Éolienne de 7 MW en cours d'installation sur le parc offshore de Fécamp. (©C. Beyssier/EDF Renouvelables)
Chiffres clés sur la production éolienne en France
La France comptait sur son territoire plus de 9 500 éoliennes, réparties entre 2 391 parcs à fin 2023 (dont 3 en mer)(1).
Évolution de la puissance éolienne installée
La puissance du parc éolien français était de 22 483 MW au 31 décembre 2023 (dont 22 403 MW d'éoliennes terrestres et 480 MW d'éoliennes offshore). Elle a plus que doublé au cours de la décennie (10 312 MW à fin 2015).
Au cours de l'année 2023, la puissance installée du parc éolien français a augmenté de 1,6 GW selon RTE (la puissance cumulée de ce parc a dépassé 24 GW en 2024 selon le gestionnaire de réseau).
À l'heure actuelle, la France compte 3 grands parcs éoliens en mer en service : Saint-Nazaire (80 éoliennes, mise en service en 2022), Saint-Brieuc (62 éoliennes installées en 2023 avec une mise en service progressive en 2024) et Fécamp (71 éoliennes, 2024).
Le parc éolien français est le 4e parc éolien en Europe en termes de puissance, derrière ceux de l’Allemagne, de l’Espagne et du Royaume-Uni.
Les capacités éoliennes offshore avoisinent 1 500 MW à fin 2024, suite à la mise en service du parc éolien de Fécamp en mai 2024. C'est en avril 2022 qu'avait été posée la première éolienne en mer posée de France, au large de Saint-Nazaire.
Le Paquet Énergie-Climat avait fixé pour objectif d'atteindre une puissance éolienne installée de 25 GW (dont 6 GW offshore) à l'horizon 2020, une barre qui n'était toujours pas atteinte à fin 2024.
Année | Capacités éoliennes installées (en GW) |
---|---|
2000 | 0,04 |
2001 | 0,07 |
2002 | 0,14 |
2003 | 0,22 |
2004 | 0,36 |
2005 | 0,69 |
2006 | 1,41 |
2007 | 2,22 |
2008 | 3,40 |
2009 | 4,58 |
2010 | 5,91 |
2011 | 6,76 |
2012 | 7,61 |
2013 | 8,16 |
2014 | 9,20 |
2015 | 10,30 |
2016 | 11,57 |
2017 | 13,50 |
2018 | 14,90 |
2019 | 16,43 |
2020 | 17,51 |
2021 | 18,74 |
2022 | 21,12 |
Production éolienne en France
D’après les données de RTE, les éoliennes du parc français ont généré 50,9 TWh d'électricité en 2023 (dont 48,9 TWh onshore grâce aux éoliennes terrestres et 1,5 TWh aux installations en mer).
C'est 12 TWh de plus qu'en 2022 (soit + 31%) et 29,7 TWh de plus qu'en 2015.
À jour en mars 2024 - Source : Ministère de la Transition Écologique et RTE - Graphique : Selectra
Année | Production (en TWh) |
---|---|
1995 | 0 |
1996 | 0,01 |
1997 | 0,01 |
1998 | 0,02 |
1999 | 0,04 |
2000 | 0,05 |
2001 | 0,13 |
2002 | 0,27 |
2003 | 0,39 |
2004 | 0,59 |
2005 | 0,96 |
2006 | 2,18 |
2007 | 4,07 |
2008 | 5,69 |
2009 | 7,91 |
2010 | 9,94 |
2011 | 12,37 |
2012 | 15,18 |
2013 | 16,13 |
2014 | 17,32 |
2015 | 21,42 |
2016 | 21,38 |
2017 | 24,61 |
2018 | 28,60 |
2019 | 34,72 |
2020 | 39,86 |
2021 | 36,83 |
2022 | 38,56 |
2023 | 48,61 |
Part dans la production française d'électricité
L'éolien a couvert 10,2% de la production totale d’électricité en France en 2023 selon RTE (un peu moins selon les données retenues ci-après par l'AIE). Cela en fait la 3e source d'électricité en France, après le nucléaire et l'hydroélectricité mais devant le gaz naturel.
Source : Bilan électrique RTE 2023 - Graphique : Selectra
Année | Part de l'éolien (%) |
---|---|
1995 | 0 % |
1996 | 0,001 % |
1997 | 0,002 % |
1998 | 0,003 % |
1999 | 0,007 % |
2000 | 0,009 % |
2001 | 0,02 % |
2002 | 0,05 % |
2003 | 0,07 % |
2004 | 0,1 % |
2005 | 0,2 % |
2006 | 0,4 % |
2007 | 0,7 % |
2008 | 1 % |
2009 | 1,5 % |
2010 | 1,8 % |
2011 | 2,2 % |
2012 | 2,7 % |
2013 | 2,8 % |
2014 | 3 % |
2015 | 3,7 % |
2016 | 3,8 % |
2017 | 4,4 % |
2018 | 5 % |
2019 | 6,1 % |
2020 | 7,6 % |
2021 | 6,7% |
2022 | 8,2 % |
2023 | 9,5 % |
Précisons que la production éolienne avait couvert une première fois l'équivalent de plus de 10% de la consommation électrique française pendant 1h30 le 17 juillet 2011.
Parcs en construction
Trois grands parcs éoliens en mer sont actuellement en construction : Courseulles-sur-Mer dans le Calvados (avec 64 éoliennes totalisant près de 450 MW de puissance), Dieppe Le Tréport en Seine-Maritime (62 éoliennes pour 496 MW), et Yeu-Noirmoutier en Vendée (62 éoliennes pour 496 MW), tous prévus pour une mise en service en 2025.
Le parc éolien de Dunkerque, dans le Nord, comprenant 46 éoliennes de 10 à 16 MW chacune pour une capacité totale d'environ 600 MW, est en phase d'obtention des autorisations et devrait être opérationnel entre 2028 et 2029.
Carte du ministère de la Transition écologique sur les projets éoliens en mer.
Combien faudrait-il d’éoliennes pour satisfaire la consommation électrique française ?
La France a consommé 445,4 TWh en 2023. Considérons des éoliennes d'une puissance moyenne de 2,9 MW (puissance unitaire moyenne des nouvelles turbines installées en France en 2023), ayant un facteur de charge de 26,3% (facteur de charge moyen de la filière en 2023 selon RTE).
Chaque éolienne produirait annuellement ainsi : 2,9 MW x 24 h x (26,3/100 x 365) ≈ 6 680 MWh (soit environ 6,7 GWh).
Théoriquement, il faudrait donc, selon ce calcul, environ 67 000 éoliennes pour couvrir la consommation électrique de la France en 2023. En laissant un espacement minimum entre les éoliennes(2), il faudrait consacrer à ce parc éolien une superficie totale d'un peu plus de 1 600 000 hectares, soit environ deux fois la superficie de l'Alsace.
Cette simulation minore toutefois le nombre d’éoliennes nécessaires, car il n’intègre pas, entre autres, deux contraintes majeures. La première d’entre elles est la variabilité du vent soufflant sur l’ensemble du parc à un instant précis. Il serait nécessaire de stocker de l’électricité en quantités importantes lorsque la production éolienne est supérieure à la demande, et de la restituer lorsque la production éolienne est insuffisante pour satisfaire la demande. Or, les solutions de stockage de l’électricité sont actuellement limitées et coûteuses, que ce soit par voie directe ou indirecte (supraconducteurs, STEP, batteries, hydrogène, etc.).
D’autre part, les zones optimales pour implanter des éoliennes sont limitées (littoral, collines, etc.), y compris en mer. Au-delà d’une certaine puissance installée, les éoliennes devraient être installées dans des zones moins ventées et auraient alors un facteur de charge plus faible.
Notons que nous avions réalisé ce même calcul en 2011, avec une consommation plus faible mais une puissance moyenne d'éolienne également plus faible - qui a augmenté depuis grâce à l'amélioration de la technologie : à l'époque, il aurait fallu 118 600 éoliennes pour couvrir la consommation nationale.
Répartition du parc
Le parc éolien français est assez inégalement réparti d’un point de vue géographique. Cette inégalité de répartition n’est pas uniquement due aux conditions climatiques, les zones géographiques les plus ventées n’étant pas nécessairement celles qui disposent des plus grandes capacités installées (par exemple, le Languedoc-Roussillon). Elle s’explique également par des facteurs économiques, politiques ou sociaux.
Deux régions produisent à elles seules environ la moitié de l'électricité d'origine éolienne en France métropolitaine : les Hauts-de-France (14,5 TWh de production éolienne en France en 2023) et la région Grand Est (11,2 TWh).
Suivi de la production des éoliennes terrestres et en mer en France
Production d'électricité éolienne terrestre en France (en GWh) - source RTE
Production d'électricité éolienne en mer en France (en GWh) - source RTE
Réglementations encadrant et développant la filière
La France possède le deuxième gisement éolien (ressources en vent) d’Europe derrière le Royaume-Uni. L'énergie éolienne reste toutefois une source intermittente qui nécessite d’être couplée avec d’autres unités de production telles que des centrales à gaz ou avec des unités de stockage.
Outre d’éventuelles difficultés techniques (notamment sur les sites offshore), le développement de parcs éoliens est lié aux politiques de soutien et aux démarches plus ou moins lourdes du processus d’implantation.
Grandes lois liées au développement historique de l'éolien en France
En juillet 2010, la loi Grenelle 2 avait introduit des zones de développement de l’éolien terrestre (ZDET) qui visaient à favoriser l’implantation de parcs éoliens dans ces lieux.
Les parcs y étaient plus rapidement raccordés au réseau et bénéficiaient d’une majoration des tarifs d’achat de l’électricité produite. Cette législation imposait la mise en place de parcs d’au moins 5 machines, chacune d’entre elles devant être distante de plus de 500 m de toute zone habitée. En 2013, la loi dite « Brottes » a supprimé ce cadre des ZDE. Ce sont désormais les Schémas Régionaux Éoliens (SRE) qui constituent l’outil de planification géographique des implantations éoliennes.
Les nouveaux raccordements ont pendant longtemps stagné (par trimestre en MW ©Connaissance des Énergies, d'après données du Commissariat général au Développement durable)
La loi de transition énergétique adoptée à l'été 2015 comporte des mesures de simplification des procédures pour l'implantation de parcs éoliens terrestres (réduction des délais de recours, généralisation de l'expérimentation du permis environnemental unique), notamment dans les communes littorales, .
Le Grenelle Environnement avait prévu l’installation d’au moins 500 éoliennes par an afin d’atteindre une capacité installée en France de 25 GW à l’horizon 2020 (dont 6 GW offshore). Un objectif qui n'a pas été atteint.
Pour rattraper ce retard, la loi du 10 mars 2023 relative à l'accélération de la production d'énergies renouvelables vise à faciliter l'installation d'énergies renouvelables dont les éoliennes.
Elle fait suite au discours de Belfort de février 2022(3) d'Emmanuel Macron qui avait entre autres fixé pour ambition d'atteindre, pour l'éolien offshore, « de l'ordre de 40 gigawatts en service en 2050, soit une cinquantaine de parcs éoliens en mer ». Pour l'éolien terrestre, « la puissance installée, qui est de 18,5 gigawatts à fin 2021, sera doublée d'ici à 2050 ».
Un développement historique lié au tarif d’achat
À partir du début des années 2000 jusqu’en 2015, le développement de la filière éolienne en France reposait principalement sur le dispositif d’obligation d’achat.
Ce système permettait à EDF ou aux entreprises locales de distribution (ELD) de conclure des contrats avec les exploitants d’éoliennes pour acheter toute l’électricité produite à un prix fixe pendant 15 ans, avec des tarifs fixés par l’État pour couvrir les coûts de production. Le surcoût résultant de ce mécanisme était répercuté sur les consommateurs finaux via la Contribution au Service Public de l’Électricité (CSPE).
Un tarif d’achat de l’électricité produite par les parcs éoliens a été mis en place dès juin 2001 afin de favoriser le développement de la filière. Revu à plusieurs reprises, ce tarif, dépendant en partie de la localisation du parc éolien, constituait un facteur d’arbitrage du développement de certains parcs.
Ci-après des exemples de tarifs d'achat appliqués dans le passé pour développer la filière éolienne en France.
Pour l’éolien terrestre (arrêté du 1er juillet 2014) :
- le contrat d'achat, établi sur une durée de 15 ans, fixait les tarifs suivants : 8,2 c€/kWh pendant 10 ans, puis entre 2,8 et 8,2 c€/kWh pendant 5 ans selon la productivité du site considéré.
Pour l’éolien offshore (arrêté du 17 novembre 2008) :
- le tarif d’achat prévu était de 13 c€/kWh pendant 10 ans, puis peut être diminué jusqu’à 3 c€/kWh pendant 10 ans selon la productivité du site. Le tarif d’achat annoncé dans le cadre du premier appel d’offres a toutefois été supérieur à ces montants. Il variait entre les différentes zones d’implantation (entre 11,5 et 17,5 c€/kWh sur les parcs de Fécamp, Courseulles-sur-Mer, entre 14 et 20 c€/kWh pour ceux de Saint-Brieuc et Saint Nazaire).
Complément de rémunération
À partir du 1er janvier 2016, le soutien à l’éolien terrestre en France a évolué vers un complément de rémunération, conformément à la loi relative à la transition énergétique pour la croissance verte. Désormais, les producteurs d’électricité éolienne vendent directement sur le marché et reçoivent de la part d’EDF la différence entre un tarif de référence fixé et le prix moyen du marché, compensée en partie par la CSPE. En 2017, un nouveau système d’appels d’offres pour les projets de plus de six éoliennes a été introduit, visant à réduire les coûts du soutien à l’éolien.
Le mécanisme du complément de rémunération est accessible pour les installations inférieures à 6 aérogénérateurs de 3 MW chacun au maximum (voir les montants sur le site de Selectra).
Une forte implication territoriale
L’installation de champs éoliens, opérée aux côtés des élus locaux et des autorités administratives, fait l’objet de nombreuses étapes qui ont un impact sur leurs délais de développement :
- la recherche d’un site éolien adapté ;
- l’étude d’impact environnemental ;
- le recueil de données sur le vent, les moyens d’accès et les conditions de raccordement électrique ;
- des études de rentabilité, etc.
Parallèlement à ces étapes chronophages, il est nécessaire d’écarter les craintes et réactions de type Nimby, des riverains pouvant s’opposer pour de multiples raisons à l’installation d’éoliennes dans leur environnement. En octobre 2014, près de 60% des Français se disaient prêts à accepter l'implantation d'un parc de 5 à 10 éoliennes à moins d'un kilomètre chez eux (parmi les sondés se déclarant « concernés » par cette possibilité), selon une enquête réalisée par Opinion Way.
Toute demande de raccordement de nouvelles installations au réseau électrique doit être déposée auprès d’un opérateur : RTE pour les grands champs éoliens, gestionnaire du réseau de distribution (ENEDIS ou entreprises locales de distribution) pour les installations dont la puissance est inférieure à 12 MW. Le délai pour traiter ces différentes étapes, de la prospection d’un site à la mise en service d’un parc, peut durer de 3 à 10 ans. Les délais de raccordement expliquent notamment pourquoi des capacités installées beaucoup plus importantes que celles du parc national raccordé sont parfois évoquées (elles intègrent les projets éoliens en attente de raccordement).
Notons que des éoliennes domestiques (principalement à axe vertical) sont parfois également installées. Celles-ci ne nécessitent pas d’être raccordées au réseau électrique dès lors qu’elles ont vocation à alimenter directement un foyer ou une installation en électricité.
Emplois générés
À fin 2023, 31 447 emplois directs et indirects étaient associés à la filière éolienne, soit 11% de plus qu'à fin 2022 (28 266) et près du triple qu'en 2013 (11 000). Précisons que 7 840 emplois de la filière à fin 2023 concernaient les installations en mer.
France Renouvelables fait état de plus de 900 sociétés aux tailles très variées (plus de 700 dans le secteur de l'éolien terrestre et 235 dans l'éolien en mer), présentes sur toute la chaîne de valeur de l'écosystème éolien avec 4 grands segments en 2022 : études et développement, fabricant de composants, ingénierie et construction, exploitation et maintenance.
Selon l'Observatoire de l'éolien de Capgemini Invent, le nombre d'emplois « éoliens » en France pourrait s'élever à 56 400 à l'horizon 2035 (dont 20 000 dans l'éolien offshore).
L'éolien est « le premier employeur des énergies renouvelables électriques dans notre pays et s’impose comme un levier de création d’emplois durables dans les territoires », soulignent France Renouvelables (anciennement France Energie Eolienne) et Capgemini Invent dans l’édition 2023 de leur Observatoire dédié à la filière.
Comparaison européenne
En 2022, les nouvelles capacités éoliennes installées dans l'Union européenne ont atteint près de 16,1 GW (19,1 GW en incluant un périmètre européen élargi), selon les données de Wind Europe. Bien que ce chiffre soit nettement supérieur à celui de 2021, l'association européenne de promotion de l'énergie éolienne considère qu'il est largement insuffisant pour atteindre les objectifs climatiques et énergétiques de l'UE pour 2030.
Cette croissance de 4% en puissance cumulée, englobant l'UE, le Royaume-Uni, la Norvège et la Turquie, porte la puissance totale du parc éolien européen à 255 GW, dont 225 GW d'installations terrestres et 30 GW offshore.
En 2022, les parcs éoliens ont produit 489 TWh dans l'Union européenne et au Royaume-Uni, couvrant ainsi près de 17% de la consommation d'électricité de cette région. Le Danemark et l'Irlande se distinguent par les parts les plus élevées d'éolien dans leur mix électrique national, avec respectivement 55% et 34% en 2022
Données en TWh de la production brute d'électricité d'origine éolienne - Source : EurObserv'ER, 2023 et 2024 - Graphique : Selectra