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Nations riches et en développement sont entrées jeudi dans la dernière phase des négociations autour du montant de l'aide financière à la COP29, et les cartes commencent à s'abattre, avec une demande plus précise d'une alliance de pays en développement.
Le représentant de cette alliance de 134 pays du Sud a réclamé aux pays développés concernés (Union européenne, Japon, Etats-Unis...) "au moins" 500 milliards de dollars de financements par an pour le climat d'ici 2030.
"Nous ne devons pas quitter Bakou sans un chiffre clair", a lancé l'Ougandais Adonia Ayebare, devant tous les pays de la Conférence des Nations unies sur les changements climatiques (COP29) à Bakou, lors d'une plénière rebaptisée "kouroultaï" pour refléter la culture régionale de concertation.
Aucun chiffre ne figure dans le projet de texte publié jeudi matin par la présidence azerbaïdjanaise du sommet, qui n'a satisfait personne.
Une nouvelle version est désormais attendue vendredi, avec cette fois un chiffrage, a promis la présidence de la COP.
"Nous sommes, franchement, profondément inquiets du déséquilibre flagrant" du texte, a déclaré l'émissaire américain John Podesta, emboîtant le pas au commissaire européen, Wopke Hoekstra, qui a dénoncé un travail "inacceptable en l'état".
Ce dernier et ses collègues européens exigent davantage d'engagements pour réduire les émissions de gaz à effet de serre, blâmant les pays producteurs de pétrole qui freinent, comme l'Arabie saoudite.
"Le groupe arabe n'acceptera aucun texte qui cible un secteur spécifique, y compris les combustibles fossiles", a déclaré le délégué saoudien Albara Tawfiq au nom du groupe, un an après la COP28 de Dubaï conclue par un accord sur l'abandon progressif du pétrole, du gaz et du charbon.
Le ministre irlandais Eamon Ryan confie cependant à l'AFP que "cela avance. Il est évident que ce texte n'est pas le dernier. Ce sera radicalement différent, il y a de l'espace pour un accord".
La Chine, acteur clé pour trouver l'équilibre entre les pays développés et le monde en développement, a appelé "toutes les parties à se retrouver à mi-chemin", par la voix de son représentant Xia Yingxian, qui a aussi jugé le texte "non-acceptable".
La Chine a toutefois tracé une ligne rouge: l'argent qu'elle fournit déjà aux pays du Sud ne doit pas être comptabilisé dans l'objectif clé négocié à Bakou, le montant que les pays riches doivent s'engager à fournir d'ici 2030 ou 2035.
L'UE, premier contributeur mondial à la finance climatique, insiste pour que la Chine, le Qatar ou Singapour, participent de manière plus transparente à l'effort mondial pour que l'humanité tienne son engagement, mal embarqué, de limiter le réchauffement à 1,5°C depuis l'ère pré-industrielle.
- "Caricature" -
"L'échec n'est pas une option", a exhorté le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, de retour du G20 à Rio pour soutenir l'effort final d'un sommet censé répondre à la multiplication des catastrophes climatiques.
Le texte fustigé par tous est un document provisoire de 10 pages publié par la présidence tôt jeudi matin.
Il "caricature les positions des pays développés et en développement", déplore Joe Thwaites, de l'ONG NRDC. "La présidence doit proposer une troisième option pour les concilier."
Cette option, secrète, a été mise sur la table par l'Australien Chris Bowen et l'Egyptienne Yasmine Fouad, les deux ministres chargés de rapprocher les positions dans la dernière ligne droite des deux semaines du sommet, sous les tentes surchauffées installées dans le "stade olympique" de Bakou.
Mais elle n'a pas encore été dévoilée aux pays et la présidence la garde dans sa manche, ont confirmé à l'AFP trois sources proches des négociations.
- "Jeux politiques" -
La première option du texte reflète les exigences des pays en développement, réclamant que "X" milliers de milliards de dollars par an soient fournis par l'argent public des pays riches et par des fonds privés associés, "sur la période 2025-2035".
Soit bien plus que les 100 milliards que les pays développés s'étaient engagés à leur fournir sur la période 2020-2025 pour qu'ils s'adaptent au changement climatique et investissent dans les énergies bas carbone. Une option irréaliste pour les Occidentaux, a fortiori en période de resserrement budgétaire.
La deuxième option résume le point de vue de départ des pays riches: l'objectif financier serait "une augmentation de la finance mondiale pour l'action climatique" à "X" milliers de milliards de dollars par an, "d'ici 2035", sans préciser la part prise en charge par les pays développés.
Mais aux COP, toutefois, personne ne dévoile ses vraies lignes rouges jusqu'au dernier jour, théoriquement vendredi, même si les négociateurs se préparent déjà à au moins une journée supplémentaire.
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