Plénière de clôture de la COP28. (©flickr-UNclimatechange-CC BY-NC-SA 2.0 DEED)
La COP28 a eu lieu à Dubaï (Émirats arabes unis) du 30 novembre au 13 décembre 2023, se terminant avec un jour de retard sur le calendrier initial. Cette conférence de la Convention Cadre des Nations unies sur les Changements Climatiques a fait l’objet d’une attention particulière en raison notamment :
- de la crainte qu’elle manque d’ambition et fasse la part belle aux énergies fossiles puisqu’elle se déroulait dans un pays membre de l’OPEP et était présidée par le PDG du groupe pétrolier émirati ADNOC ;
- du Premier bilan (« first global stocktake ») prévu des actions des États pour se conformer à l’accord de Paris (COP21 en 2015) ;
Qui est Sultan Al Jaber, président de la COP28 ?
Sultan bin Ahmed Al-Jaber a de multiples casquettes : ministre de l'Industrie et des Technologies avancées des Emirats arabes unis, il est également président de Masdar (société spécialisée dans les énergies renouvelables qui supervise le projet Masdar City) mais aussi – point controversé dans le cadre de la COP – directeur général de la compagnie pétrolière nationale ADNOC (Abu Dhabi National Oil Company).
Sultan Al Jaber a été nommé en janvier 2023 président de la COP28, devenant le premier PDG à occuper ce poste très exposé.
Cette nomination et la présence de nombreux lobbyistes des secteurs pétrolier et gazier lors de la COP28 ont fait l’objet de nombreuses critiques d'organisations luttant contre le dérèglement climatique.
D'autres parties prenantes, saluant son caractère « pragmatique » et « réaliste » ont toutefois rappelé en amont de la COP que les décisions lors de la Conférence Climat devaient faire consensus en incluant... les pays pétroliers. Dès juin 2023, lors d'une réunion préparatoire à Bonn, Sultan Al Jaber avait par ailleurs qualifié la réduction des énergies fossiles « d'inévitable ».
Que contient l'accord de la COP28 ?
Énergies fossiles : « transitioning away »
Dans la déclaration finale de la COP28, fruit d'un accord des 198 Parties de la Conférence, les États s'engagent à « effectuer une transition hors » des énergies fossiles (« transitioning away from fossil fuels » en anglais).
Cette formulation a fait l'objet d'intenses négociations : il n'est pas question dans le texte final de « phase out » (suppression progressive en français) comme le souhaitaient les ONG mais les énergies fossiles sont bel et bien mentionnées, un enjeu majeur et la neutralité carbone est fixée comme ambition à l'horizon 2050.
Transitioning away from fossil fuels in energy systems, in a just, orderly and equitable manner, accelerating action in this critical decade, so as to achieve net zero by 2050 in keeping with the science
Consulter la Déclaration finale de la COP28 aux Émirats arabes unis.
Énergies renouvelable : tripler les capacités installées d'ici 2030
L'accord de Dubaï fixe par ailleurs pour objectif de tripler les capacités renouvelables dans le monde et de doubler le taux annuel moyen d'amélioration de l'efficacité énergétique d'ici à 2030.
Concrètement, cela implique de porter ces capacités renouvelables à 11 000 gigawatts à l'horizon 2030 (contre 3 372 GW à fin 2022 selon l'Irena).
Financements apportés aux pays en développement
Signalons par ailleurs qu'un fonds « pertes et dommages » pour indemniser les pays en développement faisant face aux catastrophes climatiques a été mis en place lors de la COP28 (avec un financement de 792 millions de dollars).
Les financements apportés aux pays du Sud constituent toujours un enjeu central et complexe des négociations climatiques, dont l'importance a été rappelée lors de la COP à Dubaï.
Où aura lieu la COP29 ?
La COP29 se tiendra du 11 au 22 novembre 2024 à Bakou en Azerbaïdjan, pays dont l'économie dépend - tout comme les Émirats arabes unis - fortement du pétrole et du gaz naturel.
Cette prochaine Conférence Climat sera présidée par Mukhtar Babayev, ministre azerbaïdjanais de l'Écologie et des Ressources naturelles qui a lui aussi travaillé pour la compagnie nationale pétrolière.
