Les entreprises chinoises leaders de l'éolien : 3 questions à Nicolas Goldberg

parue le
Eolienne de fabrication chinoise de Mingyang

En 2024, les 4 plus grands fournisseurs d'éoliennes dans le monde étaient chinois : Goldwind, (19,3 GW de nouvelles capacités), Envision (14,5 GW), Windey (12,5 GW) et Mingyang (12,2 GW). (©Mingyang)

Jean-Louis Caffier (journaliste spécialiste du climat) interroge régulièrement des membres de notre comité scientifique, avec 3 questions faisant écho à l'actualité.

Invité : Nicolas Goldberg, associé énergie chez Colombus Consulting et responsable du pôle énergie chez Terra Nova.

La Chine se place en leader incontesté de l’éolien avec quatre de ses entreprises aux quatre premières places du bilan mondial en 2024. Au total, six entreprises figurent dans le Top Dix. Selon Nicolas Goldberg, cette place va se consolider et la Chine va même creuser l’écart avec les concurrents potentiels.

Comment expliquer cette domination sans partage de la Chine ?

Il y a d’abord la place considérable du marché intérieur. La Chine développe plus d’ENR que le reste du monde. Mais ce n’est pas tout. La Chine est une grosse puissance industrielle et planificatrice. Elle a su se positionner très en amont avec la volonté de maîtriser toute la chaîne de valeur.

C’est une réussite, de l’extraction des matériaux critiques et des terres rares jusqu’au raffinage et à la maîtrise des produits finis. De fait, beaucoup de technologies dans l’éolien sont chinoises et leurs entreprises sont montées dans le classement des fournisseurs : c’est allé très vite. 

Il y a quelques années, on se moquait des technos chinoises de faible qualité et peu chères. Aujourd’hui, la Chine est parfois à la pointe des technologies sur certains produits.

Quel est l’avenir de la Chine sur ce marché de l’éolien ?

Ça va bien se passer pour eux ! Ils vont renforcer leur place de leader, les investissements vont augmenter, a minima pour satisfaire le marché intérieur qui continue de progresser. Ils ont tout pour réussir.

Les Chinois ont d’abord besoin de sécuriser l’accès à l’énergie. Cela passe bien avant la lutte contre le réchauffement climatique même si quelques gages sont donnés pour faire bonne figure sur le plan diplomatique. La Chine commence à être sensible à l’environnement mais surtout sur le thème de la qualité de l’air où les renouvelables sont forcément plus performantes que les énergies fossiles. 

Sur le plan international, il y a de très gros marchés pour la Chine qui s’est bien positionnée, par exemple en Afrique dans un certain nombre de pays.   

La France aurait-elle les moyens d'occuper une plus grande place dans le paysage éolien ?

Si on veut relocaliser, il faut se dire qu’il faut d’abord répondre à quelques questions préalables : quelle sécurité d’approvisionnement cela nous apporte ? Comment assure-t-on le carnet de commande ? Quelle protection et quel soutien met-on en place ? 

On est dans l’éternel débat sur le solaire, un coup « je soutiens » et puis « j’arrête » et « je re-soutiens encore » ou pas. Ces stop and go sont mortifères pour les filières industrielles et il est d’ailleurs inquiétant de voir certains politiques appeler à une pause dans le déploiement des renouvelables. À la fin, les industriels et les investisseurs ne financent plus. 

Sur le même sujet