- Source : Institut Montaigne
Plus de la moitié des personnes dans le monde n’ayant pas accès à l’électricité vivent actuellement en Afrique subsaharienne(1). Dans cette zone, « le nombre de personnes dépourvues d’accès à l’électricité continuera mécaniquement à augmenter jusqu’en 2025, voire 2040 » selon l’Institut Montaigne dès lors que la croissance démographique y est « plus rapide que le rythme auquel les populations accèdent à l’électricité ».
Dans la note ci-après publiée le 13 février, le think tank français présente l’énergie solaire photovoltaïque comme « une solution prometteuse » pour faire face aux besoins accrus d’électricité en Afrique subsaharienne. Cette note rappelle les avantages de cette filière - « dont le potentiel demeure aujourd’hui largement sous-exploité » - tout en posant les conditions d’un développement efficace, à travers plusieurs propositions.
L’Institut Montaigne constate que les centrales électriques mises en service en Afrique subsaharienne « continuent d’être essentiellement thermiques ou hydroélectriques », avec un coût de production de l’électricité en moyenne très élevé : « de l’ordre de 0,20 à 0,50 $/kWh » selon la Banque africaine de développement (contre 0,10 $/kWh en moyenne dans le monde).
Dans le même temps, le solaire photovoltaïque se développe « sous des formes multiples : éclairage (lampadaires solaires ou lanternes solaires), kits individuels (typiquement une puissance de quelques watts), mini-centrales hors réseau (quelques kilowatts), toitures industrielles en autoconsommation (de la dizaine à la centaine de kilowatts), grands champs solaires (du mégawatt à quelques dizaines de mégawatts) ». Les installations photovoltaïques présentent notamment l’avantage d’être rapides à construire dans des zones isolées.
Pour lever les freins à leur développement à grande échelle (en particulier des centrales de taille intermédiaire de 5 à 50 MW, « cruciales pour réussir l’électrification du continent africain »), l’Institut Montaigne constate qu'il est nécessaire de réduire le coût du financement de ces projets « très capitalistiques et de petite taille »(2). À cette fin, il recommande entre autres « de standardiser la structure contractuelle des projets afin de faciliter leur agrégation et la titrisation des créances qu’ils génèrent, et donc leur financement ».
Sachant que 70 à 90 % d’un projet solaire est financé par de la dette bancaire dans cette zone, les conditions de financement impactent in fine « davantage » le prix de vente de l’électricité que les prix des panneaux solaires ou les conditions d’ensoleillement selon cette note. L’Institut Montaigne recommande également de « restreindre les subventions publiques lorsqu’elles créent des signaux-prix artificiels », décourageant alors l’investissement privé. Il est enfin suggéré de limiter le recours aux appels d’offres pour des projets de petite taille, l’Institut Montaigne évoquant plusieurs solutions alternatives(3).
Entre 2000 et 2016, le taux d’électrification de l’Afrique subsaharienne est passé de 23% à 43% selon l'AIE. Le nombre de personnes sans accès à l'électricité a toutefois augmenté dans cette région du monde, compte tenu de la forte croissance démographique. (©Connaissance des Énergies, d’après AIE)
Sources / Notes
- Près de 645 millions de personnes n’ont pas accès à l’électricité en Afrique subsaharienne selon les dernières données de l’Institut Montaigne. Alors que de nombreux progrès dans ce domaine ont été réalisés en Asie (où le taux d’accès à l’électricité est passé de 67% en 2000 à 89% en 2016), l’Afrique subsaharienne est « la seule région du monde où l’évolution est négative » sur la période : le nombre de personnes privées d’électricité y a augmenté de 70 millions entre 2000 et 2016.
- « La quasi-totalité du coût d’une centrale solaire se résume à l’investissement initial (Capex) » souligne l’Institut Montaigne, contrairement aux centrales thermiques dont les charges d’exploitation (achat de combustible fossile) sont importantes.
- Attribution d’un contrat d’achat en gré à gré, mise en place d’un guichet semi-ouvert avec des jalons de développement, mise en concurrence portant sur le prix de la licence, etc.