2012 : une année pleine d'énergie

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Bilan énergétique 2012

La place du nucléaire dans le futur mix électrique français a été fréquemment débattue en 2012. Le Président prévoit de fermer la centrale de Fessenheim fin 2016. (© photo)

Les problématiques énergétiques ont marqué l’année 2012. En témoigne l’amorce d’un débat sur la transition énergétique dont les discussions doivent aborder un large éventail de questions : développement des renouvelables et des hydrocarbures non conventionnels, place du nucléaire dans le mix électrique, efficacité énergétique, prix des énergies, etc. En attendant 2013, Connaissance des Énergies retrace la chronologie des grandes actualités de l’année écoulée.

Janvier 2012 : tensions diplomatiques avec l’Iran

L’Iran annonce (le 2 janvier) avoir utilisé pour la première fois du combustible nucléaire produit localement pour alimenter son réacteur de recherche de Téhéran. Un embargo sur le pétrole brut iranien est mis en place par les États-Unis et l’Union européenne. En France, l’ASN estime (le 3) que les 79 installations nucléaires examinées dans l’hexagone présentent un niveau de sûreté ne justifiant pas d’arrêt immédiat mais elle impose des dispositions supplémentaires dont le coût s’élèverait à 10 milliards d’euros selon EDF. La Cour des Comptes présente (le 31) un rapport sur les coûts de production de la filière électronucléaire, estimant que ceux-ci pourraient augmenter de 10 à 15% d’ici à 2025 en raison de la hausse des investissements de maintenance. La raffinerie de Petit-Couronne, dont l’activité de raffinage est interrompue, est placée en redressement judiciaire (le 25) après l’annonce de Petroplus de sa prochaine mise en faillite.

Février 2012 : remise du rapport « Énergies 2050 »

L’appel de puissance électrique atteint en France un niveau record de 100 500 MW (le 8 à 19h). Commandé à l’automne 2011, le rapport « Énergies 2050 » est dévoilé (le 13) par Jacques Percebois et Claude Mandil. Il préconise entre autres la prolongation du parc nucléaire au-delà de 40 ans au regard des implications en termes de coûts de production électrique, d’émissions de CO2 ou encore d’emploi. Placée en redressement judiciaire depuis novembre 2011, la société de fabrication de panneaux photovoltaïques Photowatt est reprise par EDF ENR (le 21).

Mars 2012 : fuite de gaz sur le champ d’Elgin

Les tarifs sociaux de l’électricité et du gaz sont officiellement automatisés  (le 7) pour tous les allocataires de la couverture maladie universelle complémentaire. Les énergies « décarbonnées » sont mises en avant à travers la création de 7 Instituts d’excellence dédiés (le 16) et l’annonce d’un grand appel d’offres sur l’énergie hydrolienne (le 19) d’ici deux ans. Le rapport complémentaire d’une mission interministérielle (CGEIET/CGEDD) sur les hydrocarbures de roche-mère en France (rendu public le 22) préconise une évaluation de ces ressources dans le sous-sol français. En Écosse, une fuite de gaz est découverte (le 25) sur la plateforme du champ gazier d’Elgin exploitée par Total. La fuite est localisée à 4 000 m de profondeur, une zone d’exclusion maritime et aérienne est mise en place.

Avril 2012 : résultats du 1er appel d’offres sur l’éolien offshore

Les résultats du 1er appel d’offres pour le développement de parcs éolien offshore en France sont annoncés (le 6) : le consortium mené par EDF EN remporte 3 des 4 sites finalement attribués, le projet du Tréport ayant été déclaré « sans suite ». En Argentine, la société pétrolière YPF est partiellement expropriée (le 16). L’État argentin invoque un manque d’investissements et devient actionnaire majoritaire de la filiale du groupe espagnol. En Ukraine, les travaux d’assemblage d’un nouveau sarcophage devant recouvrir le réacteur 4 de la centrale de Tchernobyl sont officiellement lancés, 26 ans après l’accident.

Mai 2012 : élection de François Hollande

François Hollande est élu président de la République (le 6). Dans son programme, il s’est notamment engagé à réduire la part du nucléaire dans le mix électrique français de 75% à 50% d’ici à 2025, à fermer la centrale de Fessenheim pendant le quinquennatet à bloquer les prix des carburants pendant 3 mois. Dix jours plus tard, Nicole Bricq est nommée ministre en charge de l’énergie.

Juin 2012 : suspension des permis de forages exploratoires

Nicole Bricq annonce la suspension de tous les permis de forages exploratoires d’hydrocarbures dans l’attente de la refonte du code minier (le 13). Cette décision suspend notamment la campagne d’exploration pétrolière de Shell en Guyane qui reprend à la fin du mois. Delphine Batho remplace Nicole Bricq dans le gouvernement Ayrault 2 (le 21).

Juillet 2012 : remise du rapport sur l’accident de Fukushima

Le plan de soutien à la filière automobile française (présenté le 25) renforce notamment les bonus lors de l’acquisition de véhicules électriques, hybrides ou véhicules à moteur thermique faiblement émetteurs de CO2 afin d’en soutenir le développement. Au Japon, un comité d’ingénieurs, de chercheurs et de juristes rend son rapport final sur l’accident de Fukushima Daiichi (le 23), plus de 16 mois après la catastrophe naturelle ayant touché la centrale. Les responsabilités de l’agence de sûreté nucléaire (NISA) et surtout de l’opérateur Tepco y sont soulignées. En Inde, une panne d’électricité géante touche l’ensemble du nord de l’Inde (dans la nuit du 29 au 30), affectant près de 370 millions d’habitants.

Août 2012 : baisse des prix des carburants

Suite à l’annulation par le Conseil d’État du gel tarifaire entre le 1er octobre 2011 et le 1er janvier 2012, GDF Suez annonce la facturation de 290 millions d’euros à ses clients (le 2). Cette facturation atteindra en moyenne 38 euros pour chaque client chauffé au gaz. Fin août, une baisse des prix des carburants à la pompe de 4 à 6 centimes d’euro par litre est annoncée : 3 centimes proviendront d’une baisse des taxes et 1 à 3 centimes d’un effort des opérateurs de la filière. La baisse des taxes, maintenue jusqu’à la fin du mois de novembre, aurait représenté un manque à gagner de plus de 450 millions d’euros pour l’État. En Australie, la société Santos annonce (le 17) la future exploitation commerciale des gaz de schiste, suite à des forages exploratoires effectués dans le gisement de Moomba dans le centre-est du pays. En Arctique, Gazprom annonce le gel du projet gazier Shtokman pour réévaluer les coûts liés à l'exploitation de cet immense gisement offshore.

Septembre 2012 : tenue de la conférence environnementale

La conférence environnementale (du 14 au 15) aborde les modalités du débat de la transition énergétique en accordant une attention particulières aux problématiques d’efficacité et de sobriété énergétiques. Une feuille de route, synthétisant les échanges lors de cette conférence, est publiée.

Octobre 2012 : rejet de la loi sur la tarification progressive

La proposition de loi « visant à préparer la transition vers un système énergétique sobre » et instaurant une tarification progressive de l’énergie est adoptée (le 5) à l’Assemblée nationale, dans des circonstances mouvementées. Elle est rejetée à  la fin du mois au Sénat. Une commission mixte paritaire, constituée de 7 sénateurs et de 7 députés, est en charge de trouver un accord satisfaisant les deux assemblées.

Novembre 2012 : relance du débat sur l’exploitation des gaz de schiste

Un rapport sur la compétitivité de l’industrie française est remis par Louis Gallois (le 5), une semaine après l’envoi d’une lettre des dirigeants de grandes entreprises françaises au Président appelant à explorer et d’exploiter les gaz de schiste. Il suggère également parmi ses 22 propositions de mener des recherches sur les techniques d’exploitation de ces hydrocarbures de roche-mère. Le décret autorisant la création de l’installation nucléaire « ITER » est publié au journal officiel (le 10),  le premier plasma issu de son tokamak est envisagé en novembre 2020. De son côté, l’AIE présente son World Energy Outlook dans lequel elle envisage une hausse potentielle d’un tiers de la consommation mondiale d’énergie primaire d’ici à 2035. Elle prévoit une forte hausse de la production de pétrole aux États-Unis (dont le niveau dépasserait celui de l’Arabie Saoudite en 2030) et de l’Irak.

Décembre 2012 : poursuite du débat sur la transition énergétique

Après deux semaines de négociations, la COP 18 de Doha aboutit à un accord se limitant à la prolongation de la période d’engagement du protocole de Kyoto. L’accord global pour lutter contre le réchauffement climatique, dont le principe avait été acté l’an dernier, reste à préciser. Officiellement ouvert à la fin du mois de novembre, le débat sur la transition énergétique se prolonge avec la 2e réunion du Conseil national (le 13). Les deux premières réunions se sont concentrées sur les modalités organisationnelles du débat, les questions de fond seront abordées à partir de début 2013.

 

Cette chronologie est non exhaustive et retrace quelques grandes actualités retenues par la rédaction de Connaissance des Énergies.

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