De nombreuses incertitudes planent actuellement sur les marchés pétroliers. (©Pixabay)
À près de deux semaines de la prochaine réunion de l’« OPEP+ », les marchés pétroliers restent soumis à de nombreuses interrogations : embargo pétrolier contre l’Iran et tensions dans le Golfe, situation économique du Venezuela, développement des huiles de schiste aux États-Unis, croissance économique mondiale, etc. IFP Énergies nouvelles livre son analyse dans une nouvelle note publiée le 11 juin(1).
Une nouvelle chute des prix après 2014 ?
Le prix du baril de Brent a atteint en moyenne 66 $ au cours des cinq premiers mois de 2019 (contre 71 $ en moyenne sur l’ensemble de l’année 2018). La fin des exemptions sur l’embargo pétrolier contre l’Iran, annoncée en avril 2019 par Donald Trump, a « déclenché le passage au-dessus des 70 $/b pour le Brent », rappelle IFP Énergies nouvelles.
Le prix du brut est depuis redescendu et la progression de la production américaine d’hydrocarbures liquides (+ 2,2 millions de barils par jour de pétrole et de liquides de gaz naturel en 2018, l’EIA anticipant un « niveau de croissance assez proche en 2019 ») est encore susceptible de faire chuter les prix, comme cela avait été le cas en 2014, souligne IFP Énergies nouvelles. Pour rappel, la demande annuelle de pétrole au niveau mondial augmente entre 1,1 Mb/j et 1,5 Mb/j chaque année depuis 2016 (la prévision de l’AIE pour 2019 est de + 1,3 Mb/j).
Les marchés petroliers sont toutefois « soumis à deux forces contradictoires » : parallèlement à la hausse des productions des pays « non OPEP » (États-Unis en tête), « des réductions subies et difficilement prévisibles » affectent l’offre de certains pays de l’OPEP (Iran, Venezuela, Libye).
Les tensions actuelles dans la région du Golfe sont en outre susceptibles « à l’évidence de faire peser une forte contrainte sur l’équilibre pétrolier mondial », sachant que les 6 pays du CCG (Conseil de coopération du Golfe : Arabie saoudite, Bahreïn, Émirats arabes unis, Koweït, Oman, Qatar) produisent actuellement près de 22 Mb/j.
Évolution depuis 2010 du cours du baril de Brent coté à Londres (©Connaissance des Énergies)
Quelle stratégie pour l'OPEP+ ?
Les pays producteurs de l’ « OPEP+ » (OPEP et partenaires dont la Russie réunis pour « assurer la stabilité du marché pétrolier ») doivent définir leur politique pour le second semestre 2019 lors des réunions ministérielles des 25 et 26 juin, rappelle IFP Énergies nouvelles qui juge « présomptueux d’anticiper aujourd’hui le choix final ».
Au regard des tendances actuelles – « en supposant une stabilité de la production iranienne » – l’équilibre entre offre et demande pourrait être assuré en 2019. L’Iran a vu ses exportations réduites à près de 0,5 Mb/j en mai 2019 selon les dernières statistiques (alors que « les disponibilités à l’export se situaient à 2,7 Mb/j en 2017 »). Au Venezuela, les capacités disponibles pour les exportations sont passées de 2 Mb/j en 2015 à 1 Mb/j en 2018 et 0,6 Mb/j en 2019 selon IFP Énergies nouvelles.
Pour rappel, l’OPEP+ avait fortement réduit son offre pétrolière début 2017, avant de la remonter légèrement en juillet 2018. Fin 2018, l’OPEP+ avait annoncé une nouvelle baisse de sa production qui est en vigueur depuis début 2019.