Nucléaire : l'Iran avertit les Européens qu'une résolution « compliquera » leurs échanges

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L'Iran a mis en garde la France, l'Allemagne et le Royaume-Uni contre toute résolution concernant son programme nucléaire, au moment où Européens et États-Unis veulent accentuer la pression sur Téhéran lors d'une réunion cruciale à l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA).

Une résolution critique

Paris, Berlin et Londres prévoient de déposer formellement une résolution critique au siège de l'AIEA à Vienne en Autriche, en vue d'un vote probablement jeudi, selon des sources diplomatiques interrogées par l'AFP.

"Cette initiative (...) ne fera que compliquer le problème" du dossier nucléaire, a averti le chef de la diplomatie iranienne, Abbas Araghchi, lors d'un appel téléphonique avec son homologue français, Jean-Noël Barrot, rapporté mercredi par Téhéran.

La volonté de la France, de l'Allemagne et du Royaume-Uni d'accentuer la pression sur l'Iran nuit à "l'atmosphère positive" des échanges entre Téhéran et l'AIEA, a estimé M. Araghchi.

Le chef de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), Rafael Grossi, s'est rendu vendredi sur deux importants sites nucléaires en Iran, au moment où Téhéran affirme vouloir lever "doutes et ambiguïtés" sur son programme nucléaire controversé.

Des « réponses techniques crédibles » attendues

Depuis des mois, Washington et ses alliés européens, Londres, Paris et Berlin (E3), réclament à Téhéran des signes concrets.

Le projet de résolution, consulté par l'AFP, "réaffirme qu'il est essentiel et urgent" que le pays fournisse des "réponses techniques crédibles" concernant la présence de traces d'uranium inexpliquées sur deux sites non déclarés près de Téhéran, Turquzabad et Varamin.

En 2015, l'Iran et plusieurs pays parmi lesquels les États-Unis avaient conclu à Vienne un accord sur le nucléaire. Le texte prévoyait un allègement des sanctions internationales contre Téhéran, en échange de garanties que l'Iran ne cherche pas à acquérir l'arme atomique.

Téhéran nie farouchement avoir de telles ambitions sur le plan militaire et défend un droit au nucléaire à des fins civiles, notamment pour l'énergie.

En cas de résolution adoptée, des « mesures réciproques » de l'Iran

En 2018, Donald Trump, alors président des États-Unis, a retiré unilatéralement les États-Unis de l'accord - auquel se conformait Téhéran, selon l'AIEA - et rétabli de lourdes sanctions à l'encontre de l'Iran.

Depuis, le pays a considérablement augmenté en représailles ses réserves de matières enrichies à 60%, proches des 90% nécessaires pour fabriquer une arme atomique, selon l'AIEA. L'accord sur le nucléaire plafonnait ce taux à 3,67%.

Selon l'AIEA, l'Iran est le seul État non doté d'armes nucléaires à enrichir de l'uranium jusqu'au niveau élevé de 60%, tout en continuant à accumuler d'importants stocks d'uranium. Toutefois, d'après un rapport confidentiel du gendarme onusien du nucléaire, l'Iran a engagé des mesures pour stopper l'expansion de ses réserves enrichies à 60%.

"Si une résolution est adoptée contre nous, l'Iran prendra des mesures réciproques et nous prendrons de nouvelles mesures qui ne leur plairont certainement pas pour notre programme nucléaire", a mis en garde samedi le chef de la diplomatie iranienne.

M. Araghchi était en 2015 le négociateur en chef côté iranien des pourparlers sur le nucléaire avec les grandes puissances.

En 1970, l'Iran a ratifié le Traité de non-prolifération (TNP), qui fait obligation aux États signataires de déclarer et placer leurs matières nucléaires sous le contrôle de l'AIEA.

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