La Malaisie, 4e producteur asiatique de pétrole, fait notamment partie des pays non-OPEP ayant conclu l’accord du 10 décembre 2016. (©Petronas)
Suite à l’accord de l’OPEP du 30 novembre, onze pays « non-OPEP » se sont réunis le 10 décembre à Vienne pour contribuer à la réduction de l’offre globale de pétrole sur les marchés. Mais qui sont ces pays ?
La Russie, acteur « non-OPEP » omniprésent
La Russie est actuellement le 3e producteur mondial de pétrole avec une production d’environ 11,2 millions de barils par jour (Mb/j) en octobre/novembre 2016. Pour des raisons budgétaires, ce pays était le plus engagé parmi les « non-OPEP » dans les négociations visant à réduire la production globale de pétrole. Le ministre russe en charge de l’énergie Alexandre Novak a d’ailleurs présidé la réunion du 10 décembre à Vienne, avec le président de la Conférence de l’OPEP Mohammed Bin Saleh Al-Sada (Qatar).
Les dix autres pays hors OPEP concernés par l’accord conclu dans la capitale autrichienne, sont par ordre de production :
- le Mexique (2,1 Mb/j en octobre/novembre 2016)
- le Kazakhstan (1,7 Mb/j) ;
- Oman (1 Mb/j) ;
- l’Azerbaïdjan (0,8 Mb/j) ;
- la Malaisie (0,7 Mb/j) ;
- la Guinée équatoriale (0,2 Mb/j),
- le Soudan (0,1 Mb/j) ;
- le Soudan du Sud (0,1 Mb/j) ;
- le Brunei (0,1 Mb/j).
Globalement, les 11 pays « hors OPEP » se sont engagés à réduire de 558 000 barils par jour leur production cumulée, soit légèrement moins que l’objectif fixé par l’OPEP fin novembre 2016 (baisse de 600 000 barils par jour). Dans les faits, l’essentiel de cette baisse est assuré par les deux plus grands producteurs de ce groupe hétérogène : la Russie (- 0,3 Mb/j) et le Mexique (- 0,1 Mb/j). Pour rappel, les pays de l’OPEP s’étaient pour leur part engagés fin novembre à réduire leur production de pétrole de 1,2 Mb/j à partir du 1er janvier 2017.
Une lecture de l’accord « assez compliquée »
Les informations sur la négociation des pays non-OPEP ont été moins détaillées et moins médiatisées que celles fournies lors de la réunion de l’OPEP fin novembre 2016. « En analysant les baisses, les reculs par pays se situent entre 1 % et 6 % par rapport à la production d’octobre 2016(1) », précise Guy Maisonnier, spécialiste des marchés pétroliers au sein d’IFP Energies nouvelles.
« Dans certains cas, les baisses en volume sont symboliques et seront difficiles à contrôler et à mettre en place », constate Guy Maisonnier. Il cite notamment le cas de l’Azerbaïdjan dont la production est censée diminuer de 0,82 à 0,79 Mb/j, soit une baisse « à la limite de l’erreur statistique ».
Les cas du Sultanat d'Oman et du Kazakhstan mettent également en lumière selon lui « la lecture assez compliquée de cet accord » : Oman a annoncé une baisse de production de 45 000 barils par jour mais semble entériner avec cet objectif un recul naturel de sa production. Le Kazakhstan s’est pour sa part engagé à une baisse de seulement 20 000 barils par jour mais le pays envisageait précédemment d’augmenter sa production en 2017. Malgré les apparences, l’effort du Kazakhstan peut ainsi être considéré comme plus élevé que celui du sultanat d’Oman.
Quel effet sur les marchés ?
Après presqu’un an de discussions, l’entente des pays OPEP et non-OPEP constitue une première depuis 2001. Le président de la Conférence de l’OPEP a qualifié d’ « historique » l’accord du 10 décembre dont les effets se sont rapidement faits sentir sur les cours du pétrole, avec un prix du baril de Brent dépassant les 57 dollars dès le lendemain de la réunion de Vienne. La fourchette des 60 à 70 dollars par baril, citée par Patrick Pouyanné(2) comme une limite pour que les majors du pétrole « se portent mieux » n’est plus très éloignée.
« Globalement, ce qui est important, c’est la volonté de l’Arabie saoudite de soutenir les cours », rappelle Guy Maisonnier qui indique que de nombreuses incertitudes sont encore susceptibles de bouleverser le marché : capacité des autorités russes à infléchir les décisions des compagnies impliquées sur son territoire, niveau de relance de l’offre américaine, contexte géopolitique et financier, etc.
Il est prévu que l’accord des pays non-OPEP s’applique, comme celui de l’OPEP, à partir du 1er janvier 2017 pour 6 mois, avec une prolongation possible de 6 mois supplémentaires.
Dans le cadre des accords du 30 novembre et du 10 décembre, membres de l'OPEP et pays « non-OPEP » se sont au total engagés à réduire leur production pétrolière de presque 1,8 Mb/j. (©Connaissance des Énergies)