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L’exploitation du gaz naturel comporte des risques :
- directs, pour l’homme ;
- indirects, dû à son impact environnemental.
Les dangers du gaz naturel sont liés au fait qu'il est explosif quand il est sous pression, qu'il est inflammable et que ses produits de combustion peuvent être toxiques.
En fonction des modes et des difficultés d’extraction, le gaz peut être classé parmi les gaz conventionnels ou non. Les gaz non conventionnels (gaz de schiste, de charbon, gaz compact et hydrates de méthane), d’accès plus complexe, suscitent actuellement la controverse sur leurs techniques d’extraction, ce qui n’a pas empêché leur fort développement aux USA.
Les dangers à chaque étape de la chaine de valeur
Extraction
L’extraction du gaz naturel mobilise des infrastructures complexes, y compris pour les gaz non conventionnels.
Transport
Le gaz naturel est transporté à haute pression dans des gazoducs sur des milliers de kilomètres. Les causes majeures de défaillance des gazoducs sont liées aux agressions (volontaires ou involontaires) de tiers ou à la corrosion interne ou externe. Un rejet de gaz naturel sous pression, responsable de projections d’objets, est le principal danger. L’inflammation du jet de gaz est un risque supplémentaire.
Le gaz naturel peut être aussi acheminé par des navires (méthaniers) sous forme liquide (GNL : Gaz Naturel Liquéfié) à environ -161°C. Comme tout liquide cryogénique, le GNL comporte des risques de brûlures liés à sa basse température. Un risque d’inflammation s’ajoute si le GNL s'échappe, à la suite d'une rupture de la coque par exemple.
Stockage
Avant d’être dirigé vers le consommateur final, le gaz naturel transite vers des sites de stockage installés près des gisements ou des zones de consommation. Deux types de stockage existent :
- le stockage « souterrain » : le gaz naturel est stocké sous pression. Lors d’une fuite, l’effet redouté est l’inflammation du jet de gaz ;
- le stockage « aérien » : le gaz naturel ou le GNL sous forme liquide sont stockés à pression atmosphérique. Une fuite de gaz naturel liquéfié (GNL) ou de gaz naturel peut apparaître au niveau des réservoirs.
La fuite d’un réservoir de gaz liquéfié est potentiellement plus dangereuse que celle d’un réservoir de gaz comprimé en raison d’une plus grande quantité de gaz libérée pour un même volume.
Distribution
Le réseau de distribution achemine le gaz naturel à basse pression jusqu’au consommateur final(3). 195 000 km de canalisations servent à la distribution du gaz en France, la plus grande partie étant enterrée. Cette distribution de gaz par canalisations enterrées est responsable d’une vingtaine d’accidents par an en France, dont les conséquences sont parfois meurtrières. 75% ont pour origine des travaux effectués à proximité de ces réseaux, provoquant un percement des canalisations et une fuite de gaz naturel.
Consommation
L’utilisation domestique est la principale cause des accidents dûs au gaz. De 2006 à 2009, une soixantaine d’accidents avec dommages corporels ont été recensés par an en France. Ces accidents sont causés principalement par des installations domestiques défectueuses, une mauvaise manipulation d’un appareil à gaz mais aussi à des incendies ou des intempéries.
Les risques directs et indirects
Risques directs
- Incendie : le gaz naturel est un combustible. En présence d’oxygène et d’une source de chaleur, il peut s’enflammer et exploser pour une concentration de gaz naturel dans l’air comprise entre 5 et 15% ;
- Explosion : pour qu’il y ait explosion, en cas d’inflammation d’un mélange air/gaz, il faut que le milieu soit confiné. En milieu libre (non confiné), le gaz naturel ne détonne pas car il se dilue rapidement dans l’atmosphère ;
- Anoxie (insuffisance cellulaire en oxygène) : à l’état libre, le gaz naturel est plus léger que l’air. Il s’élève rapidement et se disperse sans créer de nappe gazeuse ni au sol, ni dans l’atmosphère. Par contre, en milieu confiné, si la concentration du mélange gaz-air est supérieure à 25%(1), le gaz naturel se substitue à l’oxygène de l’air inhalé. Il agit alors comme un gaz asphyxiant par privation d’oxygène.
- Intoxication : dans un lieu confiné et dans le cas d’une combustion en milieu appauvri en oxygène, il y a production de monoxyde de carbone à partir du gaz naturel. Le monoxyde de carbone est un gaz incolore et inodore qui, même en petite quantité dans l’air, est immédiatement absorbé dans le système sanguin et prive le corps d’oxygène, d’où une mort rapide. Le risque d’intoxication sera plus ou moins élevé selon la dose absorbée, qui elle-même dépend de la concentration de l’air en monoxyde de carbone et de la durée d’exposition.
- Projection : la libération d’un gaz comprimé à forte pression peut s'accompagner de projections d'objets (éclats métalliques, terre, pierres...).
- Brûlures par le froid : le gaz naturel liquéfié, stocké sous forme cryogénique (c’est-à-dire à de très basses températures), comporte des risques de brûlures.
Risques indirects
Chaque étape de l’exploitation du gaz naturel entraine des émissions de gaz naturel dans l’atmosphère. Or, l’un des principaux composants du gaz naturel est le méthane (CH4), dont l’effet de serre est plus de 20 fois supérieur à celui du CO2 (avec toutefois un temps de séjour moins long dans l’atmosphère).
À ces risques environnementaux s’ajoutent ceux liés à l’extraction des gaz non conventionnels et notamment par la technique de fracturation hydraulique : cette technique a une influence sur les ressources en eau. En effet, des millions de litres d’eau sont utilisés pour chaque puits, avec l’ajout de nombreux produits chimiques. Seule une partie de cette eau contaminée est ensuite récupérée, le reste pouvant se déverser dans les nappes phréatiques, utilisées pour l'alimentation en eau potable(2). Toutefois, une gestion rigoureuse et contrôlée de ces techniques permet de limiter ces effets et le gaz de schiste se développe mondialement.
Les principaux accidents liés au gaz
Des accidents peuvent survenir à toutes les étapes de la filière, remettant en cause les mesures de prévention existantes. Voici une liste chronologique d’événements majeurs :
Consommation par les particuliers
1937, New London, Texas, Etats-Unis : une fuite de conduite de gaz est à l’origine de l’explosion détruisantla LondonSchoolof New London, provoquant 295 morts(4).
Depuis cet accident, un odorant chimique, à base de tétrahydrothiophène (THT) ou de mercaptan (composé soufré), est ajouté au gaz naturel destiné aux réseaux de distribution. Il permet de détecter une fuite grâce à son odeur particulière.
Terminaux méthaniers
1944, Cleveland, Ohio, Etats-Unis : il s’agit d’un accident impliquant une installation de GNL. Peu après le remplissage du réservoir avec du GNL, le métal s’est fissuré, ce qui a entraîné une fuite de GNL. Les vapeurs de gaz naturel se sont répandues dans un égout pluvial et se sont enflammées. Le gaz naturel étant confiné dans les égouts, une explosion s'est produite, provoquant 128 morts. Les normes de sécurité et la conception des réservoirs modernes empêchent maintenant ce type d’accident.
Stockage
1984, Mexico, Mexique : une fuite dans une installation de stockage de GPL (Gaz de Pétrole Liquéfié) provoque un incendie et une explosion. Ce dépôt de gaz est situé en milieu urbain : l’accident entraine alors l’évacuation de 200 000 personnes, 7 000 blessés et 500 morts. Des projections ont été retrouvées jusqu’à 1 200 mètres.
Gazoducs
- 1989, Acha Ufa, ex-URSS : une nappe de gaz, ayant pour origine une fuite sur gazoduc, explose et provoque 192 morts ainsi que 706 blessés.
- 2004, Ghislenghien, Belgique(5) : une fuite de gaz sur gazoduc cause une explosion faisant 24 morts et 132 blessés. La cause de l'incident est l’endommagement de la canalisation par un engin de chantier. Les dégâts estimés atteignent un montant de 100 millions d'euros.
Réseaux de distribution en France
Fin 2007 – début 2008, France : pendant cette période, 4 explosions ont lieu successivement à :
- Bondy, en octobre 2007 ;
- Niort, en novembre 2007 ;
- Noisy-le-Sec, en décembre 2007 ;
- Lyon, en février 2008.
Provoquant 2 morts et plus d’une cinquantaine de blessés, elles sont dues à un endommagement du réseau de distribution lors de travaux sur la voie publique. Suite à ces événements, le ministère en charge de l’énergie et du développement durable engage une réforme du cadre réglementaire pour les travaux à proximité des réseaux de transport et de distribution du gaz naturel(6).
Plus récemment, d'autres fuites de gaz dans des immeubles ont eu leu :
- Paris - Rue Saint-Jacques en juin 2023 : Une explosion de gaz dans le 5ème arrondissement de Paris a provoqué un incendie, détruisant partiellement un bâtiment. L'accident a causé la mort de quatre personnes et en a blessé une cinquantaine d'autres.
- Lyon - Rue Baraban en mai 2024 : Une fuite de gaz a entraîné une explosion dans le 3ème arrondissement de Lyon, causant des blessures à plusieurs personnes et détruisant plusieurs appartements.
- Marseille - Rue de Tivoli en juillet 2023 : Une explosion due à une fuite de gaz a détruit plusieurs immeubles, causant la mort de plusieurs personnes et de nombreux blessés. L'explosion a été si forte qu'elle a endommagé des bâtiments dans un rayon de plusieurs centaines de mètres.
Extraction du gaz de schiste aux USA
- Pennsylvanie en 2011 : une explosion survient durant une opération de fracturation hydraulique. Les populations locales sont évacuées et des milliers de litres d’eaux usées issues du forage s’échappent du puits d’extraction.
- Séismes en Oklahoma : L'augmentation des séismes dans cette région a été largement attribuée à l'injection d'eaux usées provenant des opérations de fracturation hydraulique.
- Pavillion, Wyoming en 2011 : Contamination de l'eau potable par des produits chimiques de fracturation.
- Greene County, Pennsylvania en 2014 : Une explosion sur un site de fracturation a tué un travailleur et blessé plusieurs autres, provoquant également un incendie difficile à maîtriser.
La prévention : ce qui est mis en place pour éviter les accidents
Transport
Le contrôle du débit de gaz au niveaudes gazoducs permet d’émettre un signal d’alarme en cas de fuite ou d’accident. Un contrôle régulier du réseau de transport est assuré par les sociétés gazières.
En ce qui concerne les méthaniers, leur conception prévoit une double coque qui limite la probabilité qu'une cuve soit éventrée, en cas d'accident de la coque externe (échouage, collision). La cuve comporte elle-même une double barrière remplie d'azote gazeux destiné à empêcher toute réaction avec l'oxygène atmosphérique.
Dans de nombreux pays, pour limiter l'impact d'une potentielle explosion, l'accès à un chenal est interdit à tout autre navire dès qu'un méthanier est engagé dans celui-ci en sens inverse. Un bateau peut suivre un méthanier mais non le croiser.
Stockage
Des mesures sont entreprises pour améliorer la sécurité des réservoirs : mise en place de revêtements spéciaux, amélioration de l’efficacité des équipements…
Distribution
Le gaz naturel est distribué après ajout d’un additif à l’odeur prononcée, décelable quand l’air ambiant contient 1% de gaz naturel.
Utilisation domestique(8)
Des normes de sécurité sont fixées pour les appareils à gaz et les installations de gaz combustible à l’intérieur des bâtiments d’habitation ou de leurs dépendances.
Ensuite, certains distributeurs et fournisseurs de gaz peuvent proposer aux consommateurs des diagnostics volontaires de leurs installations intérieures de gaz.
Enfin, informer le grand public sur les dangers du gaz naturel est nécessaire. Pour réduire les accidents domestiques, des campagnes nationales de sensibilisation et une diffusion de conseils pratiques par les exploitants sont réalisées.
Au niveau de l’Union Européenne, la sécurité des appareils à gaz est garantie par le marquage CE, issu d’une évaluation de conformité. En France, CERTIGAZ est un des organismes habilités pour cette évaluation.
La sécurité des installations domestiques fait aussi l’objet de normes européennes. QUALIGAZ est un exemple d’organisme de contrôle des installations de gaz dans l’habitat.