Selon un sondage d'opinion publié lundi, seuls les Québécois (à 53%) seraient majoritairement opposés à la construction de Keystone XL. (©TransCanada)
Aux États-Unis, le projet d’extension de l’oléoduc Keystone suscite une vive opposition des associations écologistes. Ce projet vise à raccourcir le parcours du transport de pétrole de l’Alberta vers les raffineries du sud des États-Unis. De retards en détours, la construction de la portion XL de l’oléoduc n’est toujours pas entamée. Barack Obama doit trancher son sort sous peu. Explications.
Keystone XL, un « raccourci » de 1 897 km
Le Canada est le premier fournisseur de pétrole des États-Unis devant l’Arabie saoudite. En 2011, le voisin du nord a assuré 29% des importations américaines de brut et de produits pétroliers. La production canadienne de pétrole a augmenté de presque 50% depuis 2010, en particulier sous l’effet de l’exploitation des sables bitumineux(1). Les principales réserves de ce mélange de bitume brut, de sable, d’eau et d’argile sont situées dans l’Alberta, province frontalière des États-Unis. Depuis juin 2010, l’oléoduc baptisé « Keystone » permet de transporter une partie de ce pétrole depuis Hardisty (sud-est de l’Alberta) jusqu’aux raffineries de Patoka, dans l’État américain de l’Illinois. Près de 3 500 kilomètres de pipelines détenus par TransCanada, dont 65% sur le territoire américain, permettent ainsi d’assurer un approvisionnement en pétrole depuis le Canada.
En février 2011, une deuxième portion de 468 km a été finalisée plus au sud des États-Unis entre le sud du Nebraska et le centre de l’Oklahoma. Et un projet d’extension est toujours à l’étude, avec trois portions permettant de relier de façon plus directe l’Alberta et le sud du Texas : Keystone XL (KXL). Un investissement de près de 5,3 milliards de dollars est anticipé par TransCanada pour construire 1 897 km de pipeline. A l’étude depuis 2008, ce projet suscite cependant une vive opposition d’écologistes et de fermiers américains. En cause ? Les craintes de dégâts environnementaux engendrés par cet oléoduc et de la nature même des hydrocarbures importés.
Moratoire, détours et sondage
Face aux protestations, en particulier dans l’État du Nebraska, Barack Obama avait annoncé fin 2011 un moratoire sur la construction de Keystone XL, dans l’attente d’une étude de faisabilité. Depuis lors, le gouverneur du Nebraska a approuvé un tracé légèrement modifié du pipeline à travers son État.
D’après un sondage publié ce lundi par l’Institut Nanos, 70% des Américains et 60% des Canadiens interrogés ont une opinion "positive" ou "plutôt positive" de ce projet. Et près de ¾ des Américains interrogés souhaitent que le gouvernement approuve le projet. La principale raison avancée par l’institut de sondage est le souhait de ces personnes de réduire la dépendance énergétique de leur pays vis-à-vis de pays plus éloignés comme l’Arabie saoudite.
Côté gouvernemental, le Département d’État a remis en février 2013 une étude d’impact concluant qu’aucun motif environnemental ou économique ne saurait empêcher la construction de Keystone XL. L’agence américaine de protection de l’environnement (EPA) a vivement critiqué cette étude et demandé des approfondissements. Les yeux sont désormais rivés vers la Maison Blanche où Barack Obama se trouve confronté à deux alternatives :
- autoriser la construction de Keystone XL en privilégiant l’aspect géopolitique (vis-à-vis du Canada) tout en facilitant la production future et le transport d’autres types de pétroles « non conventionnels » à grande échelle (par exemple d’huiles de réservoir compact et d’huiles de schiste) ;
- s’y opposer en se rangeant du côté des militants écologistes.
Keystone XL aurait une capacité de transport de 830 000 barils de pétrole par jour, soit l'équivalent de près d'un dixième de la production américaine quotidienne. Selon les partisans de ce projet, sa mise en service pourrait permettre de réduire de 40% la dépendance américaine aux importations provenant du Venezuela et du Moyen-Orient. En cas de permis présidentiel, Keystone XL pourrait selon TransCanada être opérationnel à l’horizon 2015.
Oléoduc Keystone existant et portions en projet (©TransCanada)