Outre sa recharge par induction, la batterie du bus électrique de Scania récupère également de l’électricité lors des phases de freinage. (©Scania)
Depuis début décembre, un bus électrique hybride de la ville de Södertälje, au sud de Stockholm, peut recharger sa batterie par induction à l’un des arrêts de son parcours. Cette expérimentation fait partie des projets développés en Suède pour favoriser le développement de transports « sans énergies fossiles ». Explications.
Une recharge par induction en 7 minutes
Pour recharger sa batterie électrique, le bus hybride circulant sur la ligne 755 de Södertälje n'a pas besoin de câble. Ce bus du constructeur automobile Scania doit uniquement se garer sur un emplacement précis à la fin de son parcours où la recharge débute automatiquement par induction. Le principe de cette technologie est éprouvé et repose essentiellement sur deux bobines(1), dans le cas présent l'une située sous la route (et alimentée par un courant électrique) et l'autre dans le plancher du bus. Lorsque les deux bobines sont alignées, un transfert d’électricité s'opère grâce au champ électromagnétique créé.
La bobine du bus incorporée dans une « plaque de chargement » transmet l'électricité à une batterie lithium-ion de 56 kWh située sur le toit du véhicule. Celle-ci peut être totalement rechargée par induction en 6 à 7 minutes selon Scania. Elle confère au bus une autonomie suffisante pour parcourir l’ensemble de son parcours de 10 kilomètres. Le bus dispose par ailleurs d’un moteur diesel pouvant être alimenté à partir de biocarburants. Au total, le modèle de la ligne 755 pouvant être rechargé par induction pèse près de 1 200 kg de plus qu'un bus hybride classique de Scania.
La « station de recharge » (conçue par Bombardier) présente l'intérêt d'être quasiment invisible en surface et silencieuse, précise l’électricien Vattenfall qui en assure la gestion. Se pose naturellement la question de son efficacité énergétique et des pertes entre la fourniture d'électricité en amont et celle parvenant à la batterie. Selon Vattenfall, cette efficacité atteint 91%, contre 93% dans le cas des solutions de recharge par conduction. Malgré l'investissement initial important exigé par une station de recharge par induction, l'électricien considère que son coût total sur sa durée de vie est comparable à celui d'autres solutions de recharge testées grâce à des coûts de maintenance plus faibles.
Le coût total du projet s’élève à 38 millions de couronnes suédoises (de l’ordre de 3,9 millions d’euros) selon Scania, dont 22 millions provenant du groupe automobile suédois. Précisons que Bombardier a fourni des stations de recharge par induction similaires qui sont testées dans les villes de Berlin, Braunschweig et Mannheim en Allemagne et de Bruges en Belgique.
La recharge du bus électrique par induction s’effectue à l’un de ses arrêts. Les bobines situées sous la route et dans le plancher du bus (1 et 2) permettent, sans contact physique, de transférer de l'électricité qui est acheminée jusqu'à la batterie sur le toit du véhicule (3). (©Scania)
La vision suédoise de transports « sans énergies fossiles »
La Suède a annoncé vouloir se passer des énergies fossiles dans les transports à l’horizon 2030(2). Ce secteur serait à l’origine de 45% des émissions de CO2 du pays. L’ambition suédoise passe entre autres par une forte électrification des transports publics. L’Agence de l’énergie suédoise a d’ailleurs apporté une aide pour la recherche autour de ce projet de plus d’un million d’euros(3).
Plusieurs solutions de recharge électrique sont actuellement testées en Suède. Fin juin 2016, une portion d’autoroute de 2 km équipée d’un système de caténaires permettant la circulation de camions grâce à une alimentation électrique a été entre autres inaugurée au nord de Stockholm. Notons que si la Suède a très peu recours au gaz dans son mix énergétique, elle a favorisé l’usage du biométhane parmi les carburants alternatifs(4).
Vattenfall garantit pour sa part fournir une alimentation électrique d’origine renouvelable (principalement éolienne) à sa station de recharge par induction de Södertälje. Pour rappel, la production électrique de la Suède est « décarbonée » à près de 97%, essentiellement grâce aux énergies nucléaire (la Suède dispose d’un parc de 10 réacteurs) et hydraulique (plus de 2 000 centrales hydroélectriques).
Au total, la biomasse satisfait près d'un tiers des besoins énergétiques de la Suède (consommation directe, dans les réseaux de chaleur et sous forme d'électricité). (©Connaissance des Énergies)