Keolis attend une fréquentation d’environ 675 000 passagers par an sur son téléphérique urbain de Brest. (©Keolis)
Le premier téléphérique urbain de France a été inauguré le 19 novembre à Brest. Il enjambe la Penfeld, fleuve côtier traversant la ville du Finistère. Les porteurs du projet vantent l’intérêt environnemental et économique de ce mode de transport qu’on associe plus souvent aux paysages montagneux.
Un téléphérique au milieu de la ville
Le téléphérique urbain de Brest vise à relier les deux bords de la Penfeld. D’un côté, le centre-ville. De l’autre, le plateau des Capucins, quartier en plein essor jusqu’ici uniquement accessible par l’ouest de la ville. Désormais, les Brestois pourront parcourir, en près de 3 minutes, les 420 mètres séparant les stations des deux rives, à bord de l’une des deux cabines du téléphérique.
D’une capacité de 60 personnes (avec 11 places assises et 7 places semi-assises), chacune de ces cabines mesure environ 15 m2, soit près la moitié de la surface d’un bus, et pèse près de 2,1 tonnes à vide. Une des particularités de ce téléphérique urbain réside dans son système de « saut de mouton », unique au monde selon l’exploitant Keolis : les cabines circulent l’une au-dessus de l’autre, ce qui permet de mutualiser les quais et de disposer de stations plus compactes. Ce mode de transport, relié au reste du réseau de transport public de Brest métropole (Bibus), doit fonctionner à terme entre 7h30 et 0h30(1).
Deux moteurs électriques redondants de 250 kW permettent de faire circuler les cabines le long des câbles. La consommation électrique du téléphérique est réduite grâce à un système de récupération d’énergie lors de la descente des cabines. L’électricité récupérée est stockée au sein de 14 batteries et restituée lors de la phase d’ascension. La consommation électrique annuelle attendue du téléphérique n’est pas précisée mais les porteurs du projet mettent en avant son caractère « décarboné » (la production d’électricité en France étant elle-même décarbonée à près de 94%).
Un intérêt technique et économique à Brest
Pour relier le plateau des Capucins à la rive gauche du fleuve, différentes solutions ont été étudiées, à commencer par les ponts qui viennent spontanément à l’esprit. Ceux-ci présentaient toutefois des contraintes techniques et économiques. Un tirant d’air de 48 m doit être disponible sur la Penfeld afin de permettre le passage de navires militaires. D’autre part, le coût d’un pont aurait été jusqu’à 5 fois plus élevé que le système de téléphérique retenu (budget total de 19,1 millions d’euros).
Le téléphérique de Brest a été sélectionné dans le cadre de l’appel d’offres « Transports collectifs et mobilité durable »(2) lancé par le ministère en charge de l’énergie en mai 2013 et a reçu à ce titre une aide de l’État de 2,56 millions d’euros via l’AFITF (Agence de financement des infrastructures de transport de France)(3).
Pour rappel, la loi de transition énergétique pour la croissance verte adoptée à l’été 2015 entend encourager le développement de la mobilité « propre »(4). Le ministère indique d’ailleurs qu’une ordonnance sur les transports urbains par câble a « considérablement simplifié les règles de survol des terrains privés ». D’autres projets de téléphériques urbains se développent actuellement en France : les villes d’Orléans, Toulouse, Chambéry, Grenoble et Créteil pourraient également disposer d'un tel système à l’horizon 2022 selon Keolis. A l'étranger, Alger, New York et Rio de Janeiro disposent notamment d'un téléphérique urbain.
Les usagers pourront se déplacer grâce au téléphérique urbain en utilisant leurs abonnements et tickets classiques du réseau brestois de transport en commun. (©Keolis)