- Source : Ifri
Le Japon a réaffirmé fin décembre 2017 sa volonté de devenir la première « société hydrogène » au monde dans une stratégie dédiée à ce vecteur énergétique. Un des principaux objectifs qui y est énoncé est d’atteindre la « parité coût » avec des produits énergétiques concurrents comme l’essence dans les transports et le gaz naturel liquéfié (GNL) pour la production électrique.
Dans cette étude en anglais publiée le 8 octobre par le Centre Énergie de l’Ifri, Monica Nagashima(1) présente la stratégie hydrogène du Japon qui « repose sur la conviction que ce vecteur peut être une réponse décisive aux défis énergétiques et climatiques » du pays. Elle y expose les développements de l’hydrogène au Japon, les projets pilotes soutenus à l’étranger, les défis à relever et les secteurs où ce vecteur pourrait se déployer.
Comme le nucléaire dans le passé, l’hydrogène est présenté au Japon comme un moyen de décarboner le secteur énergétique (sous réserve d’avoir recours à des moyens de production décarbonés du vecteur), tout en sécurisant l’approvisionnement. Pour rappel, 93% des besoins d’énergie primaire du pays sont actuellement couverts par les importations, le Japon étant en particulier le premier importateur de GNL au monde (à un prix très élevé).
De nombreuses incertitudes économiques et techniques doivent toutefois encore être levées pour envisager un déploiement de l’hydrogène à grande échelle. Monica Nagashima indique que les résultats des projets pilotes en cours, attendus « aux alentours de 2020 », devraient confirmer si l’hydrogène peut être davantage intégré dans les plans économiques et énergétiques du pays. À l'heure actuelle, le Japon mise encore sur l'énergie nucléaire (dans une moindre mesure depuis l'accident de Fukushima) ainsi que sur les énergies renouvelables, le gaz naturel et des mesures d’efficacité énergétique pour réduire ses émissions de gaz à effet de serre.
Une « exigence clé » du succès de la stratégie japonaise en faveur de l’hydrogène est de diviser par plus de 3 son coût de production d’ici à 2030 (objectif de 30 yen par m3 « normal » à cet horizon contre près de 100 yen par Nm3 actuellement) et de le réduire de 80% aux environs de 2050.
Il est par ailleurs « nécessaire de développer massivement de nouvelles infrastructures pour produire, transporter et consommer » l’hydrogène dans le futur, souligne Monica Nagashima. Le gouvernement japonais a déjà consacré environ 1,5 milliard de dollars à la R&D et aux subventions en faveur de l’hydrogène au cours des 6 dernières années. Le Japon est notamment l’un des pays les plus avancés en matière de mobilité hydrogène, tant dans le développement des véhicules à pile à combustible (près de 2 500 voitures particulières en circulation) que des stations hydrogène (le pays en compte plus de 100, contre 45 en Allemagne et 39 aux États-Unis).
Dans le secteur résidentiel, le prix des piles à combustible de type « PEFC » (Polymer Electrolyte Fuel Cell) a été réduit de près de 70% depuis leur arrivée sur le marché. (©Connaissance des Énergies, d’après Ifri)
Sources / Notes
- Chercheuse à l’IEEJ (Institute of Energy Economics, Japan), Monica Nagashima est spécialiste du développement des marchés GNL en Asie et de la libéralisation des marchés.