- Source : Ifri
L’économie saoudienne est très dépendante de ses revenus pétroliers : le budget de l’Arabie Saoudite repose à près de 45% sur eux et a besoin d’un baril à 89$ pour être à l’équilibre (selon les dernières estimations portant sur l’année 2013). Les exportations de pétrole comptent à elles seules pour 85% des exportations du pays en valeur.
L’omniprésence du pétrole se vérifie dans le secteur électrique : 54% de l’électricité dans le pays est produite à partir du brut et de produits pétroliers. Ces ressources mobilisées pour générer de l’électricité pourraient être exportées au prix des marchés internationaux et il en résulte un important manque à gagner pour le royaume.
Dans cette étude en anglais du Centre Énergie de l’Ifri, Said Nachet et Marie-Claire Aoun rappellent que l’Arabie Saoudite s’est jusqu’ici comportée en État rentier. Le pays fait profiter la population de cette rente pétrolière à travers de très importantes subventions : les prix des carburants à la pompe sont parmi les plus bas au monde (de l’ordre de 10 fois moins que dans l’Union européenne) et les producteurs d’électricité bénéficient également d’importantes subventions. Cette situation n’est toutefois pas tenable à moyen terme, en particulier dans un contexte de baisse des prix sur les marchés pétroliers.
La demande intérieure d’électricité, notamment portée par les importants besoins de climatisation en été, a augmenté de 7% à 8% par an lors de la dernière décennie et va continuer à croître. En l’absence d’une prise de conscience de la population (« déresponsabilisée » par les subventions selon certains observateurs), la hausse de la consommation intérieure pourrait entraîner une réduction des exportations de pétrole de l’Arabie Saoudite.
Outre le développement de programmes d’efficacité énergétique, l’Arabie Saoudite entend modifier le visage de son secteur électrique : elle en prévoit la libéralisation progressive avec une séparation des activités de production et de distribution (aujourd’hui principalement concentrées au sein de la SEC) et une diversification du mix électrique. L’Arabie Saoudite souhaite fortement développer les énergies renouvelables (solaire thermodynamique et photovoltaïque en tête) et nucléaire dans le futur afin que celles-ci génèrent la moitié de son électricité à l’horizon 2032.