Centrale électrique d’Asheville en Caroline du Nord. (©Duke Energy)
Aux États-Unis, l’administrateur de l’Agence de protection de l’environnement (EPA), Scott Pruitt, a signé le 10 octobre un projet de loi visant à abroger le « Clean Power Plan ». Les dernières statistiques sur les émissions américaines de CO2 liées à l’énergie ont par ailleurs été publiées cette semaine(1). État des lieux.
Une baisse de 3,4% de l’intensité carbone en 2016
Les émissions américaines de CO2 liées à l’énergie ont baissé de 1,7% en 2016. Elles ont toutefois encore atteint près de 5,2 milliards de tonnes l’an dernier, ce qui fait toujours des États-Unis le 2e émetteur mondial après la Chine.
La consommation américaine d’énergie primaire, qui repose à près de 81% sur les énergies fossiles, a été quasiment stable en 2016 (+ 0,1% par rapport en 2015). Compte tenu de la hausse du PIB américain de 1,5% l’an dernier, l’EIA constate que l’intensité énergétique des États-Unis (consommation d’énergie par unité de PIB) a baissé de 1,4% en 2016.
Au total, « l’intensité carbone » de l’économie américaine (émissions de CO2 par unité de PIB) a pour sa part baissé de 3,1% en 2016, en raison de la baisse de la consommation de charbon et de la progression des énergies décarbonées, principalement à des fins de production électrique.
Les émissions américaines de CO2 liées à l’énergie ont baissé à 6 reprises au cours des 10 dernières années. En 2016, elles étaient inférieures de 14% au niveau de 2005. (©Connaissance des Énergies d’après EIA)
Plus de 30% de la production électrique reposant sur le charbon
Entre 2006 et 2016, la production électrique américaine a augmenté d’environ 1% (4 079 TWh en 2016) tandis que les émissions de CO2 associées ont baissé de 24% sur la même période. Cette évolution est due entre autres au développement des énergies renouvelables (éolien et solaire) mais surtout au remplacement progressif des centrales à charbon par des centrales au gaz à cycle combiné moins émettrices.
Au cours des cinq dernières années, la production éolienne américaine a augmenté de 61,1% pour atteindre 226,9 TWh en 2016. La production photovoltaïque des États-Unis, qui a pour sa part approximativement doublé entre 2014 et 2016, s’est élevée à 52,8 TWh l’an dernier. Ces deux filières ne comptaient toutefois encore que pour près de 7% de la production électrique américaine en 2016 (contre 19,7% pour l’énergie nucléaire et 6,5% pour l’hydroélectricité).
La production électrique du « King Coal » diminue quant à elle peu à peu mais elle reste très importante : la part du charbon dans le mix électrique américain dépassait encore 30% en 2016, contre 53% en 1990. Notons que le charbon a été à nouveau la première source d’électricité au 1er trimestre 2017, devant le gaz dont les prix avaient augmenté (le gaz naturel est redevenu la principale source électrique au trimestre suivant)(2).
Pour rappel, le Clean Power Plan mis en place par Obama avait précisément vocation à réduire l’importance du charbon dans la production électrique américaine : ce plan visait à réduire de 32% les émissions de CO2 des centrales électriques américaines d’ici à 2030 par rapport au niveau de 2005. Avant son élection, Donald Trump s’était engagé à abroger ce plan (dont l’application était suspendue par la Cour suprême) et Scott Pruitt a assuré que « la guerre contre le charbon était terminée » en signant le projet de loi dédié cette semaine.
La production électrique américaine était « décarbonée » à 35,7% en 2016, principalement grâce au parc nucléaire. (©Connaissance des Énergies, d’après EIA)
Des émissions à nouveau en hausse en 2018…
Selon les dernières estimations de l’EIA, les émissions américaines de CO2 liées à l’énergie vont encore baisser de 0,6% en 2017 avant de croître de 2,2% en 2018. Ces projections résultent en grande partie de considérations météorologiques : les jours de chauffage en hiver et de climatisation en été pourraient respectivement augmenter de 7,5% et 2,4% en 2018 par rapport à cette année.
Dans le même temps, l’EIA estime que la production américaine de charbon va encore légèrement augmenter en 2018 (+ 1%, après une hausse estimée à 8% en 2017). Le charbon pourrait ainsi encore compter pour près de 31% de la production électrique des États-Unis l'an prochain.
Pour rappel, le GIEC estime qu’il faudrait réduire les émissions mondiales de gaz à effet de serre de 40% à 70% d’ici à 2050 (par rapport au niveau de 2010) et d'atteindre une économie quasiment neutre en carbone durant la deuxième partie du XXIe siècle pour espérer atteindre l’objectif « 2°C »(3) de l’Accord de Paris sur le climat.