Le charbon a encore compté pour 27,6% de la consommation mondiale d’énergie primaire en 2017. Ici, en Australie. (©Peabody)
BP a publié le 13 juin son nouveau « Statistical Review of World Energy »(1) qui présente ses dernières données actualisées sur l’énergie dans le monde. Pour la première fois, ce rapport annuel fait également état des chiffres clés relatifs à l’électricité. Ce qu’il faut en retenir.
Plus de 85% d’énergies fossiles dans le mix mondial selon BP
En mars 2018, l’Agence internationale de l’énergie avait déjà fait état d’une hausse de la consommation mondiale d’énergie de 2,1% en 2017. BP partage ce constat (+ 2,2% dans son rapport) et confirme que toutes les sources d’énergie ont été davantage consommées l’an dernier dans le monde, y compris le charbon (+ 1%, sous l’effet de la hausse de la demande en Inde) pour la première fois depuis 2013.
Au total, les énergies fossiles auraient encore compté pour 85,2% de la consommation mondiale d’énergie primaire en 2017 selon les dernières données de BP (85,5% en 2016). Le pétrole reste de loin la principale source d’énergie du mix énergétique mondial (34,2%), avec une hausse de la consommation de 1,7 million de barils par jour (Mb/j) en 2017.
Le développement des énergies renouvelables hors hydroélectricité a été particulièrement important (+ 16,6%) mais celles-ci ne comptaient encore que pour 3,5% de la consommation d’énergie primaire dans le monde en 2017. La part de l’énergie nucléaire reste pour sa part relativement stable (4,4% en 2017).
La consommation mondiale d'énergie primaire a doublé au cours des 35 dernières années. (©Connaissance des Énergies, d'après BP Statistical Review of World Energy)
Les chiffres clés du pétrole et du gaz naturel
Le BP Statistical Review of World Energy a historiquement délivré des données détaillées sur les hydrocarbures. Les consommations de pétrole et de gaz naturel ont respectivement augmenté de 1,4% et 2,7% en 2017. Retrouvez ci-dessous les grandes données sur le pétrole et le gaz naturel en 2017.
Un mix électrique toujours dominé par le charbon
La production mondiale d’électricité dans le monde a augmenté de 2,8% en 2017, la quasi-totalité de cette hausse (94%) provenant des pays émergents tandis que la production dans les pays de l’OCDE est restée « relativement stable depuis 2010 ». Les énergies renouvelables et le charbon ont respectivement compté pour 49% et 44% de la hausse de la production mondiale en 2017.
Au total, le charbon reste toutefois de loin la principale source d’électricité dans le monde : ce combustible a compté pour 38% de la production mondiale électrique, soit la même part qu’en 1998 malgré une « légère baisse » au cours des dernières années. La part des énergies « non fossiles » est même plus faible qu’il y a 20 ans, la progression des énergies renouvelables (25% de la production électrique mondiale en 2017) n’ayant que partiellement compensé la baisse de la contribution du nucléaire (10% en 2017).
Première source d’électricité dans le monde, le charbon fournit la majorité de l‘électricité dans la zone Asie-Pacifique. (©Connaissance des Énergies)
Un « gros pas en arrière »
Les émissions mondiales de CO2 liées à la consommation d’énergie ont augmenté de 1,6% en 2017, après trois années consécutives de quasi-stabilité. La baisse de l’intensité énergétique s’est ralentie dans un contexte de forte croissance économique et le « revirement » de la demande de charbon a pesé sur ces émissions.
Cette évolution, qualifiée de « gros pas en arrière » par BP, confirme l’écart très important entre les ambitions exprimées à la COP21 et les tendances actuelles. Pour rappel, le GIEC estime qu’il serait nécessaire, pour atteindre la cible de l’accord de Paris, de faire baisser de 40% à 70% l’ensemble des émissions mondiales de gaz à effet de serre d’ici à 2050 (par rapport au niveau de 2010), avec une économie quasiment neutre en carbone durant la deuxième partie du XXIe siècle.
Les pays asiatiques sont à l’origine de deux tiers de la hausse des émissions mondiales de CO2 relatives à l’énergie. (©Connaissance des Énergies, d’après AIE)