Accélérer « l'électrification » de la France : des acteurs de l'énergie lancent un appel auprès des parlementaires

  • Connaissance des Énergies avec AFP
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À l'approche d'un débat au Parlement sur la souveraineté énergétique, une vingtaine de fédérations et organisations professionnelles de l'énergie appellent jeudi députés et sénateurs à engager une "véritable rupture dans l'électrification des usages" pour réduire la dépendance de la France aux énergies fossiles importées et coûteuses.

« Plus de 65 milliards d'euros par an versés à des puissances étrangères »

"Chaque jour, ce sont 180 millions d'euros qui s'envolent pour couvrir notre consommation d'énergies fossiles - soit plus de 65 milliards d'euros par an versés à des puissances étrangères, parfois hostiles à nos intérêts", selon cette lettre ouverte aux députés et aux sénateurs.

Parmi les signataires figurent l'Union française de l'électricité, des acteurs des renouvelables (Enerplan, France Hydro Électricité, France Renouvelables, SER) et du nucléaire (Gifen, SFEN).

Ils soulignent "l'urgence" d'accélérer "les transferts d'usage vers l'électricité", dans les transports, l'industrie et les bâtiments encore très dépendants des énergies fossiles.

Sur proposition du Premier ministre François Bayrou, l'Assemblée nationale le 28 avril, puis le Sénat le 6 mai accueilleront un débat sur la souveraineté énergétique après 4 ans d'une large concertation pour bâtir la nouvelle feuille énergétique de la France pour la période 2025-2035.

Le décret de la PPE publié « d'ici à l'été »

Cette programmation pluriannuelle de l'énergie (PPE) doit mettre la France sur la voie de la neutralité carbone en 2050 en réduisant la part des énergies fossiles dans la consommation d'environ 60% en 2023 à 30% en 2035.

Ce projet a été approuvé le 27 mars dernier par le conseil de supérieur de l'énergie, et restait à publier le décret. Or l'adoption de cette PPE a été fortement critiquée par des partis allant du centre à l'extrême droite au Parlement, ainsi que par les défenseurs de l'énergie nucléaire, dénonçant un soutien trop important aux énergies renouvelables au détriment de l'atome selon eux.

De nombreux acteurs de l'énergie pressent pour que le décret soit publié au plus vite et appellent à cesser les tergiversations politiques, craignant l'absence de visibilité pour investir et recruter. "La question n'est pas tant de savoir si l'électricité doit sortir d'un (réacteur) EPR, d'un SMR (mini réacteur), d'un barrage (...) d'une éolienne ou d'un panneau solaire, mais surtout de savoir comment cette électricité, produite intégralement en France et décarbonée, peut se substituer aux énergies fossiles importées", soulignent les signataires.

Le décret sera publié "d'ici à l'été", à l'issue du débat sans vote au Parlement, indiquait début avril le cabinet de la porte-parole du gouvernement Sophie Primas. 

Le décret pourra faire l'objet "d'éventuelles modifications en fonction des débats parlementaires qui auront lieu lors de la discussion" d'une proposition de loi du sénateur LR Daniel Gremillet. Celle-ci déjà adoptée en première lecture par le Sénat sera discutée à l'Assemblée nationale "la deuxième quinzaine de juin", selon Mme Primas.

Commentaires

Vincent
"La question n'est pas tant de savoir si l'électricité doit sortir d'un (réacteur) EPR, d'un SMR (mini réacteur), d'un barrage (...) d'une éolienne ou d'un panneau solaire," Vu 1) le surcoût engendré par les EnRi (emprise au sol, raccordement réseau, intermittence) et 2) le facteur de charge du parc nucléaire qui pourrait être nettement plus élevé s'il n'était pas perturbé par ces mêmes EnRi… la question se pose pourtant, surtout vu les sommes en jeu. Suivez l'argent…
Francine
La question fondamentale est bien la nature des moyens utilisés pour fournir de l'énergie ! Rejeter cela est une hérésie ou une totale absence des connaissances en la matière ! si le décret passe tel quel, ce sera un nouvel argument pour mettre nos politiques au pilori virtuel et les gens auront bien raison !
Antoine Jantzen
Bonjour Vincent, bonjour Francine, Je ne suis pas d'accord avec vous. Je pense que notre mix énergétique est un atout. Nous devrons compter sur toutes les filières disponibles pour décarboner notre économie jusqu'à ce que nous ayons effectuer la décroissance nécessaire pour ne compter que sur les renouvelables. Le problème du réchauffement climatique est un problème lié aux énergies fossiles qui nous mettent sous le joug de la double contrainte carbone, ce n'est un problème de production d'électricité - en France - qui est largment décarboné. Donc, l'enjeu central est bien l'électrification des usages, qui lui est à la peine (abandon, ou presque, de la solution hydrogène qui le site d'Acelor-Mital à Dunkerque, parc automobile au diesel ou à l'essence, chauffage au gaz, etc etc.....). La question fondamental est bien comment se passer du pétrol et du gaz. Surtout qu'en ce moment, en France, nous produisons trop d'électricité, et en face les usages électifiés ne sont pas au rendez-vous. Ce déphasage est néfaste, il faut y remédier. Donc, pour moi, cette tribune vise dans le mille : il faut bien accélérer dans l'électrification des usages.
Studer
Bonjour Antoine. Je suis aussi d’accord pour dire que la priorité est à de multiples égards d’accélérer les transferts d’usage vers l’électricité qui est quasiment décarbonée en France. Mais je ne suis pas du tout en phase avec vous sur au moins deux points : - La nécessité d’une décroissance de notre consommation énergétique, qui conduirait mécaniquement à une décroissance économique et à des impacts sociaux et humains graves. Pour l’éviter il faudra a minima maintenir le niveau de consommation d’énergie tout en améliorant l’efficacité énergétique. - Et surtout : votre vision du mix, entièrement renouvelable, est totalement utopique, probablement parce que vous manquez de connaissances techniques (électrotechniques plus précisément). En effet, si on reste sur ce champ, l’inconvénient l’intermittence des énergies du vent et du soleil n’a pas de remède connu à l’heure actuelle. Ces énergies sont tolérables jusqu’à 15 % dans un mix où leurs variations aléatoires sont compensées par des énergies pilotables (le nucléaire en France, l’hydraulique en Norvège ou en Suisse), mais à partir de 30-40 % d’intermittence, le risque d’écroulement du réseau (blackout) devient rédhibitoire. Rien que pour cela, un mix 100 % renouvelable est une utopie ; si on lui ajoute d’autres considérations, comme le fait que les machines sont essentiellement importées ou que leur coexistence invasive avec les riverains pose des problèmes d’acceptabilité croissants, la conclusion est encore plus nette : oui, il faut électrifier nos activités qui ne le sont pas, mais pas avec (trop) d’énergies intermittentes, et surtout sans viser la décroissance.
Poleoto
On connait l"acharnement que les promoteurs éoliens et du P-V mettent à défendre leurs intérêts sous le masque de l'écologie .

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