- Source : Iddri
La loi de transition énergétique pour la croissance verte adoptée à l’été 2015 fixe entre autres un objectif de réduction de 50% de la consommation française d’énergie finale d’ici à 2050 (par rapport à 2012) mais aucun objectif ou trajectoire chiffrée ne concerne spécifiquement la demande d’électricité. L’électricité ne représente qu’un quart de l’énergie consommée en France à l’heure actuelle mais cette part pourrait s’élever à 40% en 2050 selon un scénario prospectif de l’Ademe.
Dans cette étude(1) publiée par l’Institut du développement durable et des relations internationales (Iddri), Nicolas Berghmans rappelle que l’électricité est considérée comme un vecteur énergétique central pour réduire les émissions françaises de gaz à effet de serre. Il est ainsi nécessaire d’anticiper le futur poids de ce secteur dans le système énergétique afin d’adopter des stratégies adaptées dans le cadre de la transition énergétique. Pour mieux cerner l’évolution de la demande électrique, cette étude fait le point sur « cinq facteurs déterminants » dans le futur : le rôle de l’électricité pour répondre aux besoins thermiques dans le bâtiment, la recharge du parc de véhicules électriques, l’évolution de la pointe de consommation hivernale, le développement du pilotage des consommations et l’émergence d’un système électrique basé sur l’équilibrage local.
La demande d’électricité(2) de la France s’est stabilisée depuis plusieurs années, après avoir connu des décennies de croissance ininterrompue (+ 8% par an entre 1950 et 1960, + 1,1% par an entre 2001 et 2010). Cette perspective de croissance a « longtemps servi de base pour la planification du secteur électrique » mais elle est aujourd’hui remise en cause par le ralentissement de la croissance démographique et de l’activité économique mais aussi par les gains d’efficacité énergétique et la « tertiarisation » de l’économie.
Les besoins d’électricité en France pourraient dans le futur fortement varier en fonction de la stratégie adoptée, notamment selon la priorité donnée entre « décarbonation via un recours accru à l’électricité bas-carbone(3) » et amélioration de l’efficacité énergétique (couplée à des efforts de sobriété). Lors du débat national sur la transition énergétique de 2013, Nicolas Berghmans rappelle ainsi que la consommation électrique française envisagée en 2030 était comprise entre 388 TWh (soit - 18 % par rapport à la consommation de 2014) et 632 TWh (+ 33% par rapport à 2014). Dans les bâtiments existants, la stratégie adoptée entre rénovation de l’enveloppe et poursuite de l’électrification par les pompes à chaleur (se substituant aux énergies fossiles pour les usages thermiques) pourrait en particulier avoir un impact majeur sur la consommation électrique future.
Dans les transports, la PPE fixe pour objectif d’atteindre un parc de 2,4 millions de véhicules électriques ou hybrides rechargeables en 2023. L’impact en termes de consommation électrique devrait être relativement « limité » : de l’ordre de 5 à 6 TWh/an pour 2 millions de véhicules électriques selon EDF (soit un peu plus de 1% de la consommation électrique annuelle). L’architecture du réseau de recharge (et notamment le niveau de déploiement de bornes de recharge rapide) pourrait en revanche avoir un impact bien plus important, notamment sur la pointe de consommation électrique en France(4).
La gestion de la pointe hivernale, le pilotage des consommations face au développement des productions intermittentes (éolien et photovoltaïque) et la décentralisation de la production (autoconsommation, réseaux fermés) sont autant d’éléments qui doivent, selon Nicolas Berghmans, inciter à faire de l’évolution des consommations électriques en France un « point de départ de la planification » de la transition énergétique.
Sources / Notes
- Berghmans, N. (2017). « La demande d’électricité en France : quels enjeux pour la transition énergétique ? », Iddri, Studies n°06/17
- Corrigée de l’aléa climatique.
- La production électrique française est décarbonée à près de 94% en 2016, selon le dernier Bilan électrique de RTE.
- Un véhicules électrique en charge rapide pourrait entraîner une puissance appelée de 50 kW contre 3 à 7 kW pour une recharge lente à domicile.