Située au sud de la Finlande, la centrale de Järvenpää produit par cogénération de l’électricité et de la chaleur à partir de biomasse (résidus forestiers, sciure de bois, etc.). (©Fortum)
La Finlande fait partie des pays industrialisés dont le mix énergétique est le moins dépendant des combustibles fossiles, rappelle l’Agence internationale de l’énergie (AIE) dans un rapport publié le 23 octobre(1). Le pays souhaite encore diviser par deux sa consommation de pétrole et arrêter de recourir au charbon d’ici à 2030. À cette fin, il s’appuie principalement sur deux filières : la biomasse et le nucléaire. État des lieux.
La Finlande consomme plus de biomasse et de déchets que de pétrole
En 2017, près de 28,5% de la consommation d’énergie primaire de la Finlande a été satisfaite par de la biomasse(2) et des déchets, ce qui en fait les premières sources d’énergie du pays, devant le pétrole (26,3%) selon l’AIE (il s’agit de la plus forte part de biomasse dans un mix énergétique parmi les pays membres de l’AIE).
La biomasse et les déchets jouent un rôle particulièrement important pour la sécurité énergétique de la Finlande : ils comptent au total pour plus de 53% de la production nationale d’énergie. Précisons que plus de 70% du territoire finlandais est couvert de bois (60% de ces bois étant détenus par près de 700 000 propriétaires privés).
Les sous-produits de l’industrie forestière et résidus de bois sont utilisés à des fins de « production d’électricité et de chaleur ou sont transformés en biocarburants de 2e génération, dont l’industrie finlandaise est le leader mondial », rappelle l’AIE. Depuis 2007, la consommation d’énergie à partir de biomasse et de déchets a augmenté de 30,1% tandis que la demande de pétrole a baissé de 8,6% (celle de charbon et de gaz naturel a décliné de presque 50%).
Avec la hausse de la demande de produits forestiers finlandais, la disponibilité de biomasse à des fins énergétiques est elle aussi amenée à augmenter. L’AIE souligne que cette biomasse supplémentaire sera nécessaire pour éliminer progressivement la consommation de charbon et de fioul dans les centrales de cogénération et le chauffage urbain. Toutefois, « les sous-produits du bois risquent de ne pas suffire pour atteindre les objectifs ambitieux de la Finlande en matière de biocarburants » (30% d’énergies renouvelables dans le transport routier d’ici à 2030) selon l’Agence.
La biomasse et les déchets et l’énergie nucléaire ont compté pour plus de 85% de la production d’énergie en Finlande en 2016. (©Connaissance des Énergies, d’après AIE)
4 réacteurs nucléaires en fonctionnement, la mise en service de l’EPR toujours attendue…
L’énergie nucléaire constitue l’autre grande filière énergétique sur laquelle s’appuie la Finlande pour s’affranchir des énergies fossiles. Le pays dispose de 4 réacteurs nucléaires en service (avec un facteur de charge particulièrement élevé de 96% selon l’AIE) qui ont compté pour près d’un tiers de la production électrique du pays en 2017 (avec une production de 22,5 TWh).
La contribution du nucléaire a toutefois été freinée ces dernières années par les retards de l’EPR d’Olkiluoto, dont le chantier a commencé en 2005 et qui devait initialement être mis en service en 2009 (mise en service aujourd’hui envisagée à partir de 2019). Les importations d’électricité depuis le marché nordique et la Russie sont ainsi restées élevées.
Précisons que la construction par Rosatom d’un réacteur nucléaire de type VVER (Hanhikivi 1) est par ailleurs envisagée à Pyhäjoki dans l’ouest de la Finlande (en vue d’une mise en service aux alentours de 2024). La part du nucléaire dans le mix électrique finlandais pourrait ainsi s’élever à près de 40% à l’horizon 2025-2030 selon l’AIE. L’Agence indique que la Finlande « a consacré beaucoup d’attention à l’éducation et à l’acceptation par le public, ce qui a permis de garantir le rôle à long terme de l’énergie nucléaire dans le bouquet énergétique du pays ».
Malgré la place importante de la biomasse et du nucléaire dans le mix énergétique finlandais, précisons que les énergies fossiles comptaient encore pour près de 44% de la consommation nationale d’énergie primaire en 2017. Le charbon et la tourbe (12% du mix énergétique et 14% de la production électrique), dont la combustion émet de fortes quantités de CO2(3), « jouent toujours un rôle important dans la production combinée de chaleur et d'électricité et dans le chauffage et la climatisation urbains », note l’AIE.
La Finlande, qui a rejoint la Powering Past Coal Coalition lors du One Planet Summit de 2017, s’est engagée à fermer progressivement ses centrales de cogénération alimentées au charbon d’ici à 2030 et à soutenir financièrement les exploitants convertissant leurs installations à la biomasse.