Le calculateur « Électricité 2050 » permet entre autres aux internautes d’estimer la future consommation électrique de la France, celle-ci devant rester comprise entre 223 TWh et 730 TWh en 2050. (©Pixabay)
L’évolution du mix électrique français dans les décennies à venir fait actuellement l’objet de nombreux débats. Un nouvel outil ludique conçu par un physicien permet à chacun de simuler ledit mix qu’il imagine à l’horizon 2050.
Un jeu pour exprimer sa vision du mix électrique de 2050
Alors que la programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE) doit être révisée en 2018, des voix dissonantes se font entendre sur l’évolution du mix électrique, notamment sur la future place du nucléaire et sur la vitesse de déploiement des énergies renouvelables. Adrien Jeantet, physicien français diplômé de l’ENS Lyon, a développé un site internet (www.electricite-2050.fr) qui permet à chacun d'exprimer sa propre vision du mix électrique à l’horizon 2050.
Concrètement, ce site « se présente comme un jeu, suffisamment simple pour être compris par tous, dans lequel l’internaute peut choisir comment évoluera notre consommation et les futures sources de production », explique le concepteur de cet outil ludique. Il est possible d’ajuster le niveau de la consommation d’électricité de chaque secteur (résidentiel, tertiaire, transports, agriculture, etc.), celle-ci devant être satisfaite par une production suffisante, en tenant compte des pertes.
Une fois fixées les données de consommation et de production, l’outil délivre de nombreuses précisions sur les implications concrètes du système électrique envisagé par l’internaute : nombre d’installations de production, émissions de gaz à effet de serre associées mais aussi nombre d’emplois, investissements nécessaires et futur coût de production. Un indicateur juge enfin le caractère « réaliste » ou non du modèle imaginé (sur des critères techniques(1)).
Un outil simplifié de sensibilisation à la transition énergétique
S’il laisse beaucoup de libertés aux internautes, le simulateur Électricité 2050 fixe toutefois quelques limites à leur imagination. La production électrique est notamment plafonnée pour chaque filière. La production nucléaire maximale en 2050 est par exemple fixée à 600 TWh (384 TWh en 2016) et celle de l’éolien est plafonnée à 310 TWh à cet horizon (contre 20,7 TWh en 2016). Les minima de production de chaque filière ont pour leur part été « fixés à zéro même si cela serait parfois dénué de bon sens, comme ne plus utiliser les barrages hydrauliques », indique Adrien Jeantet.
Certains de ces paramètres peuvent naturellement être débattus et ce travail ne se substitue pas à une analyse en profondeur, assume Adrien Jeantet. Le physicien a volontairement simplifié certaines approches et souhaite surtout « sensibiliser aux ordres de grandeur et casser des idées reçues », par exemple sur le manque de compétitivité de filières renouvelables supposées trop chères ou sur la possibilité de se passer du parc nucléaire sans réduire la consommation globale d'électricité. Son outil se base principalement sur des rapports publiés par des organisations de référence et sur la plateforme de données « OpenEI »(2).
Pour rappel, l’énergie nucléaire comptait pour 72,3% de la production électrique française en 2016, loin devant l’énergie hydraulique (12% du mix), le gaz (6,6%) ou encore l’éolien (3,9%) et le solaire (1,6%). La loi de transition énergétique prévoit de ramener la part du nucléaire dans ce mix à 50% à l’horizon 2025 mais cet objectif, tout comme les moyens à mettre en œuvre pour y parvenir, restent encore très débattus.
Lorsqu’on l’interroge sur sa propre vision du mix électrique souhaitable en 2050, Adrien Jeantet estime que « choisir un camp de manière idéologique entre "pro-nucléaire" ou "anti-nucléaire" est délétère car cela tue le débat, la capacité d'échanger ». Il insiste pour sa part sur la priorité de diminuer fortement la consommation française d’énergie dans son ensemble. L’évolution du mix électrique ne constitue en effet qu’un volet (très médiatisé) de la transition énergétique, la consommation d’électricité comptant pour moins d’un quart de la consommation totale d’énergie en France. Précisons qu’il existe d’autres outils de simulation relatifs à l’énergie comme « The Global Calculator »(3) qui permet de simuler les caractéristiques d'un monde énergétique « bas carbone » en 2050.