EasyJet indique que les émissions de ses avions ont atteint près de 80 grammes de CO2 par kilomètre parcouru et par passager en 2016. (©EasyJet)
La compagnie aérienne EasyJet a annoncé hier qu’elle souhaitait disposer d’ici 10 ans d’un avion électrique pour réaliser des vols court-courriers. Une ambition démesurée ?
Un Paris-Londres en avion électrique d’ici 10 ans ?
C’est la start-up américaine Wright Electric(1) qui doit développer un avion 100% électrique pour la compagnie britannique EasyJet. Fondé en 2016, ce constructeur qui réunit des ingénieurs aéronautiques et des chimistes spécialisés dans les batteries, a déjà réalisé un prototype électrique de 2 places (dont la batterie embarquée pesait près de 270 kg).
Le projet d’EasyJet exposé hier est bien plus ambitieux : mettre en service d’ici une décennie un avion électrique susceptible de transporter 120 à 220 passagers, avec une autonomie de 335 miles (soit 539 km), ce qui permettrait de réaliser des vols de moins de 2 h (par exemple entre Paris et Londres ou Londres et Amsterdam)(2). L’avion en question, dont de nombreuses caractéristiques restent à préciser, disposerait d’un système de propulsion électrique installé dans ses ailes, associé à des batteries placées sous les sièges des passagers.
Pour Gérard Feldzer, ancien pilote de ligne spécialiste du transport aérien, cette annonce constitue avant tout un « formidable coup de communication ». Il pointe les nombreux verrous technologiques et les moyens colossaux nécessaires pour un tel projet (EasyJet n’a pas communiqué sur les fonds alloués à Wright Electric). Malgré les progrès des performances des batteries électriques, leur faible densité énergétique constitue notamment un défi majeur pour des vols commerciaux.
Vers une décarbonation du transport aérien ?
« Quand on parle de vol électrique court-courrier, la question est désormais quand et non plus comment », assure la directrice générale d'EasyJet Carolyn McCall. Si cette assertion est partagée par un nombre croissant d’acteurs du secteur, l’horizon de temps fixé par la compagnie interpelle.
D’autres acteurs majeurs sont engagés dans cette « course » aux avions électriques, à l’image de Boeing qui souhaite développer un petit avion électrique régional, en partenariat avec JetBlue et la start-up Zunum Aero. Airbus a pour sa part abandonné en mars 2017 le projet d’avion électrique E-fan (qui avait traversé la Manche en juillet 2015(3)) pour se recentrer sur un projet d’avion hybride.
EasyJet profite de l’attention sur son possible virage électrique pour communiquer sur sa stratégie environnementale (la compagnie a fixé un objectif « zéro émission » pour tous ses vols court-courriers d’ici 20 ans) alors que les émissions de gaz à effet de serre du secteur aérien sont pointées du doigt(4). La compagnie low cost souligne en outre l’avantage économique que conférerait le recours à l’électricité par rapport au kérosène.
EasyJet souhaite par ailleurs intégrer des avions A320neo et A321neo dans sa flotte pour réduire sa consommation de carburant(5) et avoir recours à des véhicules à propulsion électrique pour le remorquage de ses avions à l’aéroport de Londres-Gatwick. Un système de « roulage » à hydrogène devrait également être testé à partir de l’an prochain pour les déplacements de ses avions au sol.