Saudi Aramco gère un réseau de plus de 19 000 km de pipelines dédiés au transport de pétrole brut et de produits raffinés. (©photo)
À RETENIR
- L’Arabie saoudite est le deuxième producteur mondial de pétrole et dispose des deuxièmes plus grandes réserves prouvées au monde.
- Le pays peut jouer un rôle de régulateur des prix sur les marchés du pétrole en faisant varier sa production.
- L’Arabie saoudite souhaite produire la moitié de son électricité grâce aux énergies renouvelables et nucléaire d’ici à 2032.
Située au cœur de la Péninsule arabique, bordée par la mer Rouge à l’Ouest et le golfe Persique à l’Est, l’Arabie saoudite est l’un des membres fondateurs de l’OPEP (Organisation des Pays Exportateurs de Pétrole) et l’une des principales puissances énergétiques mondiales.
Depuis la découverte du premier gisement de pétrole en Arabie saoudite, le géant pétrolier d'Etat Aramco a généré une richesse colossale pour ce royaume désertique.
Deuxième producteur de pétrole au monde en 2014, le pays peut influer sur les cours du pétrole en ajustant sa production. Ses réserves sont les 2e au monde en termes de volume derrière le Venezuela mais son pétrole est de meilleure qualité et beaucoup plus facile à extraire (les réserves vénézuéliennes sont principalement constituées de pétrole extra-lourd et de sables bitumineux dont l’extraction est coûteuse). Le Royaume sunnite reste donc bien l’acteur pétrolier majeur dans le monde malgré la croissance de la production des hydrocarbures non conventionnels, en particulier aux États-Unis.
L’Arabie saoudite est dirigée, depuis sa création en 1932, par la famille al-Saoud. Peuplé de 30 millions d’habitants à fin 2013(1), ce pays bénéficie d’infrastructures très modernes (réseau routier et aéroports) grâce à ses importants revenus liés au gaz et au pétrole.
Énergie et électricité en Arabie saoudite
Pétrole
L’Arabie saoudite produit différents types de pétroles, des plus lourds aux plus légers. Elle possède les deuxièmes plus grandes réserves de pétrole au monde (de surcroît extractibles à faible coût) avec 15,7% des réserves prouvées à fin 2014(2) (267 milliards de barils). De plus, elle est le deuxième pays producteur de pétrole derrière les États-Unis, avec près de 11,5 millions de barils produits quotidiennement en 2014.
Les exportations de pétrole brut de l'Arabie saoudite comptent pour 85% des recettes du pays.
Depuis 2014, l'Arabie saoudite n'est plus le premier producteur mondial de pétrole, les États-Unis la devançant grâce à leur production d'hydrocarbures non conventionnels (en 2009 et 2010, la Russie avait également occupé la place de premier producteur mondial de pétrole).
La production de pétrole (au sens large, BP inclut dans ses données sur le pétrole : le brut, les condensats et les liquides de gaz naturel) de l’Arabie saoudite a avoisiné 12,3 millions de barils par jour (Mb/j) en 2018 selon les dernières données de BP, soit environ 13% de la production mondiale cette année-là. Elle est seulement devancée au niveau mondial par celle des États-Unis (15,3 Mb/j en 2018, soit 16,2% de la production mondiale). La Russie complète le trio de tête des producteurs de pétrole avec 11,4 Mb/j produits en 2018.
L'Arabie saoudite a longtemps été qualifiée de « swing producer » dans le passé en raison de son potentiel de production plus important que les autres pays. Pour soutenir les cours du brut, le pays s'est toutefois fixé des plafonds de production dans le cadre de l'accord conclu au sein de « l'OPEP+ ». Précisons que l'Arabie saoudite est de loin le premier exportateur de pétrole au monde.
Notons par ailleurs que les réserves prouvées de pétrole de l’Arabie saoudite (297,7 milliards de barils à fin 2018) sont jugées inférieures à celles du Venezuela (303,3 milliards de barils) bien qu'elles soient de meilleure qualité et plus faciles à extraire.
L’Arabie saoudite est également le premier pays exportateur de pétrole brut : ses exportations comptent pour 85% des recettes du pays(3) et 17,8% des exportations mondiales de pétrole en valeur. En 2012, le pays exporte 7,5 millions de b/j. L’Arabie saoudite est en particulier le second fournisseur de pétrole de l’Asie de l’Est après le Canada(4), avec 1,4 million de b/j exportés vers cette zone en 2012.
La consommation intérieure de pétrole de l’Arabie saoudite ne cesse de croître : alors qu’elle atteint seulement 5% du niveau de sa production lors des deux premiers chocs pétroliers dans les années 1970, elle dépasse 15% au début des années 1990. Selon la société électrique nationale (SEC), le Royaume consomme aujourd’hui près d'un tiers de sa production pétrolière à des fins domestiques, essentiellement pour alimenter ses centrales électriques et les transports(5). Le pays se classe désormais au sixième rang des plus gros consommateurs de pétrole brut dans le monde.
Gaz
Depuis le début des années 1980, les réserves prouvées de gaz en Arabie saoudite sont constamment réévaluées à la hausse. Le Royaume possède aujourd’hui les sixièmes plus importantes réserves prouvées de gaz au monde derrière l’Iran, la Russie, le Qatar, le Turkménistan et les États-Unis. Celles-ci s’élèvent à 8,2 milliards de m³ à fin 2013, soit 4,4% des réserves mondiales(6).
L’Arabie saoudite est le 8e producteur mondial de gaz naturel avec près de 103 milliards de m³ en 2013, soit 3 % de la production mondiale(7). Le pays exporte entre autres du gaz sous forme de GNL.
Selon la compagnie Saudi Aramco, la consommation intérieure de gaz naturel (principalement utilisé dans le secteur industriel et de la pétrochimie) pourrait presque doubler d’ici à 2030(8).
Électricité
Les capacités de production électrique de l’Arabie saoudite sont en forte progression et atteignent aujourd’hui environ 30 GW. Le parc électrique est presque exclusivement constitué de centrales thermiques à fioul et à gaz(9).
L’Arabie saoudite fait face à une augmentation de la demande intérieure d’énergie et plus particulièrement d’électricité. D’ici à 2032, le pays prévoit de doubler sa production d’électricité.
Acteurs majeurs
- Saudi Aramco est la compagnie nationale d’hydrocarbures (pétrole et gaz naturel) de l’Arabie saoudite (l’État détient 100% de son capital depuis 1980). C’est la principale compagnie pétrolière et gazière au monde en matière de production (12,7 millions de barils équivalent pétrole par jour en 2013) devant Gazprom. En plus de ses activités d’exploration et de production, elle exploite la plus grande usine de traitement de pétrole au monde avec une capacité de raffinage de 7 millions de b/j. Elle intervient aussi dans les secteurs de la pétrochimie et de l’électricité.
- Le « Conseil suprême » supervise les actions de Saudi Aramco avec le ministère du pétrole. Créé en janvier 2000, ce Conseil est présidé par le Roi et composé de membres de la famille royale, de dirigeants industriels, de ministres et de responsables des secteurs du gaz et du pétrole.
- Deux ministères sont responsables du secteur de l’énergie. Il s’agit du ministère du pétrole et des ressources minérales et du ministère de l’eau et de l’électricité.
- La SEC (Saudi Electric Company) est la principale entreprise produisant et distribuant de l’électricité dans le pays. Elle contrôle également les parts publiques des producteurs « indépendants » d'électricité. La deuxième plus importante entreprise d’électricité est la compagnie de dessalement d’eau de mer Saline Water Conversion Corporation qui appartient aussi à l’Etat.
Futur et enjeux
Influence sur les cours du pétrole
L’Arabie saoudite est l’un des rares pays à ne pas produire au maximum de ses possibilités(10). Il peut ainsi jouer le rôle de « swing producer », c’est-à-dire d'amortisseur en faisant évoluer sa production et ses exportations de pétrole selon l'offre et la demande mondiale de brut. Cela permet de compenser les éventuelles baisses de production d’autres pays, d’influer à la hausse ou à la baisse sur les cours du pétrole lorsque Riyad le souhaite. Ses stratégies de production et d’exportation de pétrole et de gaz naturel ont ainsi une forte influence sur le marché énergétique et économique mondial.
En novembre 2014, l’Arabie saoudite refuse toutefois de baisser sa production alors que les cours du pétrole chutent fortement. Selon certaines hypothèses, cela pourrait permettre à l’Arabie saoudite sunnite de porter atteinte aux puissances chiites de la région que sont l’Iran et l’Irak (qui ont toutes les deux besoin d’un prix du baril supérieur à 110 dollars pour assurer l’équilibre de leur budget)(11). Cette stratégie serait également susceptible d’affaiblir la Russie, très dépendante de ses exportations de pétrole, et les États-Unis, où la production d’huile de schiste (dont le « point mort » est compris entre 60$ et 80$) augmente rapidement.
Transition énergétique : l’après-pétrole
L’Arabie saoudite souhaite pouvoir maintenir le niveau de ses exportations d’hydrocarbures tout en étant confrontée à une hausse constante de sa consommation interne. Le pays prépare ainsi sa transition énergétique en envisageant l’après-pétrole.
D’ici à 2032, le pays souhaite produire 50% de son électricité grâce aux énergies renouvelables et nucléaire.
Dès les années 1990, les dirigeants saoudiens prennent conscience que la dépendance au pétrole peut être un danger pour la stabilité politique et économique du pays. Ils mettent alors en place un important programme dédié aux énergies renouvelables et nucléaire dans le neuvième « Plan de développement » national.
D’ici à 2032, le pays souhaite produire 50% de son électricité grâce aux énergies renouvelables et nucléaire. Afin d’atteindre ces objectifs, le pays crée, en 2010, la King Abdullah City for Atomic and Renewable Energy (KA-CARE), dirigée par Hashim bin Abdullah Yamani.
En juin 2013, le haut coordinateur de la collaboration scientifique sur les énergies nucléaires et renouvelables annonce la construction de 16 réacteurs nucléaires d’ici à 2032 pour un coût estimé à 100 milliards de dollars(12). Ces réacteurs seront essentiellement situés le long de la mer Rouge ou des côtes du golfe Persique. Ils devraient fournir 25 % des besoins saoudiens d’électricité d’ici à 2032 et permettre au pays de devenir un exportateur d’électricité dans la région. Précisons qu’un accord bilatéral de coopération sur le nucléaire civil a été signé entre Paris et Riyad en 2011.
Le Royaume souhaite par ailleurs investir 109 milliards de dollars (87 milliards d’euros) pour construire 41 GW de panneaux photovoltaïques d’ici à 2032. Cette puissance représenterait près du tiers des capacités électriques installées dans le pays selon les prévisions de l’Arabie saoudite (la part dans le mix de production électrique sera toutefois plus faible en raison du faible taux de charge de l’énergie photovoltaïque).
Problématique de l’eau
En plein développement, le pays fait face à un autre problème de grande ampleur : le manque de ressources en eau. La faible pluviométrie, l’absence de lacs et de rivières font que le Royaume ne dispose d’aucune réserve facilement accessible. Cette situation est exacerbée par la consommation croissante de la population. Celle-ci est deux fois plus importante que la moyenne mondiale : unSaoudien consomme 265 litres d’eau par jour contre 150 litres en moyenne en France.
Afin de répondre à ce problème, le Roi a fait construire d’importantes usines de dessalement, des barrages pour conserver au mieux les eaux de pluie et protéger les nappes phréatiques, qui s’épuisent. Toutes ces installations font de l’Arabie saoudite le premier producteur mondial d’eau dessalée (plus de 3 millions de mètres cubes d'eau potable chaque jour).
Passé
Les premières réserves de pétrole en Arabie saoudite sont découvertes dans le Hassa, dans la région de Dhamman, en mai 1938, par la CASOC (California Arab Standard Oil Company) qui devient Saudi Aramco en 1944. D’autres immenses gisements sont découverts par la suite, notamment celui de Ghawa en 1948, qui devient alors le plus grand gisement du monde puis celui de Safaniyah en 1951, plus grand gisement offshore au monde.
L’Arabie saoudite commence à exporter son pétrole après la Seconde Guerre Mondiale. Cette période est marquée par la signature du pacte de Quincy entre Washington et Riyad : le président Roosevelt et le roi Ibn Saoud s’entendent entre autres sur la garantie de l’approvisionnement pétrolier américain contre leur protection militaire. Conclu pour 60 ans, cet accord est reconduit en 2005 par le président George W. Bush.
Concrètement
La production pétrolière de l’Arabie saoudite est plus importante que celles des Émirats arabes unis, de l’Iran et de l’Irak cumulées (il s’agit des 3 plus gros producteurs de pétrole au sein de l’OPEP après l’Arabie saoudite).
Le saviez-vous ?
Saudi Aramco est tenu par la loi de vendre son pétrole à 5 dollars par baril lorsqu’il est destiné à des usages domestiques (carburants ou production d’électricité) en Arabie saoudite.