En Suède, 2 des 3 réacteurs nucléaires de la centrale d’Oskarshamn ont été définitivement arrêtés au cours des dix derniers mois. (©OKG)
La production nucléaire mondiale a très légèrement augmenté en 2016 mais les constructions de nouveaux réacteurs sont en baisse, pointe le « World Nuclear Industry Status Report 2017 »(1) publié la semaine dernière.
La production nucléaire mondiale portée par le parc chinois
En 2016, le parc nucléaire mondial a produit 2 476 TWh, soit 1,4% d’électricité en plus qu’en 2015. Cette légère croissance est due à la très forte hausse de la production chinoise (+ 23% en 2016). C’est dans ce pays qu’ont été mis en service 5 des 10 nouveaux réacteurs nucléaires l’an dernier.
Signalons par ailleurs que trois nouveaux réacteurs nucléaires ont été connectés au réseau en 2017 : deux en Chine (Yangjiang 4 et Fuqing 4) et un troisième au Pakistan (Chasnupp 4), fruit d’une collaboration entre la Pakistan Atomic Energy Commission (PAEC) et la société… chinoise China National Nuclear Corporation (CNNC). Il s’agit des premiers réacteurs en service dont la construction a débuté après l’accident de Fukushima Daiichi (mars 2011).
Au 19 septembre 2017, la Chine dispose d’un parc nucléaire composé de 38 réacteurs (pour la plupart à eau pressurisée, comme en France) selon l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), auxquels pourraient s’ajouter 19 tranches supplémentaires actuellement en construction. Ce parc ne contribue toutefois encore que très faiblement au mix de production électrique chinois (3,6% en 2016, avec 210,5 TWh produits).
Avec un parc de 99 réacteurs nucléaires ayant produit 805 TWh en 2016, les États-Unis restent avec la France (58 réacteurs et 384 TWh produits en 2016) les principaux pays en matière d’énergie nucléaire au niveau mondial. En 2016, ils ont compté à eux deux pour 48% de la production électrique d’origine nucléaire dans le monde.
La plupart des nouveaux réacteurs nucléaires mis en service depuis 2010 sont situés en Chine. (©Connaissance des Énergies, d’après WNISR 2017)
Quel avenir pour la filière nucléaire ?
Financé par la Fondation MacArthur et le parti des Verts au Parlement européen, le « World Nuclear Industry Status Report 2017 » délivre des données détaillées sur la filière nucléaire tout en adoptant un regard très critique, à l'image de l’avant-propos de la publication(2). Ce dernier est rédigé par l’ingénieur américain S. David Freeman(3) qui considère que l’énergie nucléaire est aujourd’hui « éclipsée par le solaire et l’éolien ».
Plusieurs grandes données du rapport vont dans le sens de cette affirmation et d'une perte de vitesse de la filière nucléaire : baisse du nombre de réacteurs en construction (53 à mi-2017, contre 68 fin 2013), difficultés financières d’acteurs de la filière (faillite de Westinghouse, pertes d’Areva), vieillissement du parc en service (plus de la moitié des réacteurs sont opérationnels depuis 31 ans et plus), etc.
Si le nucléaire est de plus en plus concurrencé par les énergies renouvelables (et le gaz naturel), y compris au regard de leurs coûts de production, elle conserve toutefois l’avantage d’avoir une production décarbonée quasi-continue (hors périodes de maintenance) et stable, susceptible de palier l’intermittence des filières éolienne et solaire. Outre-Atlantique, de nombreuses start-ups misent sur les « small modular reactors » pour incarner le nucléaire du futur(4).
Au total, l’énergie nucléaire a encore compté pour 10,5% de la production mondiale d’électricité en 2016. Au 19 septembre 2017, 448 réacteurs nucléaires, d’une puissance cumulée de 391,7 GW, sont « en opération » au niveau mondial selon l’AIEA.
La production nucléaire mondiale, qui a atteint un pic en 2006, reste relativement stable depuis le début des années 2000. (©Connaissance des Énergies, d’après WNISR 2017)