Dans le scénario central de BP, l’électricité compte pour 75% de la hausse de consommation d’énergie entre 2017 et 2040. (©Pixabay)
La consommation mondiale d’énergie primaire pourrait augmenter d’un tiers d’ici à 2040 selon le scénario central de l’Energy Outlook 2019(1) publié le 14 février par le géant pétrolier BP.
Une hausse de la consommation énergétique dans tous les scénarios de BP
Chaque année, BP actualise dans son Energy Outlook plusieurs grands scénarios d’évolution de la consommation énergétique mondiale dans les décennies à venir. Ces scénarios intègrent tous une croissance économique et un mouvement (plus ou moins rapide) de « transition énergétique » vers un mix moins carboné. Ils diffèrent les uns des autres selon les hypothèses retenues en matière de politiques mises en œuvre, de progrès technologiques ou d’évolution des comportements.
Dans tous les scénarios de BP, une hausse de la consommation mondiale d’énergie primaire est envisagée d’ici à 2040, avec a minima une croissance de 21% par rapport à 2017 dans le scénario dit « Rapid transition » (qui envisage une baisse de près de 45% des émissions mondiales de CO2 d’ici à 2040).
Dans le scénario « Evolving transition » qui fait office de scénario central de la publication de BP (avec des évolutions politiques et technologiques mais sans « rupture » par rapport à la situation actuelle), la consommation d’énergie primaire atteint 17 866 Mtep en 2040, soit près d’un tiers de plus qu’en 2017 et plus du double du niveau de 1995.
Selon ce scénario central de BP, la consommation mondiale d’énergie pourrait ainsi augmenter de 1,2% par an dans les deux prochaines décennies (contre 2% de hausse annuelle moyenne au cours des 20 dernières années). La croissance de la demande énergétique est corrélée à la hausse attendue de la population mondiale (+ 1,7 milliard d’habitants d’ici 2040 selon BP(2)) mais plus encore au développement économique des pays émergents (doublement du PIB mondial d’ici 2040), « avec des milliards de personnes passant de revenus bas à des revenus moyens, leur permettant d’augmenter substantiellement leur consommation d’énergie ».
La baisse de l’intensité énergétique (rapport entre la consommation d'énergie et le PIB) ne permettrait de compenser qu’en partie le « rattrapage économique » des pays se développant (Inde et Chine en tête). D’un point de vue sectoriel, près des trois quarts de la hausse de la consommation d’énergie envisagée par BP proviendraient des bâtiments et de l’industrie.
Selon le scénario « Evolving transition » de BP, la consommation mondiale d’énergie primaire pourrait passer de 13,5 Gtep en 2017 à près de 17,9 Gtep en 2040. (©Connaissance des Énergies, d’après BP)
Les énergies fossiles toujours dominantes dans le mix de 2040
Dans son scénario central, BP envisage que 85% de la hausse de la consommation mondiale d’énergie primaire d’ici 2040 soit satisfaite par les énergies renouvelables et le gaz naturel. Le pétrole resterait toutefois la source d’énergie dominante (27% en 2040, contre 26% pour le gaz) malgré une hausse de 46% de la consommation de gaz naturel entre 2017 et 2040. La consommation mondiale de charbon serait quant à elle relativement stable (- 2,8% entre 2017 et 2040), la part de ce combustible dans le mix énergétique mondial se maintenant à 20% en 2040.
BP envisage par ailleurs une forte croissance de la consommation d'énergies renouvelables hors hydroélectricité(3), celles-ci comptant, dans le scénario de référence de BP, pour 15% de la consommation mondiale d’énergie primaire en 2040 (contre seulement 4% en 2017). Les consommations mondiales d’énergie nucléaire et hydroélectrique pourraient légèrement augmenter entre 2017 et 2040, leur contribution dans le mix mondial restant stable sur cette période (respectivement 4% et 7%).
Dans le scénario central de BP, toutes les sources d’énergie pourraient être davantage consommées à l’exception du charbon. (©Connaissance des Énergies, d’après BP)
Au total, le mix énergétique mondial de 2040 repose encore, dans le scénario central de BP, à 73% sur les énergies fossiles en 2040 (contre 85% en 2017). Même le scénario « Rapid Transition » de la major pétrolière envisage une place toujours dominante des énergies fossiles dans les décennies à venir (53% en 2040).
Selon BP, seul ce dernier scénario de « transition énergétique rapide » (relativement similaire au scénario « Sustainable Development » de l’Agence internationale de l’énergie) serait encore compatible avec les objectifs de l’Accord de Paris. Il nécessiterait « une électrification plus rapide (que les autres scénarios) des différents secteurs, incluant le transport » et un recours important aux techniques de capture et de stockage du CO2 pour tendre vers des émissions « négatives » (quantités de CO2 absorbées supérieures aux émissions restantes).
Précisons que tous ces scénarios font l’objet de très fortes incertitudes, comme le concède BP en indiquant, en préambule de sa publication, vouloir présenter « les implications possibles de différentes hypothèses » et « non des prédictions ».
Dans tous les scénarios de BP, les énergies fossiles restent majoritaires dans le mix énergétique de 2040. (©Connaissance des Énergies, d’après BP)