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OPEP (Organisation des pays exportateurs de pétrole)

OPEP

Une conférence des États membres de l'OPEP se réunit deux fois par an en sessions ordinaires. (©OPEP)

À RETENIR

  • L'OPEP est une organisation intergouvernementale réunissant 12 pays producteurs de pétrole (6 en Afrique, 5 au Moyen-Orient et 1 en Amérique du Sud). Son objectif historique est l’orientation à la hausse des cours du pétrole et la maîtrise de son cycle de production.
  • Une organisation proche, dénommée OPEP +, a été créée en 2016 et regroupe une vingtaine de pays (dont la Russie).
  • En 2023, l’OPEP a compté pour 35,3% de la production mondiale de pétrole (34,7% en 2020). Les réserves prouvées de ses pays membres atteignaient 1 214,7 milliards de barils à fin 2020, soit 70,1% des réserves mondiales.

Définition

L’OPEP (acronyme de l'Organisation des Pays Exportateurs de Pétrole) ou OPEC en anglais (Organization of Petroleum Exporting Countries) est une organisation intergouvernementale réunissant 12 pays producteurs de pétrole : l'Algérie, l'Arabie saoudite, le Congo, le Gabon, la Guinée équatoriale, l'Iran, l'Irak, le Koweït, la Libye, le Nigéria, les Émirats arabes unis et le Venezuela.

Fondée à l’issue de la conférence de Bagdad le 14 septembre 1960 par l’Arabie saoudite, le Koweït, l’Irak, l’Iran et le Venezuela, à l’initiative de Juan Pablo Pérez Alfonzo, (alors ministre du Développement du Venezuela), l'OPEP visait à l'origine à rééquilibrer les relations entre les pays producteurs et les compagnies pétrolières occidentales régissant le marché depuis sa création à la fin du XIXe siècle. Elle aspire ainsi à être une force de régulation du marché pétrolier.

Niveau de production de l'OPEP 

L'action de l’OPEP sur l’évolution des prix du pétrole est étroitement liée au contexte économique et à l’environnement géopolitique. L’influence de l’organisation a décru dans les années 1990, à l’image de sa part dans la production mondiale de pétrole (55% en 1970, 42,6% en 2017, 34,7% en 2020(1)). 

La coopération avec des pays non membres de l'organisation au sein du groupe « OPEP+ » à partir de 2016 a toutefois permis de peser davantage sur les cours (en fixant des quotas de production par pays)

En 2023, les pays de l'OPEP ont produit près de 34 Mb/j de pétrole selon le « Statistical Review of World Energy 2024 » de l'Energy Institute.

Les réserves prouvées en pétrole des pays de l’OPEP atteignaient 1 214,7 milliards de barils à fin 2020, soit 70,1% des réserves prouvées dans le monde, selon le BP Statistical Review of World Energy.

Il est à noter que, dans la mesure où la valorisation des compagnies pétrolières et la notation des pays producteurs dépend pour une part importante de l’appréciation des réserves, les montants communiqués, en particulier par l’OPEP, sont souvent surestimés.

Pays membres de l'OPEP aujourd'hui

Le siège de l’OPEP est basé à Vienne (Autriche) et abrite les services du seul organe permanent, le secrétariat général, l’organe exécutif chargé de faire appliquer les résolutions de la conférence ou les décisions du conseil d’administration.

Le secrétaire général en poste depuis août 2016 est le Nigérian Mohammed Barkindo.

L’OPEP regroupe 12 pays membres

Afrique

  • l’Algérie : membre depuis 1969. Premier pays à avoir nationalisé la production d’hydrocarbures ;
  • le Congo : dernier pays membre ayant rejoint l'organisation (à l'été 2018) ;
  • le Gabon : membre qui avait quitté l'organisation en 1995 et qui l'a à nouveau rejointe en juillet 2016 ;
  • la Guinée équatoriale, pays ayant rejoint l'OPEP en mai 2017 ;
  • la Libye : membre depuis 1962. Un très grand potentiel d’exploration non exploité en raison du conflit touchant ce pays ;
  • le Nigéria : l’industrie pétrolière la moins nationalisée de l’OPEP.

L'Angola a quitté l'OPEP au 1er janvier 2024 (le pays était membre depuis 2007 et constitue une grande zone d’exploration, principalement menée par les grandes compagnies pétrolières de l’OCDE).

Amérique du Sud

Précisons que l'Équateur a été membre de l'OPEP entre 1973 et 1992 puis à nouveau entre 2007 et janvier 2020.

Moyen-Orient

Le Qatar a mis fin à son adhésion en janvier 2019.

Différence entre OPEP et OPAEP

Une autre organisation est pour sa part uniquement composée de pays arabes : l’OPAEP (Organisation des Pays Arabes Exportateurs de Pétrole) ou OAPEC en anglais. 

Fondée en 1968, elle est constituée des 5 pays arabes de l’OPEP auxquels s’ajoutent 7 autres pays : Algérie, Bahreïn, l’Égypte, la Libye, le Qatar, la Syrie et la Tunisie (qui est toujours citée parmi les membres par l'OPAEP bien que ce pays soit suspendu de ses droits et obligations depuis 1986. 

Cette organisation est indépendante de l’OPEP bien que son objectif soit assez similaire, à savoir une coordination des politiques pétrolières.

Rôle et fonctionnement

Le premier objectif de l’OPEP est l’orientation à la hausse du cours du pétrole et la maîtrise de son cycle de production. Cette ambition globale a toutefois connu quelques vents contraires : mi-2014, l'Arabie saoudite, qui a historiquement joué le rôle de « swing producer » au sein de l'OPEP, avait par exemple privilégié la défense de ses parts de marché face à l'augmentation de la production américaine, dans un contexte de forte chute des cours. 

Plafonnement de la production

À partir de 1982, l'OPEP a disposé d'un système de régulation de la production et du prix de vente au moyen d'un montant total de production. Ce volume de production, défini en fonction des réserves des pays membres, était ajusté en fonction des besoins des pays consommateurs (le système de quotas de production par pays membre a été arrêté en 2011). À ce titre, l’OPEP a souvent été présentée comme un cartel de producteurs malgré les dissensions internes.

Fin 2016, l'OPEP a conclu avec onze pays non membres de l'organisation (dont la Russie) un accord visant à réduire l’offre globale de pétrole sur les marchés et faire ainsi remonter les prix. Dans cette optique, ce groupe dit « OPEP+ » précise à nouveau des plafonds de production pour chacun de pays membres de l'organisation.

Lors de la 38e réunion de l'OPEP+ début décembre 2024(2), les pays de l'OPEP+ ont convenu, pour 2025 et 2026, d'un plafond global de production concernant une partie de ses membres (l'Iran est par exonérée de quotas, étant déjà touchée par des sanctions) de 39,725 Mb/j (dont 24,135 Mb/j pour l'OPEP et 15,590 Mb/j pour les pays de l'OPEP+ non membres de l'OPEP).

Voici ci-après la répartition des plafonds de production pour 19 pays de l'OPEP+.

PaysPlafond de production pour 2025 et 2026 (en Mb/j)
Algérie1,007
Arabie saoudite10,478
Azerbaïdjan0,551
Bahreïn0,196
Brunei0,083
Congo0,277
Émirats arabes unis3,519
Gabon0,177
Guinée équatoriale0,07
Irak4,431
Kazakhstan1,628
Koweït2,676
Malaisie0,401
Mexique1,753
Nigéria1,5
Oman0,841
Russie9,949
Soudan0,064
Soudan du Sud0,124

Précisons que le quota des Émirats arabes unis a été augmenté de 0,3 Mb/j et que cette production supplémentaire devra être progressivement supprimée entre avril 2025 et fin septembre 2026.

Soulignons par ailleurs que ces plafonds sont indiqués sans tenir compte de coupes de production additionnelles décidées par certains pays.

« Panier » de l'OPEP+

L’OPEP gère un « panier » dit « ORB »(3) qui fixe un prix de référence à partir des cours de quinze pétroles bruts aux qualités différentes. reflétant les principales exportations de bruts des pays membres (par exemple, l'« Arab Light » d'Arabie saoudite). Entre juin 2015 et décembre 2015, le prix moyen du pétrole au sein de ce panier a baissé de 44% (pour atteindre 33,6 $ par baril en moyenne en décembre 2015). Début 2025, il avoisine 75 $ par baril.

Ce panier est concurrencé par le WTI et le Brent dont les prix diffèrent peu. La gestion de la production et des prix est prolongée par l’évaluation périodique des réserves disponibles.

Le cartel de l'OPEP est également un organe de collecte, de traitement et de diffusion d’informations sur le pétrole et sur l’environnement économique de cette ressource (ex : diffusion mensuelle de rapports sur le marché du pétrole).

Influence économique et géopolitique

Après avoir limité son action à l’amélioration des recettes tirées de l’exploitation pétrolière par les pays membres, l’OPEP est devenue un interlocuteur économique majeur capable d’influer sur le prix d’une ressource stratégique. Elle est aussi implicitement devenue un acteur politique de premier plan, en particulier dans le cadre du conflit israélo-palestinien.

Emmenée par l’Arabie saoudite, l'OPEP a pour objectif de concilier l’optimisation des revenus de ses membres et la gestion sur le long terme de leurs ressources pétrolières tout en préservant la stabilité des relations et des échanges avec les pays clients. La réalisation de cet objectif paradoxal implique un contrôle permanent sans faille des prix mondiaux du pétrole. 

À partir de mi-2014, l'Arabie saoudite a toutefois refusé à plusieurs reprises de réduire sa production afin d'éviter de perdre des parts de marché au profit des États-Unis, devenu premier producteur mondial grâce à l'exploitation de ses hydrocarbures non conventionnels. Fin 2016, Riyadh a décidé avec les autres membres de l'OPEP, puis avec d'autres producteurs non membres de l'organisation dont la Russie, de plafonner à nouveau la production pétrolière pour faire remonter les cours.

Cinquante ans après sa fondation, l’OPEP doit toutefois relever trois défis majeurs qui perdurent depuis les années 1990.

Conflits internes

La fracture entre membres pro et anti-Américains exacerbe ces conflits. L’Arabie saoudite, alliée traditionnelle des États-Unis, est confrontée à l’Iran et au Venezuela, deux des pays les plus ouvertement anti-Américains dans le monde. Au-delà des divergences idéologiques, une frontière se dessine entre les pays pour qui l’OPEP doit avant tout être l’animateur d’un marché de matières premières et ceux désireux d’en faire une arme plus politique.

De gros producteurs pétroliers... non membres de l'OPEP

L’OPEP est le seul cartel dans son domaine et ne possède pas de moyen de pression sur les États qui n’en sont pas membres, notamment sur les États-Unis, premier producteur mondial de pétrole : la production américaine croissante d'hydrocarbures non conventionnels est susceptible de réduire l'influence de l'OPEP. 

Si cette influence de l'OPEP tient en partie à ses réserves d’hydrocarbures annoncées comme les premières au monde, personne ne sait les évaluer avec précision. Les nouveaux gisements découverts notamment au Canada ou au large du Brésil pourraient bouleverser la répartition mondiale de ces réserves et donc diminuer significativement la part de l’OPEP.

Dans un contexte économique mondial difficile, la consommation de pétrole est soutenue par la croissance des pays émergents.

Les déclins simultanés de son influence et de l’économie pétrolière

La dépendance des pays industrialisés envers le pétrole décline (ex : la facture pétrolière de la France représentait 4% de son PIB en 1980, 2,1% en 2014). A contrario, les pays de l’OPEP restent très dépendants du pétrole. À l’exception du Koweït et des Émirats arabes unis, les membres ont encore peu développé un modèle économique pérenne pouvant relayer l’industrie pétrolière, or les revenus pétroliers représentent en moyenne plus de la moitié de leur PIB.

Dans ce contexte, l'Arabie saoudite a développé une « Vision 2030 » visant à diversifier son économie. Les contextes politiques favorisent une certaine atonie dans la mesure où une partie importante des revenus du pétrole finance en priorité des activités militaires ou de maintien de l’ordre. Notons que la consommation de gaz naturel croît plus vite que celle de pétrole, ressource à laquelle se limite l’OPEP (il existe un équivalent de l'OPEP dans le domaine du gaz existe, toutes proportions gardées).

La conjugaison de ces facteurs a affaibli l’influence géopolitique de l’institution OPEP. Ce déclin est mis en exergue par la concurrence des marchés organisés apparus au début des années 1980. Ces marchés tels que le New York Mercantile Exchange (NYMEX) gèrent des contrats à terme ou des options dont les prix servent de plus en plus de référence de marché (le volume de pétrole brut traité par des contrats à terme a dépassé le volume de la production mondiale).

COP28 : une Conférence Climat dans un pays membre de l'OPEP

La COP28 a eu lieu aux Émirats arabes unis fin 2023, suscitant de nombreux débats sur son ambition puisqu’elle se déroulait dans un pays membre de l’OPEP et était présidée par le PDG du groupe pétrolier émirati ADNOC. 

Malgré ce statut particulier du pays hôte, la déclaration finale de la COP28 stipule l'engagement des Parties à « effectuer une transition hors » des énergies fossiles (« transitioning away from fossil fuels » en anglais). L'accord de Dubaï fixe également pour objectif de tripler les capacités renouvelables dans le monde et de doubler le taux annuel moyen d'amélioration de l'efficacité énergétique d'ici à 2030.

Histoire de l'organisation

Entre février 1959 et 1960, les grandes compagnies pétrolières occidentales imposent des baisses de prix du pétrole pour affaiblir leurs concurrents. Cela affecte les revenus pétroliers des pays producteurs qui ont un statut de concédants et qui perçoivent des royalties basées sur des taux dérisoires et des taxes tout aussi modérées. 

Les 5 pays fondateurs de l'OPEP (à l’origine de 82% des exportations mondiales) se réunissent alors que les 8 compagnies majors(4) contrôlent 90% de la production et 75% de la capacité mondiale de raffinage.

Jusqu'au début des années 1970, l'OPEP ne parvient pas à provoquer une hausse des prix du pétrole en raison de ses rivalités internes et de l’inexpérience de ses membres. Son influence est aussi largement entravée par des causes externes telles que la surabondance de l’offre, notamment due à l’exploitation de nouveaux gisements au Moyen-Orient.

En 1971 et 1972, une vague de nationalisations de la production influe sur les relations entre pays producteurs et compagnies pétrolières exploitantes.

Durant les années 1970, les pays de l'OPEP contrôlent plus de 55% de l'offre mondiale de pétrole et fixent des quotas de production. Les pays producteurs renforcent leur coopération dans un contexte de demande croissante. Entre 1970 et 1973, le prix du baril de pétrole passe ainsi de 1,80 $ à 3,01 $.

En 1971 et 1972, une vague de nationalisations de la production (Algérie, Egypte, Syrie, Irak) influe sur les relations entre pays producteurs et compagnies pétrolières exploitantes. Le système des concessions tombe peu à peu en déshérence, remplacé par des « joint ventures » : compagnies étrangères et États créent une société d’exploitation dont le capital est réparti à parts égales, soit 50% du permis pétrolier pour chacun(5).

En octobre 1973, la guerre du Kippour entre Israël et l'Égypte(6) déclenche le premier choc pétrolier : les principaux producteurs du golfe Persique décident d'augmenter de 70% le prix du baril de pétrole brut. L’OPEP organise un embargo pétrolier contre les pays qui soutiennent Israël et réduit sa production de 25%. En décembre 1973, deux mois après le début de la guerre, la hausse moyenne du prix du baril a atteint 130%. Après 1973, sous le contrôle de l'OPEP, le prix du pétrole se stabilise à la hausse aux alentours de 10 $ par baril.

La révolution iranienne en 1979 puis la guerre Irak-Iran en 1980 provoquent une nouvelle crise pétrolière. Le prix du baril dépasse alors 35 $. La réaction des pays consommateurs de l’OCDE, représentés notamment par l’AIE, modère le pouvoir pris par l’OPEP.

En 1982, un contre-choc pétrolier (baisse des prix) est initié par l’Iran qui souhaite augmenter sa part de marché et ainsi financer la guerre contre l’Irak. La baisse de prix du baril à 15 $ décide l’OPEP à adopter le système des quotas par pays membres (en vigueur jusqu'en 2011). L’OPEP connaît alors l’apogée de son influence et constitue une vraie force de régulation des cours.

Au cours des années 1990, l'influence de l’OPEP sur les prix des cours décline pour trois raisons : des divergences internes et la violation des quotas de production par certains de ses membres, l’échec d’extension de sa zone d’influence aux nouveaux producteurs (Russie, Mexique, Norvège, Royaume-Uni, Colombie, etc.) et l’influence des marchés de Londres et de New York qui orientent notablement les cours.

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