La capacité installée du parc éolien allemand dépasse 30 GW. Ici, dans le nord du pays. (©Courtesy of Vestas Wind Systems A/S)
Jeudi dernier, Delphine Batho a annoncé conjointement avec son homologue allemand la création d’un Office Franco-Allemand pour les Énergies renouvelables, quelques jours après les célébrations du 50e anniversaire du traité de l’Élysée. Cette annonce participe à l’ambition du couple franco-allemand de constituer le moteur européen de la « transition énergétique ». Les deux pays mettent en avant la convergence de leurs défis énergétiques malgré des mix électriques contrastés.
Un Office Franco-Allemand pour les Énergies renouvelables
« Nous devons rêver l’avenir de la transition énergétique ». C’est Peter Altmaier, le ministre allemand en charge de l’énergie, qui a exprimé cette attente mercredi dernier lors du colloque annuel du SER. Dans ce rêve, le développement des énergies renouvelables occupe une place centrale. Il constitue, selon le ministre allemand, un facteur d’emploi (380 000 emplois directs et induits dans le secteur des renouvelables en Allemagne), d’innovation et donc de compétitivité.
La « transition » énergétique à l’étude en France et en Allemagne (« Energiewende » dans ce pays) confronte les deux pays à des défis communs : mesures d’efficacité énergétique, sensibilisation de la population à une plus grande sobriété, intégration des renouvelables dans le mix, lutte contre le changement climatique, création d’emplois, etc.
Afin de renforcer la coopération des deux pays face à ces défis, Delphine Batho et Peter Altmaier ont officialisé la création d’un Office commun dédié aux énergies renouvelables. La nouvelle structure constituera un centre de ressources et apportera de l’information tant aux administrations qu’aux acteurs professionnels. Elle remplace un organisme préexistant, le Bureau de coordination des Énergies renouvelables. La coopération pourrait en particulier s’intensifier dans le domaine de la recherche, du développement et de l’innovation selon la déclaration commune des deux ministres.
Plus de coopération, c’est également une façon d’éviter la prise de décisions unilatérales comme celle de sortie du nucléaire de l’Allemagne. Lors de son audition par le Conseil national du débat sur la transition énergétique, Peter Altmaier a reconnu que le manque de concertation avait constitué une erreur alors que les réseaux électriques européens sont interconnectés.
Deux mix électriques contrastés
Peter Altmaier a comparé l’effort allemand de sortie du nucléaire (25% de l’électricité provient initialement de l’atome) à l’objectif français de réduction de cette source d’énergie dans le mix électrique national (de 75% à 50% d’ici à 2025). Selon lui, la composition des mix électriques des deux pays s’oriente dans les deux cas vers une plus grande intégration des énergies renouvelables, tout en reposant sur des sources de production plus prévisibles : le nucléaire en France et les énergies fossiles en Allemagne où le charbon produit l’essentiel de l’électricité consommée.
L’éolien et le photovoltaïque qui focalisent une grande partie de l’attention ont généré en 2012 près de 13,2% de la production électrique en Allemagne, contre 3,5% en France. Début 2013, la puissance éolienne installée en Allemagne est approximativement quatre fois plus importante qu’en France, les capacités photovoltaïques près de 9 fois plus. La croissance très sensible du parc renouvelable allemand (en 2012, +29% pour le photovoltaïque) confronte le leader européen des énergies renouvelables à deux défis principaux : la gestion de l’intermittence de la production associée et le raccordement entre les zones de production et de consommation.
Notons toutefois que les énergies renouvelables sont globalement pratiquement autant développées en France qu’en Allemagne. Pour l’usage d’énergie sous forme de chaleur, la France tire notamment une part plus importante de son énergie à partir des renouvelables que son voisin grâce au fort développement de sa filière bois-énergie.
A l’horizon 2020, le paquet Énergie-Climat européen a d’ailleurs fixé un objectif d’intégration des énergies renouvelables dans la consommation d’énergie finale plus élevé à la France (23%) qu’à l’Allemagne (18%). Le président du SER Jean-Louis Bal a évalué la semaine dernière que la tendance actuelle de développement en France convergeait vers une part de 17% à 18% de renouvelables.
Répartition de la production nette d'électricité en Allemagne et en France en 2012 (©2013)