A Grigny, les tiges de 9 mètres de long ici visibles sont ajoutées au fur et à mesure de la progression du forage des puits géothermiques. (©MD)
L’Ademe a organisé la semaine dernière en Île-de-France la 2e édition de ses « visites climat » autour d’installations phares de la transition énergétique dans la région(1) : site de méthanisation de biodéchets, école « à énergie positive », puits de géothermie, etc. Présentation de deux des dix sites visités cette année.
Un puits de géothermie à Grigny en Essonne
A proximité du quartier populaire de Grigny 2 s’élève actuellement une installation d’une quarantaine de mètres de haut. Il s’agit de la tête d’un puits géothermique dont le forage a commencé le 15 septembre dernier(2). Ce projet vise à exploiter la chaleur du Dogger, aquifère calcaire profond du Bassin parisien, en récupérant de l’eau à 1 700 m de profondeur à une température d’environ 71°C.
Selon le principe du « doublet géothermique », deux puits, distants de 10 mètres en surface, sont forés. Un puits de production permettra de puiser jusqu’à 300 m3 d’eau chaude par heure. Les calories seront récupérées en surface au sein d’échangeurs de chaleur et transmises à un réseau de chaleur urbain(3). L'intégralité de l’eau refroidie sera réinjectée en profondeur via un second puits. Les deux puits sont forés verticalement jusqu’à 450 m de profondeur puis sont déviés afin qu’un écart de 1 200 mètres les sépare à leur extrémités (pour limiter les échanges de chaleur entre les eaux prélevées et réinjectées).
A l’hiver 2017, une production de chaleur de 93 GWh est attendue par la Société d’Exploitation des Énergies Renouvelables (SEER) Grigny Viry-Châtillon(4), soit de quoi répondre aux besoins en chaleur et eau sanitaire de 9 800 « équivalents logements ». Le projet, d’un coût total avoisinant 29,1 millions d’euros, a bénéficié de près de 40% de subventions publiques(5). Pour les habitants de Grigny 2, une diminution sensible des factures énergétiques est attendue (de l’ordre de 25%). Le réseau de chaleur urbain devrait être alimenté à hauteur de 70% par la chaleur fournie via la géothermie pendant 30 ans, le reste étant fourni par des chaudières à gaz.
Mi-octobre, le forage géothermique de Grigny avait déjà atteint une profondeur de 710 m. (©MD)
La chaufferie biomasse de Sevran en Seine-Saint-Denis
Inaugurée fin 2015 avant la COP21, la chaufferie biomasse de Sevran exploitée par Dalkia alimente en chauffage et en eau chaude sanitaire un réseau de chaleur qui dessert près de 13 000 habitants des communes de Sevran et d’Aulnay-sous-Bois(6). Elle est constituée de deux chaudières de 3,75 MW thermiques chacune.
Chaque année, il est prévu d’alimenter cette chaufferie avec près de 17 000 tonnes de bois énergie, ce qui nécessite un approvisionnement quotidien pouvant mobiliser jusqu’à 4 camions de 90 m3. La biomasse, principalement des plaquettes forestières mais aussi du bois d’élagage ou de recyclage, est prélevée dans un rayon de 80 km autour de la centrale. Sa granulométrie et son humidité(7) sont contrôlées lors de la réception à la chaufferie. Sur place, un silo de stockage permet de stocker 1 100 m3 de biomasse, soit de quoi couvrir 4 jours des besoins de la chaufferie.
Le coût total de ce projet a atteint 6,4 millions d’euros dont 448 000 euros ont été financés par l’Ademe Île-de-France. Les factures énergétiques des Sevranais (qui bénéficient d’un taux de TVA réduit à 5,5%) auraient été réduites de 12%. Cette chaufferie biomasse permettrait par ailleurs d’éviter l’émission de 12 000 tonnes de CO2 par an par rapport à la chaufferie préexistante(8) selon Dalkia.
Foyer d’une des deux chaudières de la chaufferie biomasse de Sevran (©MD)