L’Arabie saoudite, les Émirats arabes unis et l’Iran ont compté, à eux trois, pour la moitié des revenus de l’OPEP liés aux exportations nettes de pétrole en 2016. (©Anadarko)
Les pays membres de l’OPEP (Organisation des pays exportateurs de pétrole) pourraient voir leurs revenus liés aux exportations de pétrole remonter de presque 25% en 2017 par rapport à l’an dernier selon des estimations publiées par l’EIA américaine.
Exportations de pétrole : des revenus au plus bas en 2016…
En 2016, les revenus des pays membres de l’OPEP liés à leurs exportations nettes de pétrole n’auraient atteint que 433 milliards de dollars selon l’EIA(1), soit leur plus bas niveau depuis 2004. Ce montant est près de 15% inférieur à celui de 2015 (509 milliards de dollars), principalement en raison de la baisse des prix du brut(2) mais aussi d’une baisse des volumes de pétrole exportés.
L’Arabie saoudite, premier exportateur mondial de brut, a à elle seule tiré 133 milliards de dollars de revenus liés à ses exportations nettes de pétrole en 2016. Le royaume qui a longtemps joué le rôle de « swing producer » sur les marchés pétroliers s’est trouvé au cœur de l’accord de réduction de la production de pétrole conclu fin 2016 afin de faire remonter les cours du pétrole(3).
Une stratégie jusqu’ici mitigée : les producteurs respectent dans l’ensemble leurs quotas de production mais les cours du brut peinent à remonter (le prix du baril de Brent en avril 2017 était même inférieur à celui de décembre 2016), alors que la production américaine de pétrole de schiste continue à gonfler l’offre globale.
Carte des revenus des membres de l'OPEP(4) liés à leurs exportations nettes de pétrole (©Connaissance des Énergies, d'après EIA)
Signalons que le Qatar et le Koweït restent de loin les pays qui bénéficient des plus importants revenus par habitant liés aux exportations de pétrole. Ces derniers se sont respectivement élevés à 10 458 $ et 9 344 $ par habitant en 2016.
L’EIA parie sur une remontée des cours et des revenus de l’OPEP
Selon les projections de l’EIA, les revenus de l’OPEP pourraient fortement augmenter en 2017 pour atteindre 539 milliards de dollars, grâce à la hausse du prix du brut, même si celle-ci n’est pas à la hauteur des attentes de l’OPEP. De façon plus contestable, l’EIA estime également que les exportations des membres de l’OPEP (comptabilisées par l’agence américaine comme la différence entre la production et la consommation desdits pays) vont également être légèrement supérieures à celles de 2016 (sans prendre en compte une reconduite possible de l'accord de réduction de la production).
L’EIA considère que les revenus pétroliers de l’OPEP vont poursuivre leur remontée en 2018 pour atteindre 595 milliards de dollars. Un montant qui reste toutefois très éloigné des records entre 2011 et 2013 (plus de 1 000 milliards de dollars de revenus liés aux exportations de pétrole par an(5)).
Évolution des revenus des membres de l'OPEP liés à leurs exportations nettes de pétrole (©Connaissance des Énergies, d'après EIA)
La reconduite possible de l’accord de réduction de la production pour 9 mois supplémentaires (jusqu’au 31 mars 2018) pourrait toutefois sensiblement faire évoluer ces chiffres. L’Arabie saoudite, le Koweït et la Russie ont d’ores et déjà annoncé leur préférence pour cette solution, avant la réunion des États membres de l’OPEP sur le sujet prévue le 25 mai.
Accord ou pas, ces producteurs fortement dépendant de leurs revenus pétroliers resteront par ailleurs menacés par le schiste américain, qui constitue pour eux une épée de Damoclès de plus en plus pesante. En mai 2017, la production « onshore » de pétrole brut aux États-Unis(6), incluant celle de schiste, atteindrait près de 7,11 millions de barils par jour selon les estimations de l’EIA, soit 330 000 barils par jour de plus qu’en mai 2016.