Selon Nicolas Hulot, les engagements de la France en matière de transition énergétique pourraient « désinhiber d’autres pays ». (©photo)
Le ministre de la transition écologique et solidaire Nicolas Hulot a présenté ce matin son « Plan Climat » qui prévoit d’accélérer le rythme de la transition énergétique. En voici les principaux enseignements.
Un Plan Climat en 23 axes qui sera décliné durant tout le quinquennat
Mettre à l’agenda des actions de long terme pour lutter contre le changement climatique n’est pas une tâche aisée alors que la menace est « diffuse, aléatoire » et l’échéance exacte pas clairement définie, a rappelé Nicolas Hulot en préambule de la présentation du Plan Climat. Le ministre de la transition écologique et solidaire entend malgré tout « voir plus loin » et « aller plus loin » dans la transition énergétique en faisant primer la question écologique « sur toutes les autres ».
Composé de 23 axes répartis en 6 grandes thématiques, le Plan Climat doit constituer la « colonne vertébrale » de l’action du ministère de Nicolas Hulot pour les 5 ans à venir. Ce programme général n’est toutefois « pas une fin en soi » a insisté le ministre, notamment à l'intention des ONG qui attendaient beaucoup de cette présentation. Il donne de grandes orientations, pour la plupart déjà esquissées par le ministre ou le Président Emmanuel Macron, et doit être décliné en différents plans d’action durant le quinquennat. Des précisions seront notamment apportées dans la prochaine loi de finances et lors la révision de la PPE prévue fin 2018.
« En finir avec les énergies fossiles »
A l’objectif de « facteur 4 » de la loi de transition énergétique (réduction par 4 des émissions nationales de gaz à effet de serre d’ici à 2050) a succédé une cible plus ambitieuse : la « neutralité carbone » (équilibre entre les émissions et la capacité d’absorption des puits de carbone). En cohérence avec cet objectif, Nicolas Hulot entend « en finir avec les énergies fossiles », en laissant la majorité des réserves actuelles dans le sous-sol(1), comme le recommandent les travaux du GIEC pour contenir le réchauffement climatique en deçà de 2°C(2).
Nicolas Hulot a annoncé qu’un projet de loi interdisant tout nouveau permis d’exploration ou d’exploitation d’hydrocarbures (y compris non conventionnels) serait déposé au Parlement « à la fin de l’été ou au début de l’automne ». Des négociations vont être initiées pour les droits déjà acquis afin que la France ne produise plus d’hydrocarbures sur son territoire à l’horizon 2040.
Sachant toutefois que la France importe la quasi-totalité des énergies fossiles qu’elle consomme(3), Nicolas Hulot entend également s’attaquer à la réduction de leur consommation pour ne « pas boire le pétrole jusqu’à la lie ». Le ministre parie sur une « véritable révolution », à savoir la fin de la vente des véhicules à essence ou diesel à l’horizon 2040. A plus court terme, il a annoncé la mise en place d’une future prime à la transition pour le remplacement d'un vieux véhicule diesel (d’avant 1997) ou à essence (d’avant 2001), non éligible aux vignettes Crit’Air, par un véhicule « plus propre » neuf ou d’occasion.
Le Plan Climat prévoit par ailleurs de cesser toute production électrique à partir du charbon d’ici à 2022, en mettant en œuvre des contrats de transition pour reclasser les salariés affectés par cette mesure. Pour rappel, cette énergie comptait pour 1,4% du mix électrique français en 2016, encore « beaucoup trop » pour le ministre.
Une tarification carbone renforcée
Pour renforcer la fiscalité écologique, Nicolas Hulot a annoncé que la contribution climat énergie dépassera l’objectif fixé par la loi de transition énergétique de 100 euros par tonne de CO2 à l’horizon 2030 (objectif jugé « insuffisant pour la trajectoire des 2°C »). Il a mis en garde contre tout « fantasme » sur le nouvel objectif qui sera précisé dans la prochaine loi de finances.
Pour préserver les ménages les plus modestes de la hausse associée des prix de l’énergie, Nicolas Hulot a indiqué que de nombreuses mesures d’accompagnement seraient mises en œuvre comme le chèque énergie.
Le Plan Climat prévoit par ailleurs l’introduction d’une fiscalité « incitative » en France sur les HFC, gaz à fort effet de serre (notamment utilisés en climatisation). Nicolas Hulot a enfin confirmé l’objectif de faire converger les fiscalités de l’essence et du diesel avant la fin du quinquennat.
Une transition au bénéfice des énergies renouvelables
Le Plan Climat prévoit d’accélérer le développement des énergies renouvelables (la loi de transition prévoit de porter leur part à 32% dans la consommation d’énergie finale en 2030), Nicolas Hulot ayant fait référence dans son intervention aux énergies solaire et éolienne mais aussi aux énergies marines (énergie thermique des mers, houlomotrice, etc.) et à la géothermie, signalant qu’elles étaient un facteur de paix au niveau mondial.
Le ministre a souligné la nécessité de simplifier le cadre de développement des énergies renouvelables et a appelé les Français à ne pas « être contre tout », des réactions de type « Nimby » freinant le développement de nombreux projets. Nicolas Hulot s’est montré bien moins disert sur la place du nucléaire dans le futur mix électrique de la France. Il a confirmé l’objectif de 50% dans la production électrique en 2025 (contre 72,3% en 2016), considérant qu’il permettra alors de « voir si l’on va plus loin ». Les fermetures de réacteurs nécessaires à l’atteinte de cette cible devront être précisées en fonction des critères de sécurité, économiques et sociaux ultérieurement, a-t-il indiqué.
Le Plan Climat englobe par ailleurs de nombreuses autres thématiques : éradication de la précarité énergétique en 10 ans (avec des diagnostics énergétiques proposés à tous les ménages modestes), développement de l’autoconsommation, de l’économie circulaire, des mobilités douces et du transport modal, etc. Autant de mesures qui doivent porter la France à l’avant-garde en matière de transition énergétique et dans la lutte contre le changement climatique. A cet égard, Nicolas Hulot a fait référence à plusieurs reprises au « signal douloureux » envoyé par Donald Trump qui a annoncé début juin le retrait américain de l’Accord de Paris.