Projet d'interconnexion électrique France-Espagne dans le Golfe de Gascogne

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Le projet de ligne électrique sous-marine appelé "Golfe de Gascogne", porté par le gestionnaire de réseau français RTE et l'espagnol REE, doit relier Gatica (Espagne) à Cubnezais (France), devrait être mis en servise d'ici à 2028.

Présentation

D'une tension de 400 000 volts, la nouvelle ligne s'étend sur environ 400 kilomètres, dont 272 km en tracé sous-marin et le reste enterré dans le sol à 1,5 m de profondeur.

La commission de régulation de l'énergie (CRE) française et l'autorité espagnole de la concurrence (CNMC) avaient indiqué être "convenues d'une répartition des coûts qui reflète les bénéfices apportés aux deux pays".

Le projet de liaison sous-marine dans le Golfe de Gascogne, entre la France et l'Espagne, est de la plus "haute priorité" pour la Commission européenne afin de rattacher la péninsule ibérique au reste du continent : "A l'heure actuelle, les niveaux d'interconnexion insuffisants dans les régions comme la péninsule ibérique sont un obstacle à la pénétration des énergies renouvelables et à une convergence plus approfondies des prix", souligne la Commission dans rapport en novembre 2017.

La Commission européenne annonçait en janvier 2018 qu'elle allait débourser 578 millions d'euros pour soutenir le projet. C'est le plus important soutien financier jamais accordé à un projet énergétique par l'exécutif européen.

A quoi va-t-elle servir ?

L'augmentation de la capacité d'échange permet en cas de problème d'assurer une solidarité avec les pays, par exemple en cas de pointe de froid conjuguée à des problèmes de disponibilité de production dans un pays ou dans l'autre. Avec l'intermittence des énergies renouvelables, il y a de plus en plus de flux qui circulent d'un côté à l'autre de l'Europe. Les interconnexions sont un des meilleurs moyens pour créer de la flexibilité.

Une interconnexion quasi-similaire (2 000 mégawatts, 320 000 volts) existe déjà de l'autre côté des Pyrénées, avec 65 kilomètres de câbles souterrains entre Baixas (Pyrénées-Orientales) et Santa Llogaia (Espagne).

Le tracé

Les câbles devaient initialement passer par le Gouf de Capbreton, dans le golfe de Gascogne, mais il s'est avéré "impossible" de franchir ce canyon sous-marin long de 300 km sur 4 500 mètres de profondeur, d'après RTE. La ligne a donc désormais dû contourner cette difficulté en serpentant dans les terres entre les communes de Seignosse et Capbreton.

"Tout l'enjeu pour nous a été de trouver un tracé qui s'éloignait autant que possible des habitations tout en respectant l'environnement et les milieux naturels; c'est pourquoi on chemine essentiellement sous les routes et les pistes forestières", ajoutait Etienne Serres, directeur du projet Golfe de Gascogne de RTE, en 2021.

Le tracé de la future ligne électrique entre la France et l'Espagne a été validé en septembre 2021 par le ministère de la Transition écologique.

Le tracé revu sur 27 km traverse désormais cinq communes des Landes en souterrain, loin des centres urbains mais en milieu naturel, sous des pistes cyclables ou des secteurs boisés, proche de campings et de certains quartiers. Ce qui fait bondir une partie de la population locale.

Réunis au sein du collectif "Stop THT 40", des habitants militent pour que soit évaluée une troisième option : longer l'autoroute A63 jusqu'à la frontière espagnole. C'est ce que préconise le Conseil national de la protection de la nature (CNPN), mais l'option a été refusée par RTE/

Un délai et des coûts supplémentaires

Initialement, le projet devait représenter un investissement de 1,75 milliard d'euros et devait être mis en service en 2025.

RTE visait ensuite une mise en service en 2027, contre 2025 initialement. Le retard s'explique par le changement de tracé.

Les autorités de régulation de l'énergie en France et en Espagne ont annoncé en mars 2023 un accord revoyant à la hausse son coût, passant ainsi à 2,85 milliards. La mise en service est par ailleurs repoussée à 2028. Un accord entre la Comisión Nacional de los Mercados y la Competencia (CNMC) et la Commission de régulation de l'énergie (CRE) stipulait au passage la révision de la répartition du financement du projet.

Selon elles, ce surcoût s'explique en raison d'un marché "défavorable", les prix des principaux composants de ces futures liaisons ont fortement augmenté depuis, notamment pour les câbles à courant continu et pour des stations de conversion.

Selon elles, les bénéfices espérés ont eux aussi augmenté "en raison de l'évolution des prévisions de mix énergétique et de consommation électrique dans les pays européens, dans un contexte d'accélération de la transition énergétique".

Le projet Golfe de Gascogne devrait permettre de presque doubler les capacités d'échanges d'électricité entre la France et l'Espagne pour les porter à 5 000 MW, "de quoi alimenter 5 millions de foyers environ", selon RTE.

"Malgré l'augmentation des coûts du projet, due à un contexte défavorable de tension sur les marchés de matières premières, les autorités de régulation ont reconnu que ce projet était toujours porteur de bénéfices pour les deux pays et plus largement pour l'Europe", affirment la CRE et la CNMC.

La répartition des coûts entre RTE et REE est développée dans une décision publiée sur le site de la CRE et prévoit aussi des dispositions en cas d'augmentation de la subvention européenne.

Commentaires

BrigitteMB
Ne manque-t-il pas à cet article une étude sur l'utilisation de la connexion actuelle et sur ses limites éventuelles ? Car 3 milliards d'euros c'est tout de même beaucoup pour un projet qui peut-être n'intéresse pas principalement la France, alors que la subvention européenne est fort modeste, même pas le quart. Il manque aussi la répartition actuelle des coûts entre l'Espagne et la France (et l'UE) puisque selon vos termes, l'accord "a été adopté jeudi pour "revoir la répartition du financement du projet d'interconnexion électrique Golfe de Gascogne"," Mais c’est peut-être secret ?

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