Plusieurs anciens pilotes de F1 pilotent désormais des Formule E comme le Français Jean-Éric Vergne et l'Allemand Nick Heidfeld. (©FIA)
Ce samedi 23 avril a lieu à Paris la première course européenne de la saison 2015/2016(1) de « Formule E » (FE), cousines 100% électriques des « F1 ». Celles-ci ont le privilège de pouvoir circuler sur des circuits aménagés au cœur de grandes villes comme aux Invalides dans la capitale française.
14 virages autour de l'hôtel des Invalides
C’est la deuxième année que se déroule le championnat de Formule E qui est, comme celui des F1, placé sous l’égide de la Fédération internationale de l’automobile (FIA) mais la première fois que ces monoplaces électriques font escale à Paris. Les FE emprunteront demain un circuit de 1,93 km autour de l’hôtel des Invalides, constitué de 14 virages. La course (dite « ePrix ») sera composée de 43 tours dudit circuit et devrait durer près de 50 minutes.
Les 18 FE en course circuleront à certains points du circuit à plus de 200 km/h (la vitesse est limitée à 225 km/h par la FIA alors qu’elle dépasse 350 km/h sur les circuits des F1). L’enjeu pour les différentes équipes est de disposer de véhicules aérodynamiques à l’image des Formule 1 alors qu’elles sont alourdies par des batteries embarquées de 200 kg dont la quantité d’énergie stockée est limitée à 28 kWh.
En course, ces batteries ne sont pas rechargées. Un arrêt aux stands est bien prévu mais pour permettre aux pilotes de… changer de monoplace électrique. Un temps minimum est imposé lors de cet arrêt et aucun changement de pneus n’est permis (sauf en cas de crevaison ou d’accident). Alain Prost qui est impliqué dans l’écurie 100% français e.Dams envisage un doublement de l’autonomie des batteries de FE d’ici 3 ans, ce qui permettrait de supprimer cet arrêt aux stands.
Une puissance maximale de 200 kW et un « FanBoost » pour 3 pilotes
Les différentes écuries de ce championnat sont désormais libres de développer leurs propres chaînes de traction, ce qui n’était pas le cas lors de la première saison : tous les pilotes ont concouru l’an dernier avec la même voiture (la Spark-Renault SRT_01E). Le châssis et les batteries des différentes FE restent actuellement les mêmes.
Toutes les FE sont naturellement soumises à un ensemble de spécifications techniques. La puissance du moteur électrique des véhicules est limitée à 200 kW, l’équivalent de 270 chevaux(2). Cette puissance maximale ne peut toutefois être exploitée par les pilotes que durant les essais libres et qualificatifs précédant la course.
Durant la course, les FE roulent en mode « économie d’énergie » avec une puissance maximale de 170 kW. Trois pilotes peuvent toutefois bénéficier d’un « FanBoost », c’est-à-dire d’un surplus d’énergie de 100 kJ (1 kWh = 3 600 kJ) qui peut être utilisée durant la deuxième partie de course (après changement de monoplace). Il permet concrètement aux pilotes en disposant de rouler avec une puissance de 180 à 200 kW durant quelques secondes. Cet avantage est attribué en fonction des votes de fans sur internet, une spécificité de ce championnat(3).
Quel intérêt pour la mobilité électrique ?
Cette compétition vise selon Jean Todt, président de la FIA, à développer de nouvelles technologies transposables sur des voitures de série dans le futur et participerait donc indirectement à l’essor de la mobilité électrique. De nombreux données sont récupérées et devraient profiter aux véhicules destinés au grand public, notamment en matière de performance des batteries. Signe de cette recherche d’innovations, il est prévu l’an prochain que des voitures autonomes sans pilote soient par ailleurs mises en concurrence avant chaque course de FE.
Le championnat de FE vise dans le même temps à conquérir de nouveaux spectateurs de sports mécaniques en venant à leur rencontre dans le centre de grandes villes. Environ 10 000 personnes sont attendues demain aux Invalides et la course se déroulera à guichets fermés.
Rappelons par ailleurs deux données qui peuvent surprendre. Tout d’abord, les FE ne sont pas tout à fait « silencieuses » : elles produisent un son se rapprochant de celui d’un avion au décollage bien que beaucoup moins intense, de l’ordre de 80 dB (contre environ 150 dB pour l’avion et à peine moins pour les F1), soit légèrement moins qu'une tondeuse à gazon. Par ailleurs, saviez-vous que le premier véhicule automobile ayant franchi le cap des 100 km/h était une voiture électrique ? Il s’agissait de la « Jamais contente » qui a établi ce record en 1899 à Achères, à une trentaine de kilomètres des invalides.