Près de 40% des émissions mondiales de CO2 liées à l’énergie et à l’industrie en 2016 seraient dues au charbon. (©Robert Castillo-Dreamstime.com)
Les émissions mondiales de CO2 liées à la combustion d’énergie fossile et à l’industrie pourraient augmenter de près de 2% en 2017 selon le Global Carbon Projet. Les données présentées ce matin en marge de la COP23 à Bonn constituent un nouveau signal inquiétant dans la lutte contre le changement climatique.
Une hausse des émissions en grande partie liée à la Chine
En 2017, les émissions mondiales de CO2 pourraient atteindre 41 milliards de tonnes (Gt), dont environ 36,8 Gt dues à la combustion d’énergie fossile et à l’industrie selon le Global Carbon Projet (GCP). A l’origine du rapport présenté ce matin à Bonn, 76 scientifiques de 57 centres de recherche font état d’une incertitude de plus ou moins 5% pour estimer les émissions de 2017 mais ils s’accordent sur un fait : ces émissions seront en hausse (entre + 0,8% et + 3% par rapport à 2016), après trois années de stabilisation.
Publié chaque année depuis 12 ans, le Global Carbon Budget signale que la hausse des émissions mondiales en 2017 est en grande partie due à la hausse des émissions chinoises. « L'édition 2017 rappelle que la stabilisation globale des émissions de CO2 d'origine énergétique et industrielle reposait principalement sur la baisse des émissions chinoises, et que ceci n'est pas forcément extrapolable », signale Christian de Perthuis, fondateur de la Chaire Économie du Climat. La Chine, dont les émissions avaient baissé en 2015 et 2016, pourrait émettre près de 10,5 Gt CO2 en 2017, soit 3,5%(1) de plus que l’an dernier. Cette évolution est liée à une hausse de la production industrielle et une plus forte consommation d’énergies fossiles (+ 3% de charbon notamment), parallèlement à une baisse de la production hydroélectrique (baisse des précipitations).
Les émissions mondiales de CO2 vont atteindre un niveau record en 2017. (©Connaissance des Énergies d’après Global Carbon Project)
Aux États-Unis, la baisse des émissions de CO2, qui avoisinait 1,2% par an au cours de la dernière décennie, pourrait se limiter à 0,4% en 2017 en raison d’une hausse de la consommation de charbon. Dans l’Union européenne, les émissions pourraient également diminuer de seulement 0,2% en 2017 selon le Global Carbon Projet, contre une baisse de 2,2% par an en moyenne lors des dix dernières années.
Avec des émissions estimées en hausse de 2% en 2017, l’Inde fait finalement figure de « bonne surprise » puisqu’il s’agit d’un important recul par rapport à la tendance de la dernière décennie (+ 6% par an). Parmi les autres faibles signaux positifs, le Global Carbon Project constate que 22 pays ont diminué leurs émissions de CO2 au cours de la dernière décennie alors que leurs PIB augmentaient.
Pour rappel, la Chine, les États-Unis et l’Inde ont compté pour la moitié des émissions mondiales de CO2 en 2016 (comptant respectivement pour 28%, 15% et 7% de ces émissions). Rapportées à la population, les émissions de CO2 sont plus de deux fois plus importantes aux États-Unis qu’en Chine ou dans l’Union européenne.
La cible des 2°C s’éloigne…
Près de 40% des émissions mondiales de CO2 liées à l’énergie et à l’industrie en 2016 sont imputées par le Global Carbon Project à la combustion de charbon. Les autres facteurs d’émissions sont la consommation de pétrole (34%) et de gaz (19%), la production de ciment (6%) et le « torchage » de gaz (près de 1%).
Entre 2011 et 2016, les émissions mondiales de CO2 liées au charbon ont baissé en moyenne de 0,6% par an tandis que celles liées au pétrole augmentaient de 1,6% par an. Pour rappel, ces deux énergies comptaient encore pour 61,4% de la consommation mondiale d’énergie en 2016(2).
La cible de « 2°C »(3), voire de « 1,5°C » semble hors de portée à l’heure actuelle : « il faudrait que les émissions atteignent leur pic ces prochaines années puis diminuent rapidement » et de manière drastique, souligne Corinne Le Quéré, co-auteur du rapport du Global Carbon Project et professeur à l’université britannique d’East Anglia qui fait part d’ « une grande déception » face aux nouvelles données présentées.
A Bonn, la COP23 entrera mercredi et jeudi dans une phase plus « politique » avec entre autres l’intervention d’Angela Merkel et d’Emmanuel Macron. Il sera à nouveau question de l’inadéquation entre les objectifs de l’Accord de Paris et les engagements réels des États signataires.
En 2016, la consommation mondiale d’énergie primaire reposait encore à plus de 85% sur les énergies fossiles. (©Connaissance des Énergies d’après BP Statistical Review of World Energy)