Combien de voitures électriques nos réacteurs nucléaires peuvent-il théoriquement recharger ?

La recharge constitue un enjeu central du déploiement des voitures électriques. Il est possible d’estimer grossièrement le nombre de véhicules électriques pouvant être rechargés par certaines unités de production, par exemple par un seul réacteur nucléaire dont la production leur serait entièrement dédiée dans une situation tout à fait théorique⁽¹⁾.

Combien produisent les réacteurs nucléaires en moyenne ?

Le parc nucléaire français composé de 56 réacteurs a produit 320,4 TWh en 2023, contre 415,9 TWh en 2014 avec 58 réacteurs.

Ainsi, un réacteur nucléaire (la puissance de chaque réacteur varie de 900 à près de 1 450 MW) a produit en moyenne près de 5 720 GWh en 2023, année de production dans la moyenne basse, contre 7 170 GWh en 2014, année de moyenne haute.

Combien d'électricité faut-il pour faire un plein de voiture électrique ?

L'amélioration de l'autonomie des batteries des véhicules électriques s'est accompagnée d'une augmentation des puissances et de la quantité d'électricité nécessaire pour faire un plein.

Par exemple, une Renault ZOE nécessitait 22 kWh en 2014, contre 52 kWh pour le modèle vendu en 2024.

La version Grande Autonomie de la Tesla Model 3 est dotée d'une batterie qui nécessite 79 kWh pour faire un plein complet.

Combien de voitures électriques le parc nucléaire français peut-il recharger ?

En 2023, la production nucléaire totale moyenne en France est estimée à 320,4 milliards de kWh. C'est une année durant laquelle la production a été dans la moyenne très basse pour le nucléaire français. Avec cette production, le nombre de recharges pour une Renault Zoe 2024, dont la consommation par recharge est de 52 kWh, pourrait théoriquement s'élever à près de 6,2 milliards de recharges. Pour une Tesla Model 3 2024, avec une consommation par recharge de 79 kWh, ce même parc nucléaire permettrait théoriquement de réaliser environ 4,1 milliards de recharges.

En 2014, la production nucléaire totale moyenne en France était plus élevée, atteignant 415,9 milliards de kWh. Sur cette base, le nombre de recharges pour une Renault Zoe 2024 serait d'environ 8 milliards de recharges, tandis que pour une Tesla Model 3 2024, il serait d'environ 5,3 milliards.

Si on estime le parc de voitures en France à 40 millions et que 25 recharges complètes sont nécessaires à l'année pour rouler en moyenne 10 000 kilomètres, alors 1 milliard de recharges seraient nécessaires au total si le parc automobile français était intégralement électrique. Ainsi, entre un quart et un huitième de la production nucléaire serait dédiée aux recharges de véhicules électriques.

Rappelons toutefois que la France produit déjà 1/3 de son électricité par les énergies renouvelables, qui viennent s'ajouter à la production nucléaire. De plus, d'ici à l'électrification totale du parc automobile français, jusqu'à 13 EPR pourraient avoir été construits et mis en service.

Combien de voitures électriques chaque réacteur nucléaire français peut-il recharger ?

En se basant sur la production nucléaire par réacteur en 2023, estimée à 5,7 milliards de kWh, un seul réacteur pourrait théoriquement permettre environ 110 millions de recharges pour une Renault Zoe 2024. Pour une Tesla Model 3 2024, le nombre de recharges possible serait d'environ 72 millions.

En se basant sur l'année 2014, avec une production nucléaire par réacteur estimée à 7,5 milliards de kWh, un seul réacteur aurait permis de réaliser environ 138 millions de recharges pour une Renault Zoe 2024. En ce qui concerne la Tesla Model 3 2024, un réacteur aurait permis environ 91 millions recharges.

Si l'on estime qu'un milliard de recharges seront nécessaires chaque année quand le parc automobile français sera entièrement électrique, alors l'équivalent d'entre 7 et 15 réacteurs seraient destinés à la recharge des voitures.

Combien de recharges en même temps selon les capacités de production nucléaire ?

Si l’on mobilise un réacteur nucléaire de 900 MW pour recharger des véhicules électriques à un instant t (avec une puissance de charge standard de 7 kW), il est par ailleurs théoriquement possible de recharger en direct près de 130 000 voitures. Cette donnée instantanée suppose toutefois que le réacteur dispose de sa puissance maximale, ce qui n’est pas le cas en permanence (le facteur de charge du nucléaire est de 75% en France).

Selon le gestionnaire de réseau ENEDIS, la mise en circulation de 2 millions de véhicules électriques n’induirait que 2% de consommation électrique supplémentaire par an à l’échelle nationale. En revanche, la recharge simultanée(2) d’une telle flotte pourrait théoriquement déstabiliser le réseau : en mode de recharge lente, elle impliquerait un appel de puissance équivalant à 10% de la capacité électrique installée en France ; en mode de recharge accélérée (30 minutes), la puissance sollicitée pourrait atteindre 88 GW, soit les 2/3 de la capacité du parc électrique français(3).

Ces situations, bien que fictives, soulignent le rôle essentiel des « smart grids », incluant des solutions de stockage et la transmission de signaux aux utilisateurs de bornes de recharge, pour accompagner le déploiement d’une importante flotte de véhicules électriques. Il en va de même pour l'autoconsommation résidentielle et sur les parkings des entreprises.