Royaume-Uni : bouclage d'un méga-projet pour enfouir des millions de tonnes de CO2 en mer d'Irlande

  • Connaissance des Énergies avec AFP
  • parue le

Le gouvernement britannique et l'énergéticien italien Eni ont annoncé jeudi le "bouclage financier" d'un méga-projet dans le nord-ouest de l'Angleterre visant à acheminer puis enfouir en mer d'Irlande des millions de tonnes de CO2 chaque année.

Anciens réservoirs de gaz dans la baie de Liverpool

"Nous avons finalisé un accord avec Eni" qui prévoit une investissement de 2 milliards de livres (2,3 milliards d'euros) de de la part de l'entreprise et permettra "la création de 2 000 emplois", a détaillé le Premier ministre britannique Keir Starmer lors d'un sommet sur l'énergie, à Londres.

"Le bouclage financier permet au projet (...) de passer à la phase de construction", s'est félicité Eni dans un communiqué conjoint avec le gouvernement.

Le Royaume-Uni avait annoncé en octobre un investissement de 22 milliards de livres (25,7 milliards d'euros) sur 25 ans pour développer des pôles de captage et stockage de carbone, dans deux anciennes zones industrielles du nord de l'Angleterre. Le gouvernement ne précise pas le montant qui sera alloué au projet d'Eni.

Le pays "lance une toute nouvelle industrie d'énergie propre" qui permettra "de créer des milliers d'emplois" et "de revitaliser les communautés industrielles" du pays, assure dans le même communiqué le ministre de l'Energie Ed Miliband.

Le projet lancé jeudi permettra d'acheminer le CO2 émis par des usines du nord-ouest de l'Angleterre et du nord du Pays-de Galles jusqu'à d'anciens réservoirs de gaz naturel, aujourd'hui épuisés, dans la baie de Liverpool. Eni prévoit de stocker 4,5 millions de tonnes de CO2 par an, une quantité qui pourrait monter à 10 millions après 2030 - l'équivalent des émissions de 4 millions de voitures. L'entreprise prévoit de réutiliser une partie des plateformes en mer et du réseau existant de conduites de gaz, et de construire 35 km de tuyaux supplémentaires.

Une capacité de captage équivalant pour l'heure à 0,1% des émissions mondiales.

Le captage et le stockage du carbone (CCS) consiste à capter les émissions en sortie d'usines avant qu'elles ne partent dans l'atmosphère. Le CO2, principal responsable du réchauffement climatique, est ensuite injecté en profondeur dans des réservoirs géologiques ou, dans certains cas, réutilisé.

Complexe et coûteuse, la solution est toutefois soutenue par le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (Giec), notamment pour réduire l'empreinte d'industries difficiles à décarboner telles les cimenteries ou la sidérurgie, afin de réduire les émissions de gaz à effet de serre.

Mais des ONG de défense de l'environnement dénoncent l'investissement massif de Londres dans ce secteur, appelant à privilégier les énergies renouvelables. Une commission parlementaire a quant à elle critiqué en février un pari "à haut risque" sur une technologie qui n'a "pas fait ses preuves".

La capacité totale de captage de CO2 n'atteint aujourd'hui que 50,5 millions de tonnes par an dans le monde, selon l'Agence internationale de l'énergie. Soit 0,1% des émissions mondiales.

Commentaires

EtDF
La capacité totale de captage de CO2 n'atteint aujourd'hui que 50,5 millions de tonnes par an dans le monde, selon l'Agence internationale de l'énergie. Soit 0,1% des émissions mondiales. Complexe et coûteuse, la solution est toutefois soutenue par le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat. Il semblerait que l'on ait besoin de quelques Shadocks en plus !
Vincent
C'est surtout qu'on ne pourra pas atteindre le net zero sans enfouir du CO2. Le net de "net zero", ce sont les émissions négatives, puisque certains secteurs ne pourront pas être décarbonés sans ça. Après oui, ces solutions sont chères, c'est pour ça qu'il faut financer en priorité les solutions moins chères, mais il reste important de les développer quand même car il faut des décennies pour développer des technos. Donc pour qu'elles soient prêtes dans 30 ans pour finir la décarbonation, il faut commencer maintenant.
Aude
Pourquoi ne pas sanctuariser les puits de carbone (forêts) et lancer un plan de reforestation massive ?
Michel P
Pourquoi ne pas arrêter d'émettre du C02 par la combustion des énergies fossiles plutôt que mettre en place des "solutions" comme celles-ci inefficaces (0,1% des émissions), coûteuses (25 milliards d'euros tout de même) et surtout qui justifient la poursuite du modèle économique qui nous mène dans le mur ? On va me dire que ce n'est pas réaliste de penser tout arrêter, mais comme c'est suicidaire de continuer sur la même voie, simplement en essayant de limiter les dégâts (avec un succès qu'on sait déjà très faible), quel risque vaut-il mieux prendre : une crise économique ou la destruction des conditions d'habitabilité humaine sur Terre ? D'une part les impacts du premier risque sont plus limités, ça se compte en années voire en décennies mais pas en millénaires, d'autre part nous sommes mieux armés pour y faire face, l'histoire humaine nous ayant donné pleins d'exemples pour savoir comment y répondre.

Ajouter un commentaire

Undo Redo Enlarge Shrink List-numbered List bullet Bold Underline Italic Strike through Link Clear-formatting Horizontal rule