- Source : Office national de l’énergie
Le Canada est un géant énergétique dont il est pourtant assez peu question dans l’actualité. En 2014, ce pays est, au niveau mondial, le 2e producteur d’uranium naturel (derrière le Kazakhstan) et d’hydroélectricité (derrière la Chine), le 4e producteur de pétrole brut et le 5e producteur de gaz naturel. Le Canada dispose entre autres des 3e réserves prouvées de pétrole au monde (dont 97% se trouvent dans des sables bitumineux) et des 4e ressources identifiées d’uranium naturel.
Dans cette étude, l’Office national de l’énergie, organisme de réglementation canadien, présente un état des lieux détaillé de la situation énergétique de ce pays ainsi que les perspectives d’évolution de la production et de la demande d’ici à 2040. Un scénario de référence présente des projections de base (avec un baril du brut remontant autour de 80 $ en 2020 et jusqu’à 107 $ en 2040) et 5 autres scénarios sont exposés suivant différentes hypothèses : des prix des hydrocarbures bas ou élevés, des exportations de gaz naturel liquéfié (GNL) nulles ou élevées, une absence de nouvelles infrastructures significatives pour transporter le pétrole canadien.
Une production pétrolière en hausse de 56% à l'horizon 2040
Dans son scénario de référence, l’Office national de l’énergie envisage une croissance de la production canadienne de pétrole brut de 56% d’ici à 2040 (par rapport à 2014) qui atteindrait alors 6,1 millions de barils par jour (Mb/j) à cet horizon. La production de gaz naturel, dont l’évolution dépendra en partie des capacités d’exportations sous forme de GNL, pourrait quant à elle augmenter de 22% à l’horizon 2040. Cette étude prévoit par ailleurs une forte hausse de la production d’électricité, principalement liée aux centrales à gaz et aux nouvelles capacités renouvelables (l’hydroélectricité restant de loin la première source de production électrique en 2040, comptant à cette date pour 56% du mix contre 62% en 2014).
La demande d’énergie canadienne devrait poursuivre sa croissance mais à un rythme annuel moyen de seulement 0,7% entre 2014 et 2040, soit presque deux fois plus lent que sa croissance entre 1990 et 2013. L’intensité énergétique de l’économie canadienne (consommation d’énergie par point de PIB) devrait parallèlement continuer à diminuer, à un rythme moyen de 1% par an entre 2013 et 2040.
Les gaz d'enfouissement désignent les gaz (typiquement composés de 50 % de méthane et 50 % de CO2) produits par la décomposition des matières organiques enfouies dans les décharges qui sont récupérés. (©Connaissance des Énergies)
La hausse de la production d’énergie cumulée à une croissance limitée de la demande devrait ainsi, selon l’Office national de l’énergie, permettre au Canada d’augmenter sensiblement ses exportations, sous réserve de bénéficier de nouveaux moyens pour les acheminer (au sein de nouveaux oléoducs pour le pétrole, sous forme de GNL pour le gaz).
Oléoducs et émissions de gaz à effet de serre : deux préoccupations compatibles ?
Le Canada est le plus important exportateur de pétrole brut vers les États-Unis et l’absence de nouvel oléoduc d’envergure vers ce pays (tels que Keystone XL qui a été abandonné en novembre 2015) pourrait entraîner une baisse de la production pétrolière nationale à l’horizon 2040 estimée à 8% par rapport au scénario de référence. En effet, ce scénario dit « de capacité limitée » contraindrait les producteurs canadiens à avoir recours au transport ferroviaire, plus coûteux, pour acheminer leur pétrole. Signalons ici que la réglementation de la construction et de l’exploitation des oléoducs et gazoducs fait partie des principales attributions de l’Office national de l’énergie.
Suite à la COP21, la question des émissions de gaz à effet de serre (GES) du Canada pourrait enfin être de plus en plus sensible : ce pays est à l’origine d’environ 2% des émissions mondiales en 2013 et les émissions par habitant sont, au Canada, parmi les plus élevées au monde en raison du climat et de la géographie du pays (qui implique de nombreux transports). Notons que près de 81% des émissions canadiennes de GES en 2013 sont imputables à la combustion d’énergie. Dans le cadre de la Conférence Climat de Paris, le Canada s’est fixé pour objectif de réduire ses émissions totales de GES de 30% d’ici à 2030 par rapport au niveau de 2005(1).
Sources / Notes