Les plus hautes éoliennes de France, fournies par Enercon, seront mises en service fin 2017 sur la commune de Chamole dans le Jura. (©Enercon)
Le 15 juin a eu lieu la journée internationale du Vent qui a donné lieu à plusieurs manifestations en France, dont la visite du chantier du parc éolien de Chamole (Jura)(1). Présentation de ce site où vont s’élever les plus hautes éoliennes de France.
193 mètres en bout de pale
Construit par le groupe allemand Enercon, le parc éolien de Chamole sera composé de 6 éoliennes de 3 MW de puissance unitaire. Ces éoliennes, de modèle « E-115 »(2), auront des mâts de 135 mètres de haut, composés de 24 segments béton dans leur partie basse et de trois segments en acier dans leur partie haute. Au-dessus de ces mâts géants s’élèveront des rotors de près de 115 m de diamètre, chaque pale pesant près de 25 tonnes. Au total, les éoliennes culmineront à une hauteur de 193 m en bout de pale, ce qui en fera les plus hautes de France selon Enercon.
L’augmentation de la hauteur des éoliennes s’explique par la recherche de vents plus forts et plus réguliers. « On compte en moyenne une augmentation de production de 10% pour une tour plus haute de 10 m », indique Enercon. Au total, la production électrique attendue de ce parc est de 42 GWh par an (facteur de charge de 26,6%), soit l’équivalent de la consommation d’électricité hors chauffage d’environ 12 000 foyers selon le futur exploitant Intervent(3).
Enercon précise que les mâts des éoliennes ont été fabriqués dans son usine de l’Oise(4) tandis que les autres constituants (nacelles, rotors, etc.) ont été produits en Allemagne et transportés en partie par voie fluviale jusqu’à Strasbourg pour limiter les émissions de gaz à effet de serre (- 15% de CO2 par rapport à un transport routier selon Enercon).
Pas de phénomène Nimby pour ces géantes
L'investissement initial global lié au parc éolien de Chamole avoisine 32 millions d’euros(5). Après près de 7 années d’études, le projet a bénéficié d’un financement participatif : une société d’économie mixte (SEM), dite « Energies renouvelables citoyennes » a été créée pour financer l’une des six éoliennes du parc, qualifiée de « citoyenne ». Cette SEM réunit entre autres des collectivités locales, des partenaires privés et une quarantaine de clubs d’investissement (plus de 600 adhérents privés) eux-mêmes regroupés au sein d’une société coopérative d’intérêt collectif (« JURASCIC »). C’est probablement grâce à cette implication des acteurs locaux qu’ont pu être évitées les réactions d’opposition, de type Nimby, dans le village de Chamolle qui compte 137 habitants, précise Intervent.
Le parc éolien de Chamole disposera du dispositif d’obligation de rachat de sa production électrique par EDF (contrat signé en 2014) : l’électricité produite sera rachetée à un tarif de 84,3 €/MWh pendant 10 ans (puis à un tarif dégressif pendant 5 années supplémentaires)(6), précise Intervent. Le montant de la production électrique rachetée devrait ainsi avoisiner 3,5 millions d’années par an selon les données d’Intervent, ce qui permettrait de rentabiliser en près de 10 ans l’investissement initial dans le parc, dont la durée de vie est estimée à une vingtaine d’années.
Les travaux de ce parc ont débuté en novembre 2016 et « les chemins, câblages internes et fondations sont désormais terminés », indique Enercon. Reste à ériger les éoliennes géantes, la mise en service du parc étant prévue en décembre 2017. Depuis 2004, le groupe Enercon a déjà installé en France plus de 1 500 éoliennes, de 3 GW de puissance cumulée (24% de part de marché dans l’hexagone à fin 2016). D’ici à fin 2018, la PPE prévoit de porter à 15 GW la puissance éolienne terrestre installée en France métropolitaine (contre près de 11,7 GW à fin 2016(7)).
Transport de segment d'éolienne vers le parc éolien de Chamole (©Enercon)