- Connaissance des Énergies avec AFP
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La nouvelle stratégie du gouvernement pour l'hydrogène, attendue depuis des mois par les industriels œuvrant dans ce secteur lié à la transition énergétique de l'industrie lourde et des transports, sera détaillée la semaine prochaine, a annoncé jeudi le Premier ministre François Bayrou. Elle sera publiée le 15 avril, a précisé son entourage.
Un déplacement dédié de Marc Ferracci
"Notre stratégie nationale d'hydrogène actualisée sera détaillée par le ministre de l'Industrie (Marc Ferracci) la semaine prochaine", a annoncé François Bayrou à l'issue d'un comité interministériel de l'innovation qu'il a présidé autour de 14 ministres, au Centre Pompidou de Paris.
"Nous avons des progrès à faire sur la production d'hydrogène décarbonée. Nous avons sécurisé 0,4 gigawatt de capacités d'électrolyse pour un objectif en 2026 qui aurait dû être de 0,8 gigawatt", a indiqué le Premier ministre, sans plus de détails.
Alors que le secteur de l'hydrogène décarboné, sur lequel la France s'est positionnée très tôt, traverse une crise liée à une trop faible demande et à son prix encore beaucoup trop élevé pour être rentable, le gouvernement envisage d'annoncer des modifications de sa feuille de route, indiquait une source proche de l'exécutif mercredi à la veille de ce comité interministériel.
Cette stratégie actualisée sera donc "publiée en début de semaine prochaine" et fera l'objet dans la même semaine d'un déplacement du ministre Marc Ferracci, a indiqué son cabinet à l'AFP.
« Redonner un cap clair, ambitieux et pérenne »
La France avait publié en 2020 sa première "stratégie hydrogène", mettant sur la table 9 milliards d'euros, dont une partie issue du plan d'investissement France 2030, pour développer ex nihilo une filière industrielle de l'hydrogène décarboné, soutenue aussi par Bruxelles.
Sa priorité était alors la décarbonation de l'industrie lourde et le développement d'une filière de l'électrolyse en France, c'est-à-dire de fabricants d'électrolyseurs, les machines nécessaires pour fabriquer de l'hydrogène à partir de l'eau, afin de produire de l'hydrogène sans émettre de CO2.
Des start-up françaises d'électrolyseurs comme McPhy, Elogen ou Genvia ont vu le jour, et certaines ont même ouvert des usines, mais la demande en électrolyseurs ne suit pas du côté des usagers. Les industriels du secteur subissent un "trou d'air", y compris au niveau mondial. De nombreux projets sont retardés ou n'ont pas vu le jour.
La filière qui tente de se développer en France côté transports (bennes à ordure ou utilitaires à hydrogène..) est en attente depuis plusieurs mois de soutiens budgétaires, et d'un ajustement de la stratégie du pays.
France Hydrogène, l'organisme qui regroupe la profession, a salué jeudi une série de nouveaux projets hydrogène qui recevront un soutien public via France 2030: une usine pour Gen'Hy en Bourgogne Franche Comté destinée à la fabrication d'électrolyseurs, le projet Masshylia dans le sud, Green Lhyfe Horizon en Normandie, ainsi que quatre projets de production d'hydrogène pour la fabrication de carburants d'aviation durable au Havre (Kereauzen), à Lacq (Bio T Jet), Rouen (Dézir) et Saint-Nazaire (TakeKair) pour se conformer à l'objectif européen d'incorportation de 6% de E-SAF en 2030.
"Nous sommes toujours dans l'attente de la publication de la stratégie nationale hydrogène révisée, indispensable pour redonner un cap clair, ambitieux et pérenne sécurisant pour les industriels et les investisseurs" a déclaré Philippe Boucly, président de France Hydrogène cité dans le communiqué. Il a souhaité "un signal positif envers la mobilité routière hydrogène -lourde ou intensive-".