Data centers : les GAFAM minimisent fortement leur niveau réel d'émissions, selon The Guardian

Les émissions de gaz à effet de serre des data centers détenus par les « GAFAM » (Google, Apple, Facebook, Amazon et Microsoft, couramment appelés « Big Tech » en anglais) seraient largement plus élevées que le niveau annoncé, selon une analyse du quotidien britannique The Guardian(1).

La consommation électrique des data centers en chiffres

En 2022, les data centers, les cryptomonnaies et l'intelligence artificielle (IA) auraient consommé près de 460 TWh d'électricité au niveau mondial, ce qui correspond à « presque 2% de la demande mondiale d'électricité », selon les dernières données de l'Agence internationale de l'énergie (AIE)(2).

Ces besoins pourraient s'élever entre 620 TWh et 1 050 TWh dès 2026, estime l'AIE selon différents scénarios, ce qui revient approximativement, en matière de consommation électrique, à « ajouter au moins l'équivalent de la Suède ou au plus de l'Allemagne ».

Les dynamiques de croissance sont plus ou moins fortes selon les régions du monde (on compte actuellement plus de 8 000 data centers dans le monde, dont 33% aux États-Unis et 16% en Europe). En Irlande, la demande des centres de données irlandais comptait déjà pour plus d'un cinquième de la consommation nationale d'électricité en 2023.

Et le développement de l'IA augmente la voracité du secteur : une requête auprès de ChatGPT engendre une consommation électrique environ 10 fois plus importante qu'une recherche sur Google, selon les estimations de Goldman Sachs(3).

Des émissions environ 662% supérieures au niveau déclaré

Dans ce contexte, les « GAFAM » multiplient les déclarations sur leurs actions visant à réduire l'impact climatique de leurs data centers. Mais selon The Guardian, « les émissions réelles des centres de données internes ou appartenant à Google, Microsoft, Meta et Apple sont probablement supérieures d’environ 662 % – soit 7,62 fois – aux niveaux officiellement déclarés » entre 2020 et 2022.

Les « Big Tech » useraient d'une « comptabilité créative » pour présenter un bilan plus flatteur en matière d'émissions : ils achètent en particulier des certificats d'énergie renouvelable. Mais, sans cette compensation, les émissions « basées sur la localisation » des data centers reviendraient, à faire des GAFAM, s'ils étaient un pays, « le 33e plus grand émetteur, après les Philippines et devant l'Algérie », indique The Guardian.

La prise en compte des différents « scopes » dans la comptabilité des émissions est également essentielle. Pour rappel, le « scope 1 » correspond aux émissions de gaz à effet de serre (GES) directement émises par les activités de l’entreprise (émissions directes de gaz à effet de serre issues de combustibles fossiles) tandis que le « scope 2 » couvre également les émissions de GES indirectes associées à la consommation d’énergie, qui surviennent en dehors des installations de l’entreprise (dans le cas des data centers, essentiellement le contenu carbone de l'électricité consommée)(4).

Or, Meta fait état d'une émission de 273 tonnes d'équivalent CO2 dans le cadre de ce scope 2, tandis que les émissions basées sur la localisation des data centers reviendraient à un total de plus de... 3,8 millions de tonnes d'équivalent CO2, estime The Guardian.

Doivent encore s'ajouter les émissions du « scope 3 » qui incluent les émissions « indirectes » résultant des activités d'une organisation mais qui se situent en dehors de son contrôle direct (ce qui concerne les data centers loués par les GAFAM selon The Guardian).

Face aux besoins croissants d'électricité bas carbone (notamment pour le secteur numérique), « il pourrait être presque impossible, même pour les entreprises les mieux intentionnées, de mettre en ligne de nouvelles capacités de production d’énergie renouvelable à temps pour répondre à cette demande », juge The Guardian en conclusion.

 

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