À Vienne, les membres de l’OPEP et 10 autres producteurs de pétrole (Russie en tête) ont annoncé le 2 juillet la reconduction de leur accord de réduction de la production pétrolière pour une période de 9 mois supplémentaires.
9 mois supplémentaires
Les 14 membres de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) et 10 autres producteurs, réunis ensemble sous l’appellation « OPEP+ », vont maintenir leurs plafonds de production pétrolière jusqu’au 31 mars 2020. Cette conclusion de la 6e réunion de l’OPEP+ à Vienne ne faisait guère de mystère, les dirigeants russe et saoudien ayant fait des annonces dans ce sens la semaine dernière, en marge du sommet du G20 au Japon.
En amont de la réunion de Vienne, l’Iran a d'ailleurs fait part de sa désapprobation au sujet de ces déclarations (tout en soutenant une reconduction de l’accord de l’OPEP+), jugeant que l’OPEP allait « mourir avec un tel processus » de décision. Côté saoudien, le ministre en charge de l’énergie Khaled al-Falih a affirmé que l’OPEP comptait désormais pour « moins de 30% de la production mondiale » (41,5% de la production mondiale en 2018 selon le BP Statistical Review of World Energy) et que l’influence de la Russie était au contraire « bienvenue » pour équilibrer les marchés pétroliers et soutenir les cours du brut.
Pour rappel, les membres de l’OPEP+(1) avaient convenu en décembre 2018 une réduction de leur production de pétrole brut de 1,2 million de barils par jour (Mb/j) à compter de janvier 2019 (par rapport au niveau de production d’octobre 2018) pour une période « initiale » de 6 mois. Cet accord est reconduit à l’unanimité, les producteurs de l’OPEP+ s’engageant dans une « Déclaration de coopération » à poursuivre conjointement leur action pour équilibrer les marchés pétroliers.
Les 24 producteurs de pétrole de « l'OPEP+ ». (©Connaissance des Énergies)
Équilibre offre-demande et cours du brut
Les marchés pétroliers sont aujourd’hui « soumis à deux forces contradictoires », juge IFP Énergies nouvelles dans une note publiée mi-juin : la production américaine d’hydrocarbures liquides continue de progresser (+ 2,2 millions de barils par jour de pétrole et de liquides de gaz naturel en 2018, l’EIA anticipant un « niveau de croissance assez proche en 2019 ») et est encore susceptible de faire chuter les prix tandis que « des réductions subies et difficilement prévisibles » affectent l’offre de certains pays de l’OPEP (Iran, Venezuela, Libye).
Les tensions actuelles dans la région du Golfe renforcent les incertitudes autour de l’offre pétrolière. Au niveau de la demande, l'Agence internationale de l'énergie a réduit à plusieurs reprises sa prévision de la consommation mondiale de brut pour 2019.
Dans un entretien au Financial Times(2), Vladimir Poutine a jugé fin juin que la stratégie de l'OPEP+ avait jusqu'ici été « payante puisque le prix du baril de Brent a pris environ 22% depuis janvier ». Des divergences existent toutefois sur le niveau de cours recherché par les différents membres de l'OPEP+ : la Russie est « heureuse d'un baril à 60-65 dollars » alors que le budget de l'Arabie saoudite justifierait un cours d'environ 85 dollars, indique à l’AFP Bjarne Schieldrop, analyste chez SEB. Le prix du baril de Brent a atteint en moyenne 66 $ au cours des cinq premiers mois de 2019 (contre 71 $ en moyenne sur l’ensemble de l’année 2018). Au 2 juillet, le cours du Brent a clôturé à 62,6 $ par baril.