Professeur d’économie et de gestion des services de santé du Conservatoire National des Arts et Métiers (CNAM) et écrivain
Membre de l’Académie des Technologies
Ancien Directeur Général des hôpitaux.
Si l’on m’avait demandé il y a 22 ans quelle était la source d’énergie la plus dangereuse, j’aurais sans hésitation répondu l’énergie nucléaire. Mon opinion a changé après avoir étudié, en Russie, les conséquences sanitaires de deux catastrophes provoquées par la dispersion dans l’atmosphère de substances hautement radioactives. J’ai découvert, comme l’indique le diagramme ci-dessous, que l’énergie nucléaire est humainement la moins dangereuse, après l’énergie hydroélectrique.
Source : Roland Masse - Académie des technologies, Paris 2012
Ce tableau prend en compte les événements de Tchernobyl, Fukushima et la catastrophe qui eut lieu à l’est de Kychtym en Oural, dans les années 1953-1954. Ne soyons pas surpris. De source officielle chinoise, les décès par silicose, maladie des mineurs, sont annuellement de 24 000 et la pollution atmosphérique — pour l’essentiel due au charbon — tue prématurément plus de 700 000 personnes.
Soulignons ici, car c’est malheureusement nécessaire, que cette comptabilité macabre n’est pas affaire d’opinion, mais d’études épidémiologiques longues et qu’il n’y a aucune autre source crédible que celle de l’OMS, quoiqu’en dise quelques organisations et de nombreux experts auto-qualifiés « d’indépendants ».
Du point de vue de la santé publique et de l’écologie il est donc curieux de passer d’une source moins polluante et moins dangereuse — le nucléaire — à une source qui l’est considérablement plus : le charbon. Car, contrairement à ce que l’on entend prêcher, arrêt du nucléaire veut dire pour l’essentiel recours au charbon ; c’est déjà le cas en Allemagne. Quant au pays qui rejette par habitant, le plus de CO2 en Europe, c’est aussi celui qui a le plus d’éoliennes (le Danemark) et le plus recours au charbon et au gaz pour la fabrication de son électricité.
Certes le nucléaire est dangereux, certes ces centrales — et c’est pour moi la critique fondamentale — permettent aux pays qui en possèdent de produire du plutonium utilisable à des fins militaires, certes certains sols contaminés le demeurent longtemps, mais s’il y a un risque militaro-politique, le risque sanitaire est très maîtrisé.