Bilan électrique de la France : que retenir de 2015 ?

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Production électrique de la France en 2015

En 2015, près de 76,3% de l'électricité produite en France métropolitaine a été générée par le parc nucléaire. (©Connaissance des Énergies).

Le gestionnaire RTE qui est en charge du réseau de transport d’électricité en France métropolitaine a présenté ce matin les grandes données de 2015 relatives à la production, à la consommation ou encore aux exportations d’électricité. Présentation des principaux chiffres à retenir.

Une production électrique reposant à 76,3% sur le nucléaire

La production d’électricité en France métropolitaine(1) a atteint 546 TWh en 2015, soit 1,1% de plus qu’en 2014. Plus des trois quarts de cette production proviennent toujours du parc nucléaire de 58 réacteurs (416,8 TWh, 76,3% du mix). L’hydroélectricité reste la deuxième source d’électricité (58,7 TWh, 10,8% du mix) malgré une forte baisse de sa production par rapport à 2014 (- 13,7%) en raison d’un niveau de pluviométrie bien plus faible(2)

La contribution des autres énergies renouvelables a fortement augmenté en 2015. Le parc éolien, dont la puissance raccordée au réseau a dépassé les 10 000 MW durant l’année, compte pour 3,9% de la production électrique française en 2015 (avec 21,1 TWh, soit 23,3% par rapport à 2014). La production photovoltaïque a connu en 2015 une croissance légèrement supérieure à celle de l’éolien (+25,1%) mais sa part dans le mix électrique français reste limitée (1,4% de la production totale). Signalons la mise en service en septembre dernier du plus puissant parc photovoltaïque d’Europe (300 MWc) à Cestas en Gironde. En incluant les autres énergies renouvelables (déchets, bois-énergie, biogaz, etc.), la production électrique d’origine renouvelable compte pour 17,2% du mix français en 2015 et pour 6,4% hors hydroélectricité(3).

C’est la production électrique des centrales à gaz qui a connu la plus forte croissance en 2015 (+54,8%). Elle s’est élevée à 22,1 TWh, soit à près de 4% du mix national et à un niveau légèrement plus élévé que la production éolienne. Les centrales à gaz ont en effet été davantage sollicitées comme moyens d’appoint lors des périodes de forte demande(4). La production des centrales à charbon et à fioul a quant à elle légèrement augmenté(5) (comptant au total pour 2,2% de la production électrique nationale) malgré la fermeture des 6 dernières centrales à charbon de plus de 250 MW en France.

Une hausse de la consommation d’électricité de 2,2%  

La consommation d’électricité en France métropolitaine s’est élevée à 475,4 TWh en 2015, soit 2,2% de plus qu’en 2014. Cette hausse est principalement liée aux températures en moyenne plus fraîches en début d’année (entraînant un recours accru au chauffage) et plus chaudes en été (augmentant les besoins de froid)(6). En « corrigeant » cette consommation de l’aléa climatique, RTE indique que la consommation française a seulement augmenté de 0,5% en 2015 (475,4 TWh, niveau similaire à celui de 2013).

La croissance de la demande d’électricité s’est fortement ralentie depuis plusieurs décennies, notamment en raison de la tertiarisation de l’activité économique et de l’impact des actions de maîtrise de la demande d’énergie. Elle reste toutefois très « thermosensible » : chaque degré Celsius en moins en hiver entraîne, selon RTE, un appel de puissance supplémentaire sur le réseau de 2 400 MW (soit l’équivalent de la capacité installée de 2 réacteurs nucléaires(7)).

Cette sensibilité est pourtant amenée à se réduire suite à l’entrée en vigueur de la RT 2012, une réglementation thermique qui a déjà entraîné une chute du chauffage électrique dans les logements neufs. Précisons que le secteur résidentiel compte en 2015 pour environ 35% de la consommation électrique en France métropolitaine.

Plus d'échanges transfrontaliers et de capacités d'effacement

Les échanges transfrontaliers d’électricité ont très légèrement augmenté en 2015 (+1%), la France restant largement exportatrice nette avec 91,3 TWh exportés vers ses pays voisins et 29,6 TWh importés. Cette augmentation des échanges est notamment due à une optimisation des flux dans la zone « CWE(8) » (France, Allemagne, Autriche, Belgique, Pays-Bas, Luxembourg) et au renforcement de l’interconnexion entre la France et l’Espagne.

Outre les interconnexions, RTE peut avoir recours aux capacités d’effacement pour maintenir l’équilibre entre offre et demande sur son réseau : des appels d’offres ont permis en 2015 au gestionnaire du réseau de disposer d’une puissance d’effacement mobilisable d’un maximum de 1 900 MW, contre 1 200 MW en 2014.

Des émissions de CO2 en hausse

Les émissions françaises de CO2 liées à la production d’électricité ont augmenté en 2015 de 21,7% par rapport à 2014(9). Cette remontée des émissions est principalement due à la plus forte consommation et à la réduction de la production hydroélectrique, elle même compensée entre autres par une plus importante production des centrales thermiques à combustible fossile.

Pour rappel, la production électrique française reste toutefois « décarbonée(10) » à près de 94% grâce à ses installations nucléaires, hydrauliques, éoliennes et photovoltaïques.

Les principaux chiffres de l'électricité en 2015 à retenir

Les principaux chiffres de l'électricité en 2015 à retenir (©Connaissance des Énergies d'après source : RTE)

Sources / Notes

  1. Qui est liée à l’évolution de la consommation en raison de l’équilibre offre-demande qui doit être maintenu en permanence sur le réseau électrique.
  2. RTE rappelle que le parc hydraulique français reste stable depuis la fin des années 1980.
  3. C’est légèrement moins qu’en 2014 (17,7%) en raison du recul de la production hydroélectrique.
  4. Elles offrent une production prévisible et rapidement disponible lors des pics de consommation qui est nécessaire à la stabilité du réseau électrique.
  5. Les productions électrique à partir de charbon et de fioul ont respectivement augmenté de 3% et de 5,3% en 2015.
  6. L’année 2015 a toutefois été globalement moins chaude que 2014.
  7. Les réacteurs du parc nucléaire français ont une puissance comprise entre 900 et 1 450 MW.
  8. Mise en place d'un couplage dit « Flow Based ».
  9. Ces émissions avaient été historiquement basses en 2014. Celles de 2015 restent ainsi en fort recul par rapport à 2013.
  10. Les émissions sont nulles lors de la production d’électricité, sans tenir compte des émissions en amont.

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