Le groupe Airbus est très impliqué dans le développement des avions électriques dans le cadre du projet de recherche européen « VoltAir ». Sur cette photo, l’E-Fan. (©Airbus)
La semaine dernière, deux avions électriques ont été au cœur de l’actualité : l’E-Fan du groupe Airbus a traversé la Manche quelques jours après que l’avion Solar Impulse 2 ait rallié Hawaï après 5 jours de vol au-dessus du Pacifique. Focus sur ces avions qui prennent de la hauteur en silence.
Autonomes au-dessus des mers et océans
L’E-Fan, avion électrique d’Airbus, a mis 36 minutes le 10 juillet pour effectuer le trajet entre Lydd en Angleterre et Calais. C’est l’un des premiers avions 100% électriques à réaliser cette traversée(1), près de 106 ans après le vol de l’aviateur pionnier Louis Blériot. L’E-Fan est propulsé grâce à deux moteurs électriques dont la puissance cumulée atteint 60 kW. Ces moteurs sont alimentés par des batteries lithium-ion-polymère intégrées dans les ailes de l’avion.
Les batteries de l’E-Fan ont une densité énergétique de 207 Wh/kg. Elles constituent près de la moitié du poids de l’avion à vide (500 kg) et lui confèrent une autonomie avoisinant 45 minutes (jusqu’à 1 heure avec des batteries ayant une meilleure densité énergétique). Mesurant 6,67 m de long et 9,5 m de large, l’avion dispose de deux places. Il peut voler jusqu’à une vitesse de près de 220 km/h.
L’avion solaire Solar Impulse 2 dispose pour sa part d’une autonomie a priori beaucoup plus prometteuse grâce à ses plus de 17 000 cellules photovoltaïques : il a parcouru 7 200 km entre le Japon et Hawaï en 117 heures et 52 minutes. L’autonomie de l’avion reste toutefois contrainte par les conditions météorologiques (ciel dégagé) qui avaient obligé le report de la traversée du Pacifique à plusieurs reprises. De plus, les responsables du projet Solar Impulse ont annoncé ce matin que les batteries avaient subi des dommages irréversibles durant la traversée (surchauffe). L’avion solaire devra rester à Hawaï pour des réparations et ne reprendra son tour du monde qu’au début du printemps 2016.
A quand des vols commerciaux ?
Il existe d’autres avions électriques en cours de développement comme l’Alpha Electro de la société slovène Pipistrel qui annonce des performances similaires à celles de l’E-Fan. Tous les projets n’ont toutefois pas les mêmes ambitions. L'équipe de Solar Impulse cherche par exemple à démontrer la crédibilité des avions solaires tandis qu’Airbus se projette d’ores et déjà vers des vols commerciaux.
Après des vols d’essais, un E-Fan 2.0 devrait être lancé auprès des aéroclubs fin 2017 (avec un rythme initial de production de 10 à 15 avions par an). Une version E-Fan 4.0 de 4 places à propulsion hybride devrait suivre à l’horizon 2019. D’ici 20 ans, on envisage chez Airbus de faire voler des avions électriques d’une centaine de places. Faire reposer le décollage sur la seule puissance des batteries constitue un des enjeux que doivent encore relever les chercheurs du groupe. Ces derniers s’intéressent par ailleurs à intégrer des matériaux supraconducteurs dans l’avion électrique du futur afin de limiter les pertes d’énergie entre les batteries et le moteur.