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Le président argentin Javier Milei a annoncé sa volonté d'installer de nouveaux réacteurs nucléaires dans son pays pour faire face à la demande énergétique dans le secteur de l'intelligence artificielle (IA), une annonce critiquée par les spécialistes.
3 réacteurs nucléaires à l'heure actuelle
"L'énergie nucléaire est la seule suffisamment efficace, abondante et rapidement évolutive pour faire face au développement de notre civilisation", a-t-il affirmé vendredi dans une vidéo, aux côtés du directeur de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), Rafael Grossi, et d'un conseiller, Demian Reidel.
Avec le mode de production énergétique actuel, "nous ne pourrons pas répondre à cette nouvelle demande" de l'IA, a poursuivi M. Milei. L'Argentine dispose actuellement de trois réacteurs nucléaires : Atucha I, Atucha II et Embalse. Selon des données officielles, 9% de l'énergie consommée dans le pays en juillet 2024 était d'origine nucléaire.
La première étape sera "la construction d'un (réacteur) SMR sur le site d'Atucha", près de Buenos Aires, selon Demian Reidel. Les SMR ("small modular reactor" en anglais) sont plus petits et de construction plus simple que les centrales conventionnelles.
Rafael Grossi a jugé cette annonce "prometteuse".
« Énorme contradiction »
Selon l'AIEA, la Russie a inauguré en 2020 la première centrale fonctionnant selon une technologie SMR. Plusieurs projets SMR en cours en Argentine, au Canada, en Chine, en Corée du Sud et aux Etats-Unis sont en attente d'autorisation.
L'ancienne présidente de la Commission nationale de l'énergie atomique (CNEA), Adriana Serquis (2021-2024), a elle pointé une "énorme contradiction" dans l'annonce du président argentin, lui reprochant de "nier ou d'ignorer le fait qu'il existe déjà un projet" de réacteur type SMR en Argentine "très proche de l'achèvement, appelé CAREM, reconnu dans les analyses internationales comme l'un des plus avancés" et "qui doit être mis en service en 2028".
Mais depuis l'entrée en fonction de M. Milei, fin 2023, "la construction du CAREM a été ralentie au point d'être pratiquement à l'arrêt", a déclaré au journal Página12 l'ancien secrétaire à la planification et aux politiques du ministère des sciences, Diego Hurtado (2019-2023).
Dans le cadre de son plan "tronçonneuse" pour tailler dans les dépenses publiques, M. Milei a supprimé plus de 30 000 emplois dans le secteur public et réduit le budget consacré à la science et à la technologie. Selon les données du syndicat des employés de l'État, les salariés de la CNEA ont ainsi perdu 30% de leur pouvoir d'achat depuis décembre 2024.