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Un juge fédéral du Montana a suspendu jeudi la construction de l'oléoduc géant Keystone XL, un sérieux revers pour Donald Trump qui avait relancé ce projet très décrié dès sa prise de fonctions malgré les risques qu'il fait peser sur l'environnement et les cultures autochtones. Cette décision intervient deux jours après des élections de mi-mandat mitigées pour le parti présidentiel.
Long de 1 900 km, cet oléoduc, déjà partiellement en service, est censé relier les champs pétrolifères de la province canadienne d'Alberta à l'État américain du Nebraska, pour aboutir aux raffineries du golfe du Mexique. Il est fermement combattu par les communautés autochtones des territoires qu'il traverse, inquiètes des dégâts environnementaux qu'il pourrait causer.
C'est d'ailleurs en se basant sur une analyse du département d'État américain, qui ne jugeait pas le projet "d'intérêt national pour les États-Unis" au regard des risques afférents, que Barack Obama avait décidé de bloquer la construction de Keystone XL en 2015.
Selon le juge Brian Morris, l'administration Trump a délibérément fait fi de cette analyse au moment d'autoriser la relance du projet d'oléoduc en mars 2017, peu de temps après son arrivée au pouvoir. "Une agence ne peut pas détourner les yeux d'observations factuelles faites par le passé parce qu'elles ne vont pas dans le sens souhaité", a ainsi écrit le juge fédéral. "Pour justifier son revirement, le département d'État a tout bonnement balayé d'un revers de la main des données factuelles liées au changement climatique", a-t-il poursuivi.
M. Morris a enfin accusé le département d'État de ne pas avoir suffisamment pris en compte des éléments tels que la baisse des prix du pétrole, le risque de fuite ou les gaz à effets de serre émis dans le cadre du projet. En novembre 2017, 5 000 barils de pétrole s'étaient déversés dans les plaines du Dakota du Sud, aux États-Unis, suite à une fuite sur l'oléoduc Keystone, une des branches de Keystone XL.
La suspension ordonnée par le juge Brian Morris est temporaire et impose au gouvernement américain d'examiner plus en profondeur les implications du projet sur le climat, la faune et les cultures autochtones. Mais elle s'apparente à une victoire majeure pour les défenseurs de l'environnement et les communautés amérindiennes, et à un revers de taille pour le président américain, qui avait autorisé la construction du pipeline reliant le Canada au Texas deux mois après son arrivée au pouvoir, concrétisant ainsi une promesse de campagne.
« Renoncer à cette chimère »
Donald Trump avait justifié le contournement du blocage décrété par son prédécesseur au nom de la lutte contre le réchauffement climatique par la volonté de créer des emplois et de favoriser le développement des infrastructures.
Mais les défenseurs de l'environnement et des populations amérindiennes avaient décidé en mars de poursuivre TransCanada, la société exploitant le projet, ainsi que le département d'État pour obtenir sa suspension.
"La décision rendue aujourd'hui montre clairement, et de manière irréfutable, qu'il est temps pour TransCanada de renoncer à cette chimère", a réagi jeudi Sierra Club, qui fait partie des plaignants. "L'administration Trump a essayé d'imposer ce projet d'oléoduc polluant à la population américaine, mais elle ne peut ignorer les menaces qu'il fait peser sur notre eau potable, notre climat et nos communautés", a ajouté Sierra Club.
Keystone XL, qui doit s'étirer sur 1 900 km dont 1 400 km en territoire américain, est destiné à être connecté au réseau existant d'oléoducs aux États-Unis. Le projet chiffré à 8 milliards de dollars (7 milliards d'euros) date de 2008 et devrait permettre d'acheminer quotidiennement 830 000 barils de pétrole à travers l'Alberta, le Montana, le Dakota du Sud, le Nebraska et enfin l'Oklahoma et le Texas.