les conserver en l’état, quels que soient leurs impacts en matière de pollution.
Conséquences pour Volkswagen
Volkswagen a entamé des négociations pour solder à l'amiable le grand procès qui l'oppose à ses clients depuis fin septembre 2019 en Allemagne, l'une des nombreuses ramifications judiciaires du scandale des moteurs diesel truqués.
Les discussions ont été engagées avec la fédération de défense des consommateurs allemands (VZBV) pour mettre un terme au premier grand procès de consommateurs ouvert dans le cadre du dieselgate contre Volkswagen, via une procédure groupée créée en Allemagne en réaction à ce scandale. Près de 400 000 requêtes de consommateurs ont été déposées contre l'entreprise en Allemagne.
Volkswagen a notamment accepté de verser 127 millions de dollars australiens (79 millions d'euros) pour régler des procédures judiciaires collectives d'automobilistes australiens. Pour l'heure, le constructeur n'a payé en Allemagne que trois amendes d'un total de 2,3 milliards d'euros, mais reste sous la menace d'une cascade de procédures civiles et pénales.
Aussi, dans un procès engagé à l'automne 2018, des investisseurs réclament un dédommagement pour la chute spectaculaire du cours en Bourse de l'entreprise après l'éclatement du dieselgate.
Le patron Herbert Diess et le président du conseil de surveillance du groupe Hans Dieter Pötsch ont été renvoyés devant les juges pour manipulation de cours boursiers et l'ex-patron Martin Winterkorn pour "fraude".
Volkswagen tente de tourner la page en misant 30 milliards d'euros sur sa nouvelle gamme électrique pour "regagner l'estime de la société" selon Ralf Brandstätter, responsable de la marque VW.