Donald Trump a recueilli plus de 70% des suffrages dans le Wyoming, principal État producteur de charbon aux États-Unis. (©Peabody)
Après l’élection de Donald Trump le 8 novembre, le cours des actions du principal producteur américain de charbon Peabody est remonté de près de 50%(1). Le 45e Président des États-Unis avait annoncé durant sa campagne vouloir « revitaliser » l’industrie charbonnière américaine.
L’industrie du « King Coal » en déclin
Aux États-Unis, le charbon ne comptait plus en 2015 que pour 17,4% de la consommation d’énergie primaire(2) et pour un tiers de la production électrique. L’industrie américaine du charbon a en effet connu un fort ralentissement depuis 2008, principalement dû à la révolution du gaz de schiste mais aussi à la baisse de la demande chinoise et aux politiques environnementales pénalisant ses fortes émissions de gaz à effet de serre.
De 2014 à 2015, la production américaine de charbon a encore baissé de 10,3% et atteint son plus bas niveau (813,7 millions de tonnes) depuis 1986 selon le dernier rapport de l’EIA publié le 3 novembre dernier(3). Le secteur ne comptait plus que 65 971 emplois dans les mines américaines fin 2015, soit 12% de moins que l’année précédente(4). Le prix du charbon a baissé pour la 4e année consécutive en 2015 et les différents producteurs américains, aux premiers rangs desquels Peabody et Arch Coal (34,2% de la production nationale à eux deux), se trouvent au bord de la faillite (beaucoup ont d’ores et déjà disparu).
La part du charbon dans la production américaine d’électricité est passée de plus de 50% en 2005 à 33,2% dix ans plus tard. (©Connaissance des Énergies, d’après EIA)
La consommation américaine de charbon, qui est destinée à plus de 90% au secteur électrique, a pour sa part chuté en 2015 de 13,1% par rapport à 2014 (723,7 Mt). Les stocks de charbon ont au contraire augmenté de plus de 20% en 2015 et atteint un niveau historique (216,6 Mt).
Vers un retour en grâce de l’industrie charbonnière ?
Avec l’élection de Donald Trump, l’industrie charbonnière américaine espère un retrait des politiques environnementales qui lui sont défavorables, en particulier sur la qualité de l’air ou sur les standards d’émissions de gaz à effet de serre. Bien que son application soit actuellement suspendue par la Cour Suprême, le Clean Power Plan (qui vise à réduire de 32% les émissions de CO2 du secteur électrique d’ici à 2030 par rapport à 2005) constitue une cible prioritaire des producteurs de charbon.
Or, Donald Trump a clairement annoncé lors d’un discours sur l’énergie en mai 2016(5) dans le Dakota du Nord (7e État américain en matière de production de charbon) qu’il jugeait « stupide », une règlementation « qui oblige des centaines de centrales à charbon à fermer, et qui bloque la construction de nouvelles ». Au grand dam des défenseurs de l’environnement, le nouveau Président américain dispose en outre d’une certaine liberté d’action, compte tenu de la majorité républicaine au Congrès.
Notons que Donald Trump a connu un succès particulier dans les différents États charbonniers, bien que de nombreux autres facteurs interviennent dans le vote des électeurs américains. Le nouveau Président a ainsi réalisé ses scores les plus importants dans le Wyoming et la Virginie de l’Ouest qui sont les deux principaux États producteurs de charbon (plus de la moitié de la production américaine à eux deux).
Donald Tump est arrivé en tête des suffrages dans 4 des 5 principaux États producteurs de charbon aux États-Unis. Parmi ces derniers, seul l’État de l’Illinois a (assez largement) voté en faveur d’Hillary Clinton. (©Connaissance des Énergies, d’après EIA et Politico)
Au plan mondial, rappelons que les États-Unis étaient encore en 2015 les 2e producteurs de charbon derrière la Chine et les 3e consommateurs après la Chine et l’Inde. Le pays dispose surtout de 26,6% des réserves prouvées de charbon dans le monde (soit plus du double des réserves chinoises), l’équivalent de 292 années de sa production au rythme actuel.